Defence Review: les Britanniques entre comptes et contes

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Le gouvernement travailliste a publié lundi sa nouvelle stratégie de défense, qui définit les menaces auxquelles fait face le Royaume-Uni et détaille comment le gouvernement entend s’y préparer sur le plan militaire.

Dès dimanche, Keir Starmer, le Premier ministre, et son ministre de la Défense, avaient donné le ton. « Nous allons rétablir la capacité de combat du Royaume-Uni comme objectif central de nos forces armées », a déclaré le chef du gouvernement dans une tribune publiée dans le tabloïd The Sun. Cette nouvelle stratégie de défense est « un message à destination de Moscou », a clairement ajouté dimanche sur la BBC le ministre de la Défense John Healey, évoquant la menace « croissante » posée par la Russie depuis son invasion de l’Ukraine en 2022.

En déplacement lundi à Glasgow, en Écosse, le Premier ministre a détaillé sa stratégie pour faire du Royaume-Uni une nation « prête au combat » et « équipée pour les décennies à venir ». « La menace à laquelle nous faisons face aujourd’hui est plus grave, plus immédiate et plus imprévisible que jamais depuis la Guerre froide », a-t-il déclaré. « Nous sommes confrontés à une guerre en Europe, à de nouveaux risques nucléaires, à des cyberattaques quotidiennes, à une agression croissante de la Russie dans nos eaux, qui menace (aussi) notre espace aérien ».

Parmi les mesures phares annoncées, la construction de jusqu’à 12 sous-marins à propulsion nucléaire dotés d’armes conventionnelles, dans le cadre de l’alliance militaire Aukus, avec les Etats-Unis et l’Australie. Ces derniers remplaceront la flotte actuelle du Royaume-Uni dès la fin des années 2030. Pour l’instant cette flotte est constituée de sept sous-marins de ce type.

Keir Starmer a également confirmé que le Royaume-Uni dépenserait 15 milliards de livres sterling (17,7 milliards d’euros) pour son programme d’ogives nucléaires. Cette annonce s’inscrit dans « le renforcement de notre dissuasion nucléaire en tant que garant ultime de notre sécurité et de notre sûreté », a-t-il ajouté.

Parallèlement, il a annoncé la création de six nouvelles usines de munitions, devant créer quelques 1000 emplois. Cela portera à 6 milliards de livres le budget alloué aux munitions durant cette législature.

Pour consulter The Strategic Defence Review 2025 – Making Britain Safer: secure at home, strong abroad. A root-and-branch review of UK Defence, cliquer ici.

Comptes et contes
L’addition est lourde, très lourde pour une économie sinistrée. Les seules dépenses consacrées aux programmes d’armes nucléaires s’élèveront à « plus de 100 milliards de livres sterling » pour les 10 prochaines années. Il va donc falloir augmenter la part du PIB consacrée à la Défense, une vieille exigence américaine. Or, rien ne prouve que le Royaume-Uni acceptera la demande US de passer le seuil des 5%, voire tout simplement celui des 3,5% que l’Otan a accepté officieusement!

Visiblement, l’effort consenti par Londres permettra d’atteindre la barre de 3% (la phrase exacte tirée des documents qui accompagnent la Revue disent: « increase defence spending to 2.5% of GDP by 2027 and 3% in the next Parliament when fiscal and economic conditions allow« . Mais le secrétaire à la Défense, John Healey, a été contraint de préciser que même s’il n’a « aucun doute » sur le fait que le gouvernement portera le budget de la défense à 3 % du revenu national d’ici 2034, il n’y a pas réellement d’engagement solide du Trésor, et que cela ne reste qu’une « ambition ».

Les comptes britanniques, comme les tuniques, sont dans le rouge. Et le gouvernement travailliste a confondu la Revue de défense et un livre de contes.