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J’ai toujours eu une satisfaction que mon père, alsacien, soit en Indochine durant la Seconde Guerre mondiale et porte le képi blanc. Qu’il ait échappé à l’annexion de sa terre par les nazis et probablement à l’incorporation de force dans l’armée allemande.

Ils furent 134 000 à l’être. 103 000 Alsaciens et 31 000 Mosellans. Un sujet toujours incandescent. Le président de la République a rendu hommage, ce matin, à ces hommes et ces femmes, ces « malgré-nous » en inaugurant une plaque commémorative aux Invalides.

Histoire des « malgré-nous »

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L’homme de cette intégration dans les forces allemandes s’appelle Robert Wagner. La gauleiter Wagner qui s’était engagé de germaniser l’Alsace* auprès de son maître, Hitler. Un homme tout puissant qui à partir du 7 août 1940 a pouvoir de vie et de mort sur les Alsaciens. Ce nazi « historique » considère que l’intégration des Alsaciens dans le Reich devait notamment s’opérer par le service militaire. C’est son obsession. Alors dès l’automne 40, il est fait appel au volontariat. Un échec. Dans sa biographie de « Wagner, le bourreau de l’Alsace »** l’historien Jean-Laurent Vonau détaille qu’au 17 novembre 1941 il n’y avait eu que « 185 volontaires pour la Wehrmacht, 322 pour la Waffen SS, 731 pour la Hilfspolizei (police auxiliaire). »

L’intégration de force
En mars 42, Wagner fait réaliser le recensement de tous les Alsaciens de plus de 18 ans. Et cherche à obtenir l’accord de ses supérieurs pour arriver à ses desseins. Le 25 août 1942, il l’obtient. Une ordonnance d’incorporation de force dans la Wehrmacht ou surtout la Waffen SS est publiée. Des jeunes gens ont pris les devants et quitté l’Alsace. Début 1943, 13 d’entre eux, qui ont tué un garde-frontière allemand, sont fusillés.
La majorité est envoyée sur le front russe, mais aussi dans les Balkans, en Italie ou en Normandie. En Alsace, certains hommes mobilisés entre février et mai 1944 sont versés directement dans les Waffen SS. 30 000 trouveront la mort, sont portés disparus ou mourront en détention.

Oradour
« Se considérant comme les premières victimes de la guerre, ils (les malgré-nous) souffrent d’un profond sentiment d’incompréhension, explique l’historienne Julie Le Gac. Ce dernier se transforme en sentiment d’injustice au cours du procès de Bordeaux de janvier 1953, qui juge les membres identifiés de la division Waffen SS Das Reich ayant participé au massacre d’Oradour-sur-Glane du 10 juin 1944. » 14 malgré- nous sont à la barre.

L’un d’eux, volontaire, est condamné à mort, les autres le sont le 11 février 1953, à des peines de travaux forcés.

L’opinion publique française se divise alors et, face aux demandes de réhabilitation, le Parlement vote en urgence, le 21 février, une loi amnistiant les malgré-nous de la division Das Reich.


Le geste du chef de l’Etat accompli ce matin, était attendu depuis longtemps en Alsace-Moselle.

La mémoire de ces hommes et de ces femmes,souvent accusés après-guerre d'avoir trahi, est durablement restée tabou. Et le dossier demeure lourd.

*Pour la Moselle également annexée, son homologue s’appelle Joseph Bürckel
**Editions La nuée bleue, 2011

Illustration : monument aux morts de Wintzenheim (Haut-Rhin). Le monument sans nom permet de ne pas choisir et de n’oublier personne. ©CUEJ.
 
PS. Je me permets de rajouter cet extrait d'article pour mieux comprendre la tragédie des "Malgré nous".

A Bad Reichen­hall, le matin même de l’af­faire et entre deux dépla­ce­ments vers Berch­tes­ga­den ou l’Ober­salz­berg, le géné­ral Leclerc s’est entre­tenu près de son PC avec les prison­niers trans­por­tés là à cette fin. En témoignent les photos prises par un repor­ter du service cinéma des armées, Henri Malin, présent sur place. L’on y dénombre bien 12 hommes. Mais ces clichés irri­te­ront fort le géné­ral, comme le photo­graphe l’a rapporté à Jean Chris­tophe Notin, auteur d’un biogra­phie : « Leclerc ». Il est attesté que l’in­ter­ro­ga­toire auquel se livra le géné­ral se déroula assez calme­ment. Toute­fois, l’un des prison­niers, à qui il repro­chait de porter l’uni­forme alle­mand, lui rétorqua qu’il se trou­vait bien lui-même en uniforme améri­cain ! Selon les témoins, cette reproche eut le don de l’exas­pé­rer.

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Peut-être Leclerc était-il égale­ment excédé ce jour-là, tant par l’ordre impé­ra­tif d’éva­cuer la région donné par ses supé­rieurs améri­cains, que par leurs remon­trances quant aux pillages immo­dé­rés impu­tables aux troupes françaises. Et puis le carac­tère aussi passionné qu’im­pi­toyable de ce croisé, engagé corps et âmes dans une impi­toyable guerre civile dès 1940 en AEF, ne pouvait qu’être aiguillonné à la vue de ces compa­triotes en tenue enne­mie, les tout premiers que ses hommes et lui rencon­traient depuis leur arri­vée en Alle­magne, moins de quinze jours aupa­ra­vant. Igno­rait-il que le gouver­ne­ment du maré­chal Pétain avait léga­le­ment auto­risé leur enrô­le­ment ? Une circons­tance néces­sai­re­ment aggra­vante à ses yeux, sans nul doute.

Payés pour savoir de quelle façon l’épu­ra­tion s’était dérou­lée en France à l’été et à l’au­tomne précé­dent, les soldats de la 2° DB étaient de toute façons prêts, dans leur majo­rité, à consi­dé­rer comme normale toute solu­tion extrême. Quoique, comme le rapporte encore le père Gaume, certains de ceux qui procé­dèrent à l’exé­cu­tion aient mani­fes­tés ouver­te­ment leur répu­gnance à exécu­ter l’ordre qui leur avait été donné.

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Ya Rab Yeshua.

Posté(e) (modifié)
Il y a 20 heures, BTX a dit :
PS. Je me permets de rajouter cet extrait d'article pour mieux comprendre la tragédie des "Malgré nous".

A Bad Reichen­hall, le matin même de l’af­faire et entre deux dépla­ce­ments vers Berch­tes­ga­den ou l’Ober­salz­berg, le géné­ral Leclerc s’est entre­tenu près de son PC avec les prison­niers trans­por­tés là à cette fin. En témoignent les photos prises par un repor­ter du service cinéma des armées, Henri Malin, présent sur place. L’on y dénombre bien 12 hommes. Mais ces clichés irri­te­ront fort le géné­ral, comme le photo­graphe l’a rapporté à Jean Chris­tophe Notin, auteur d’un biogra­phie : « Leclerc ». Il est attesté que l’in­ter­ro­ga­toire auquel se livra le géné­ral se déroula assez calme­ment. Toute­fois, l’un des prison­niers, à qui il repro­chait de porter l’uni­forme alle­mand, lui rétorqua qu’il se trou­vait bien lui-même en uniforme améri­cain ! Selon les témoins, cette reproche eut le don de l’exas­pé­rer.


Bonjour BTX

Une petite rectification est à faire

Il ne s'agissait pas de malgré-nous à Bad Reichenhall , mais de volontaires de l'ancienne LVF (Légion des Volontaires Français) engagés dans la Waffen-SS  sous les ordres du  SS-Obersturmbannführer Hersche (Bataillon Hersche).

( Voir MABIRE Jean,  Mourir à Berlin,Fayard  ,1975)

Le père Fouquet, l'ancien aumônier de la 2e DB témoigne

Citation

"L'ordre de l'exécution fut donné à l'état-major de la division par un officier dont j'ignore le nom suite à un coup de téléphone avec le général Leclerc. Les membres de la "Charlemagne" ayant eu une attitude particulièrement arrogante envers un officier qui leur avait reproché d'avoir mis l'uniforme des "boches", ils lui répondirent que celui-ci se sentait lui aussi bien dans l'uniforme des Américains ! Selon le complément d'enquête se trouvaient parmi les douze prisonniers certains qui venaient de l’hôpital ; une photo permet d'identifier la fiche d'évacuation qui selon l'usage dans la Wehrmacht était fixée à la boutonnière. Ils s'étaient rendus sans combattre aux Américains qui les enfermèrent avec d'autres prisonniers allemands dans la caserne des chasseurs alpins de Bad Reichenall. Ayant appris que leurs gardiens devaient être remplacés par des troupes françaises, ils décidèrent de s’évader ; ils réussirent en traversant la clôture de la caserne et à se réfugier dans un bois à proximité, mais leur évasion fut découverte et ils furent peu après encerclés par deux compagnies de la 2ème DB et ramenés sous bonne escorte l'après-midi. Le 8 mai ils furent transportés par camion à Karlstein, c'est-à-dire sur la route qui mène à Kugelbach. Quand ils surent qu'on s'apprêtait à leur tirer dans le dos, ils protestèrent énergiquement. Ils eurent le droit de se mettre debout et face au peloton d'exécution. Les cadavres restèrent effectivement sur place et ne furent enterrés que trois jours plus tard par des soldats américains. Un prêtre militaire américain était présent à cette occasion et bénit les morts. Aussitôt on planta sur les tombes des croix de bois avec les noms des fusillés. Ces noms disparurent par la suite"


Mon mémoire porte sur ces volontaires français  ( différents des malgré nous car ils étaient volontaires pour l'uniforme) et je parle de cet incident dedans 

Respectueusement  
Louis.

Edit , l'un des soldats porte un calot mdle 1934 avec un aigle de la Waffen-SS sur la photo, et d'autres des casquettes mdle 1943 à un seul bouton (fabrication pour la SS également).
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Modifié par Loulounug
rajout image
Posté(e)

Je n'ai pas du tout le même sentiment. Car je crois que l'affaire est plus complexe et en cela, à mon humble avis, réside le drame des "Malgré-nous".

Extrait :

Quelques précisions sur les débats :

1) Quel choix avaient ils ? Aucun choix possible à partir du moment où l'incorporation de force est accompagnée par une loi dite "Sippenhaftung ": traduire "responsabilité du clan" : peine qui pèse sur la famille d'un criminel (et notamment d'un déserteur). Le 20 aout 1943 celle ci précise la peine : déportation/transfert pour toute famille de déserteur, celle ci est durcie le 1er octobre 1943. Déserter et donc  condamner sa famille ?

2) Pourquoi les Alsaciens ? L'état major de l'armée (différent de la Waffen et souvent en désaccord avec Hitler) avant 1943 était opposé à incorporer les Alsaciens jugés peu fiables et trop francophiles. Une grande responsabilité incombe au Gauleiter Wagner qui promet l'incorporation directement à Hitler.


3 ) Les Alsaciens, des Allemands comme les autres ? Bien au contraire, dans les unités ils sont clairement identifiés : les Alsaciens étaient stigmatisés dans les unités. Cf le 19 juin 1943 : "Dispositions spéciales du haut commandement allemand à l’égard des Alsaciens mobilisés (suppression des permissions, emploi exclusif sur le front de l’est, interdiction d’accéder aux services de transmission et à l’aviation)."  En outre, pas d'avancement possible. Brimades. Etc. 

4) Quel moyen de fuite ou d'évitement ? Faux certificats médicaux (le service sanitaire allemand note un nombre élevé de recalés pour raisons médicales (et oui, ils ont reçu nombre de fausses radios de tuberculose, ...), qu'ils imputent "aux mauvaises conditions d'hygiène imposés aux alsaciens par la France durant "l'occupation" 1919-1940"). Volontariat pour la Kriegsmarine : une surreprésentation d'Alsaciens "volontaires" dans la Kriegsmarine, démontré par Jean Noel Grandhomme : la stratégie était de s'y porter volontaire au moment de l'incorporation ou de dévancer de peu l'incorporation, pour éviter de tomber par défaut dans une autre arme, sur la supposition (malheureusement erronée ensuite) que la marine offrait des postes loin du front. 

5) On parle d'incorporation, mais il faut y distinguer 3 niveaux mis en place progressivement :
- les jeunes (jeunesses hitlériennes - puis à la fin de la guerre, tout le personnel en âge de se battre ayant été envoyé au front, réutilisé en tant que servant de batteries de DCA et servant à la protection civile (pompiers, auxiliaires sanitaires, ...) . C'est ainsi que nombre d'adolescents dès 13 ans se retrouvaient à manier les armes antiaériennes ou déblayer des décombres de bombardements la nuit et à aller "normalement" à l'école la journée. Souvent proche de leur domicile pour les citadins, mais on en retrouve aussi envoyés à des centaines de km de chez eux au coeur de l'Allemagne. 
- le RAD (service de "travail", différent du STO, puisque sous cette appellation il s'agit d'une pré-instruction militaire et d'embrigadement, puis petit à petit de fournir des services arrière à l'armée) mis en  place dès juin 1941, aussi pour les femmes !
- Puis enfin le service militaire (aout 1942).

6) à propos des Alsaciens dans la Waffen SS : la responsabilité du Gauleiter Wagner a été établie. C'est le seul Gauleiter d'Europe a avoir eu un accord direct avec Himmler fin 1943 pour fournir prioritairement à la Waffen des portions entières de classes d'ages mobilisées (de force) : en l'occurence la moitié de la classe 1926 (qui comptera 60% de pertes) est incorporée d’office dans la Waffen SS en février 1944 (qui quant à elle a assoupli largement ses critères physiques). La proportion est encore plus importante pour la classe 1927( chiffre ?) - 

doncpenser "tous les Alsaciens dans la Waffen SS" est erroné. Sur l'ensemble des classes d'âge la majorité fût versée dans l'armée de terre. 

7 ) à propos des "volontaires" : Il y a très peu d'Alsaciens (au sens "né français en Alsace avant guerre")  identifiés comme s'étant portés volontaire avant 08/1942. La plupart des volontaires "alsaciens" sont en fait des Allemands de souches arrivés en Alsace lors de l'annexion en 1940-1941 (fonctionnaires, fils de, ...) et qui s'engagent ensuite dans un bureau de recrutement situé en Alsace. Le nombre de volontaires explose toutefois après le décret d'incorporation de force d'aout 1942 (ce qui est donc surprenant ! pourquoi des volontaires après le décret d'incorporation ?) : ceci s'explique par la stratégie du 4) et clairement par des engagements "forcés". Ceux qui ont signés sont connus, mais impossible de démontrer individuellement la "motivation" qui a conduit à la signature, que ce soit dans un sens (évitement) ou dans un autre (pressions,...) ".

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Ya Rab Yeshua.

Posté(e)

il y a un livre autobiographique que j'avais beaucoup aimé même si controversé dont l'auteur, décédé il y a peu de temps, racontait sa vie.

Il s'agit de "soldat oublié" de Guy Sajer (devenu auteur de bandes dessinées)

Une vieille dame, strabourgeoise, me disait que ses grands parents, nés à la fin du 19ème siècle parlaient un allemand parfait car ils n'avaient connu que l'école allemande et que à contrario son frère avait le latin en haine car le professeur était un militaire allemand qui faisait les cours avec son revolver à la ceinture!!!!

j'ai rencontré longuement à Strabourg un monsieur Zi........ancien malgré nous grand amateur de pot de Edelswicker qui était caporal dans l'armée allemande

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Posté(e)
Il y a 1 heure, papamili a dit :

j'ai rencontré longuement à Strabourg un monsieur Zi........ancien malgré nous grand amateur de pot de Edelswicker qui était caporal dans l'armée allemande

je le rend compte que c'est inutile si je n'explique pas le contexte et c'est trop compliqué

 

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