Bonjour,
Récemment inscrit sur le site, je tiens à remercier l’ensemble des contributeurs sur les différents sujets qui permettent à des personnes comme moi de trouver des réponses et de comprendre le fonctionnement de l’institution.
Ayant un projet d’engagement en tant qu’OSC encadrement avec pour premier choix l’infanterie, j’aimerai pouvoir bénéficier de votre perspective vu le contexte spécifique qui est le miens.
Pour ce faire, je vous propose de faire un rapide retour sur mes motivations pour rejoindre, mon parcours et ma situation actuelle puis d’aborder les différents questionnements sur lesquels vos retours me seraient très utile.
Mes motivations
L’envie de servir au sein de l’armée de terre est apparu dès le collège. J’ai toujours été attiré par cet environnement du fait :
De la forte cohésion qu’il requiert entre ses membres et dont l’officier est le garant
Des problématiques humaines, techniques ou organisationnelles auxquelles on est confronté
Des savoirs faire et savoirs être, issues d’une longue tradition, qui font des officiers de l’armée de terre des personnalités aux profils particuliers
Du sens que l’on trouve à servir les armes de son pays
A ceci s’ajoute deux questions auquel j’ai toujours voulu pouvoir répondre :
Quel serait mon comportement face au feu ?
Ai-je le profil adéquat pour commander (et non pas manager) dans une situation de crise ?
Mon parcours
Cette réflexion, ancienne vous l’aurez compris, m’a à l’époque amené à échanger avec les militaires que j’ai pu rencontrer. Outre la confirmation que l’on grandit rapidement au sein de l’institution, ces militaires m’ont expliqué qu’il y a souvent deux types de profils : Ceux qui rejoignent l’armée sans idée précise, trouvant en son sein une boîte à outils qui leur permet de développer des compétences à l’intérieur d’un cadre structurant, ceux qui rejoignent avec une idée précise du parcours qu’il souhaite vivre.
J’ai, à l’époque, eu le sentiment d’appartenir au deuxième groupe et progressivement définis ce que je voulais faire et identifié le chemin à parcourir. Très sportif et attiré par le renseignement, je souhaitais devenir parachutiste et pris la décision de me présenter aux tests de sélection du 13e RDP.
Ces militaires m’avaient également fortement conseillé de prendre le temps d’un cursus universitaire, afin d’obtenir des diplômes. Les bénéfices étaient triples :
S’assurer d’avoir un diplôme me permettant d’être employable dans le civil dans le cas où l’expérience militaire s’arrêtait pour une quelconque raison
Influencer la grille salariale (ça ne mange pas de pain)
Développer des compétences utiles au 13e RDP pour maximiser mes chances d’incorporation
J’avais un parcours clair en tête avec une orientation universitaire en LEA pour apprendre l’arabe et perfectionner un anglais déjà avancé (TOEIC 980), réaliser une préparation militaire pour s’assurer de l’adéquation entre mon profil et les besoins du régiment.
Malheureusement, un an avant, ma vue a baissé et je suis devenue astigmate… inopérable.
Ce fût une forte déception, qui influença fortement mon orientation post bac (master en finance) et m’amena à quitter la France pour vivre au Canada.
C’est depuis ce pays que j’ai tenté d’identifier si d’autres voies auraient pu m’intéresser et que j’ai découvert les filières OSC-E. L’OSC-S finance ne m’attirant pas tellement et la filière renseignement semblant nécessiter des compétences techniques que je n’ai pas.
Ma conjointe souhaitant rentrer en France, l’idée s’est affirmée et m’a amené à rencontrer les personnels du CIRFA quelque temps après mon retour pour leur exposer mon projet.
Ma situation actuelle
J’ai désormais 30 ans et aurait 31 ans lors de mon incorporation. J’ai récupéré un dossier d’OSC encadrement avec infanterie comme premier choix.
Cette orientation amènerait des bouleversements sensibles dont j’ai conscience :
Division par (au moins) deux de mon salaire
Distance alors que nous souhaitons avoir des enfants prochainement
Une certaine prise de risque concernant un métier qui m’attire mais dont je n’ai aucune garantie d’avoir le profil adéquat pour intéresser l’armée de terre
Mon objectif serait donc de réaliser une préparation militaire afin de valider mon intérêt sur la base d’une expérience concrète puis de tenter de passer l’ensemble du processus de sélection dans l’objectif de faire carrière en essayant soit d’être activé soit, et j’ai conscience que c’est un véritable défi, de réussir l’école de guerre et de rejoindre un état-major dans une deuxième partie de carrière.
Questionnement
Malheureusement ou heureusement, c’est selon, on ne réfléchit plus à 30 ans comme on le fait à 20 ans. En effet, je ne peux sans doute pas me permettre de me retrouver « sans rien » à 38 ans avec femme et enfants… La France, contrairement au Canada, ne valorisant pas franchement les parcours « exotiques » et en particulier les passages militaires sauf pour les généraux (voir le nombre d’osc-e au chômage un an après leur départ, idée confirmée par un RH de ma boîte qui m’a dit texto « je jette ce genre de CV sans même les regarder »). Ainsi, différentes questions se posent pour lesquelles j’aimerai beaucoup bénéficier de votre retour :
N’est-ce pas trop tard pour intégrer que de le faire à 31 ans ?
Cet âge, et à condition de réussir à être retenu, peut-il impacter les possibilités d’évolutions ?
Dans la même veine, n’existe-t-il pas un grand risque de ne pas être renouvelé au bout du premier contrat (le facteur âge aggravant une condition de renouvellement qui n’est déjà pas garantie) ?
Vu la tendance actuelle de réduction du volume d’officier supérieur, un osc-e a-t-il déjà réussi l’école de guerre ?
Proportionnellement, quel part des OSC-E parviennent à passer de carrière ?
Est-il raisonnable d’envisager la préparation de l’école de guerre alors que l’on est en poste, mobilisé auprès de ses hommes et sans le parcours académique et le bagage militaire d’un St-cyrien ou d’un EMIA ?
Est-ce qu’un « binoclard » peut vraiment commander une section d’infanterie de combat ou est-ce que la combinaison âge avancé et correction visuelle indispensable ne réduise pas considérablement mes chances en commission ?
Je tiens à souligner qu’une bonne dose d’humilité anime ma démarche :
Je sais que l’institution ne m’attends pas particulièrement
J’ai conscience d’avoir un profil un peu spécifique du fait de mon âge
Ce n’est pas à l’institution de vous servir mais l’inverse, si bien que l’on a rien à exiger mais seulement à bien comprendre les critères et les risques
Enfin, je n'attends pas que vous me disiez ce que je dois faire évidemment, mais plutôt de "tester" mon projet auprès de connaisseurs, de bénéficier de retours venant de personnes connaissant l'institution, d'identifier l'ensemble des variables.
Je vous remercie par avance d’avoir lu ainsi que pour les réponses et commentaires que vous jugerez pertinent de partager avec moi.
Cordialement