Bonjour,
La question est vaste, et mérite une approche sous divers axes. Tout d’abord, économiquement, il est évident que les budgets militaires se réduisant, il faut faire des choix. Mais s’arrêter là me semble bien insuffisant. La France n’a malheureusement plus les moyens d’attribuer des budgets pléthoriques aux forces armées. Cet état de fait, que l’on peut légitimement regretter, est incontournable. Rappelons néanmoins que cette baisse de moyens, très similaire à celle de la Grande-Bretagne, est néanmoins nettement moins prononcée que dans les autres pays d’Europe.
A mon sens, il est surtout capital d’attribuer la priorité des moyens aux forces déployées en opération. J’inclus dans cette catégorie, non seulement nos soldats projetés à l’extérieur, mais aussi les forces de l’ordre, confrontées sur le territoire national à des situations de plus en plus difficiles et dangereuses. Il y a là, encore de nombreux progrès à faire.
Ce débat ne date pas d’aujourd’hui, je me souviens que, déjà dans les années 80, les moyens limités que l’on accordait à la formation des appelés laissaient à désirer. Il est aussi vrai que la modernisation des équipements et l’arrivée de l’électronique complexe dans les moyens de combat commençait à limiter fortement les possibilités d’une formation correcte des troupes en un an de service national.
La question du matériel vieillissant n’est pas une nouveauté non plus, en 1987, dans un régiment de chars, les VTT était encore des AMX13 antédiluvien, affichant des centaines de milliers de kilomètres au compteur et dans un état assez lamentable, quand ils n’étaient pas purement et simplement inexistants, et remplacés par des tabourets lors des revues de matériel.
Les moyens de combat d’aujourd’hui sont de plus en plus chers, et en conséquence, ils ne peuvent que se raréfier. C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Donner à l’ensemble de nos forces le top de la technologie militaire est tout simplement bien au-delà des capacités économiques françaises, mais ô combien important pour limiter les pertes autant qu’il est possible de le faire.
Nous pouvons par exemple lire plus haut qu’un seul porte-avions est insuffisant. La remarque est juste, car pendant les longues périodes d’entretient, nous sommes dans l’incapacité de déployer une force aérienne avec sa logistique, mais rappelons également que bien rares sont les pays de notre taille qui possède un porte-avions nucléaire moderne. La France, c’est 1% de la population mondiale, rappelons le…
En fait, c’est à mon sens surtout dans le déploiement et la logistique que le bas blesse le plus, nous n’avons pas les moyens de projeter nos troupes là on l’on pourrait envisager de le faire, sans l’aide de nos « alliés ». Il faut en conséquence obtenir leur aval politique pour nous engager. Cette faiblesse indéniable est lourde de conséquences…
Mais, je ne rappellerais jamais assez l’efficacité de nos soldats sur le terrain. L’Armée Française bénéficie toujours de l’admiration de nombreuses nations, que ce soit sur terre, en mer ou dans les airs, et ce, malgré nos moyens limités. La valeur intrinsèque du soldat français est toujours forte, comme elle l’a toujours été, particulièrement au sein des forces spéciales. Je reste convaincu que les hommes et les femmes de nos forces armées possèdent, dans leur globalité, une certaine notion de l’importance des missions qui leurs sont confiées, en dépit de conditions souvent difficiles, même au sein des casernes françaises.
Je ne m’engagerai pas sur le terrain de la volonté politique, qui, à mon sens, n’aurait pas sa place sur ce forum, et je me contenterai donc de préciser, mesdames et messieurs les militaires, qu’il existe aussi chez les civils, des citoyens conscients de votre dévouement et de l’importance de votre existence. En d’autres termes, la parole de la France aurait bien moins de poids sans posséder le bras armé que vous représentez.