Bonsoir,
Suivre une classe CPES peut être une excellente idée, mais uniquement si vous ne pouvez pas intégrer directement une CPGE littéraire — idéalement au sein d’un lycée militaire, cela va de soi.
Pour ma part, ayant suivi une CPGE littéraire d'un lycée militaire, je ne peux que saluer ce choix de vous diriger en Lettres (et adresser une pensée solidaire à nos camarades scientifiques, accablés par des khôlles incessantes pendant que nous découvrons tranquillement Racine ou Hugo).
En réalité, opter pour une CPES revient à "perdre" une année dans la course au concours de Saint-Cyr. Cette année pourrait vous priver ultérieurement de la possibilité de "khûber" en cas d’échec en Khâgne, ce qui serait regrettable. Cela dit, j’ai connu au Lycée Militaire de Saint-Cyr un camarade passé par une CPES à Autun — sans doute en filière économie — avant d’intégrer une CPGE, et qui avait un niveau franchement supérieur aux autres grâce à cette année. Vous perdez donc numériquement une année, mais vous en gagnez "au moins" une en terme de niveau : car vous aurez déjà le rythme "prépa" en vous dès votre arrivée en hypokhâgne, car vous connaitrez déjà le système des lycées militaires, car vous aurez appris à avoir une haute capacité de travail; là où vos camarades, l'année prochaine, sortiront tout juste du baccalauréat.
Donc, si l’accès à une CPGE vous est pour l’instant fermé, foncez en CPES. Cela vous permettra d’acquérir de solides bases, mais aussi de prendre une année d’avance en maturité, notamment sur vos futurs camarades d’hypokhâgne, encore en phase d’adaptation. Vivre un an dans un lycée militaire forge le caractère — et ce n’est pas un luxe pour la suite.
Gardez cependant à l’esprit que l’ambiance à Aix ne saurait rivaliser avec celle de Saint-Cyr ou de nos chers voisins brutions. Si votre projet est sérieux, envisagez la CPES comme une transition : une année de préparation avant de rejoindre un lycée militaire plus exigeant, plus formateur, et plus ancré dans l’esprit de tradition et de cohésion que requiert la voie que vous avez choisie.
Quant au travail, il sera intense. Vous vous engagez dans un parcours long, exigeant, dont l’objectif est clair : intégrer l’ESM, devenir officier, et porter haut vos responsabilités. Si cette ambition ne vous habite pas profondément, si vous n’êtes pas prêt à faire des sacrifices — y compris celui d’une certaine légèreté propre à la jeunesse — alors mieux vaut envisager une autre voie. Ce chemin ne tolère pas la tiédeur ni la facilité.
Vous souffrirez, sans doute, mais vous grandirez. La vie en internat, dans un lycée militaire, est l’une des expériences les plus riches et formatrices que vous connaîtrez. Acceptez les règles, laissez-vous forger par le cadre : vous y deviendrez un officier en herve, et vous y vivrez des moments inoubliables.
Être élève dans un lycée militaire est une chance. Une vraie. Et cette chance, Eléonor, il ne faut pas la laisser passer.
Je reste à votre disposition si vous souhaitez davantage d'informations.
Bien à vous,
BEAUVARLET
PS : Je viens de voir que vous étiez une femme; Aix sera sans doute plus clément avec vous, alors faites donc vos classes et raffermissez vous là-bas, avant de viser, bien sûr, une formation plus exigeante. Être une femme en LM n'est pas toujours facile, je vous l'accorde : apprenez à vous imposer pendant cette année de CPES. Vous en aurez besoin à votre arrivée au Pryt' ou au Kholdo.