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Un patrouilleur et un destroyer chinois sont entrés en collision au large du récif de Scarborough
Les contentieux territoriaux opposant Manille à Pékin en mer de Chine méridionale ont donné lieu à plusieurs incidents – parfois sérieux – entre des navires philippins et ceux de la garde côtière chinoise au cours de ces derniers mois, notamment autour du récif de Scarborough et de l’atoll Second Thomas, où une section de l’infanterie de marine philippine tient garnison dans le BRP Sierra Madre, un ancien navire américain de la Seconde Guerre Mondiale.
En 2012, après y avoir déployé des flottilles de navires de pêche appartenant à sa milice maritime [PAFMM – People’s Armed Forces Maritime Militia] sous la protection de sa garde côtière, la Chine a pris le contrôle du récif philippin de Scarborough. Ce qui a d’ailleurs conduit Manille à saisir la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye qui, en 2016, lui a donné raison, estimant que les revendications de Pékin en mer de Chine méridionale ne reposaient sur « aucun fondement juridique ».
Quoi qu’il en soit, il n’est nullement question pour la Chine de se retirer du récif de Scarborough… et pour les Philippines de renoncer à son territoire. D’où les incidents survenant régulièrement entre les garde-côtes chinois et philippins, avec des pêcheurs au milieu.
Ainsi, par exemple, en avril 2024, trois patrouilleurs de la garde côtière chinoise éperonnèrent deux navires mis en œuvre par les garde-côtes [PCG] et le Bureau des pêches et des ressources aquatiques philippins avant d’utiliser des canons à eau contre eux.
À Pékin, on justifia cette action « musclée » en faisant valoir que les navires philippins avaient effectué des « manœuvres dangereuses », au point d’obliger les garde-côtes chinois « à utiliser des canons à eau pour les avertir ».
D’autres incidents de ce type se sont produits par la suite, non seulement dans les environs du récif de Scarborough mais aussi dans ceux du banc Sabina et de l’atoll Second Thomas.
Mais celui qui est survenu ce 11 août est singulier… Alors que trente-cinq bateaux de pêche philippins venaient de se rassembler autour du récif de Scarborough en vue de se faire ravitailler par les navires BRP Teresa Magbanua, BRP Suluan et MV Pamamalakaya, un patrouilleur n° 3104 de la garde côtière chinoise est intervenu pour empêcher cette opération, avec l’appui d’un « destroyer » de type 052D de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL], en l’occurrence le CNS Guilin.
Or, lancé à la poursuite, à « grande vitesse », du BRP Suluan, mis en œuvre par la garde côtière philippine, le patrouilleur chinois est entré en collision avec le destroyer de type 052D, ce dernier lui ayant coupé la route, à environ 10,5 nautiques du récif [appelé Bajo de Masinloc aux Philippines].
Le patrouilleur « CCG 3104 a effectué une manœuvre risquée sur le côté tribord du BRP Suluan, ce qui l’a conduit à entrer en collision avec un navire de guerre de la marine de l’APL. Les dégâts importants qu’il a subis au niveau de sa proue le rendent inapte à la navigation », a expliqué la garde côtière des Philippines, avant de préciser qu’elle avait proposé son assistance, notamment médicale, pour les membres de l’équipage chinois susceptibles d’avoir été blessés lors du choc.
Pour le moment, les autorités chinoises n’ont fait aucun commentaire sur cet incident.
Quoi qu’il en soit, les tensions entre Manille et Pékin vont crescendo depuis quelques mois. Aussi, le gouvernement philippin s’attache à renforcer ses liens militaires avec plusieurs pays de la région Indopacifique, comme le Japon, l’Australie, l’Inde, les États-Unis et… la France.