Quand, en avril, le porte-avions HMS Prince of Wales a appareillé de Plymouth, pour ensuite mettre le cap sur la région indopacifique, aucun sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] de la Royal Navy n’était disponible pour intégrer son groupe aéronaval.
En effet, dernière unité de la classe Trafalgar, le HMS Triumph venait de terminer son ultime mission avant son désarmement. Et parmi ceux de la classe Astute, le HMS Audacious était en cale sèche, à Devonport, depuis plus de deux ans tandis que les HMS Ambush et Artful étaient encore indisponibles, dans l’attente de faire l’objet d’une opération de maintenance. Même chose pour le HMS Astute, qui était alors sur le point d’entamer un arrêt technique majeur [ATM]. Enfin, le HMS Anson se trouvait à Gibraltar, en juin.
Quoi qu’il en soit, le 22 septembre, lors d’une cérémonie organisée au chantier naval de Barrow-in-Furness, la Royal Navy a officiellement pris possession du HMS Agamemnon, le sixième SNA de classe Astute [sur sept prévus], en présence du roi Charles III.
Pour autant, cela ne veut pas dire que la situation de la flotte britannique de SNA va s’améliorer à court terme. En effet, comme le souligne le site spécialisé Navy Lookout, cette cérémonie est « prématurée » dans la mesure où il faudra « probablement au moins dix-huit mois » pour que le HMS Agamemnon soit déclaré pleinement opérationnel.
« En règle générale, la Royal Navy organise une cérémonie de mise en service après qu’un navire a terminé ses essais en mer », rappelle-t-il. Ce qui n’est donc pas le cas du HMS Agamemnon, dont la construction a duré plus de douze ans.
Un « record de lenteur » que Navy Lookout explique par la pandémie de covid-19, « l’héritage toxique laissé par les fondations fragiles du programme Astute » ainsi que par la nécessité d’affecter temporairement des moyens pour la mise en chantier des futurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la classe Dreadnought. D’ailleurs, le même jour que l’admission au service du HMS Agamemnon, une autre cérémonie a marqué la découpe de la première tôle du HMS « King George VI », la quatrième et dernière unité prévue.
Le septième SNA de type Astute, le HMS Achilles [ex-Agincourt] est toujours en construction. Il devrait être livré à la Royal Navy en 2028, voire en 2029.
Selon le Royal Navy, le HMS Agamemnon va « poursuivre ses préparatifs pour quitter le chantier naval » de BAE Systems et « naviguer vers sa future base navale » où il rejoindra les cinq premiers SNA de type Astute.
« Une fois opérationnel, le HMS Agamemnon sera à la fois l’épée et le bouclier de la flotte, protégeant la dissuasion nucléaire, les groupes aéronavals des porte-avions et les infrastructures sous-marines critiques, et frappant les ennemis si nécessaire avec des torpilles Spearfish contre les navires de surface et les sous-marins hostiles, ou avec des missiles de croisière Tomahawk pour frapper des cibles terrestres », a-t-elle ajouté.
Bien que la cérémonie ait été organisée en son honneur, le HMS Agamemnon ne figure sur aucune photographie diffusée par la Royal Navy et le ministère britannique de la Défense [MoD].
La succession des sous-marins de la classe Astute est déjà dans les tiroirs, avec le programme SSN-AUKUS, commun au Royaume-Uni et à l’Australie. Selon la Revue stratégique de défense publiée par Londres en juin dernier, il est question de doter la Royal Navy de douze nouveaux SNA de ce type, ce qui suppose que l’industrie navale britannique soit en mesure de construire une unité tous les dix-huit mois. Autant dire que le pari est osé.
« Afin de répondre aux exigences de ce programme élargi, le gouvernement travaille en étroite collaboration avec ses partenaires industriels pour élargir rapidement les possibilités de formation et de développement, avec l’objectif de doubler le nombre d’apprentis et de diplômés dans les secteurs de la défense et du nucléaire civil. Cela se traduira par la création de 30 000 postes d’apprentis et de 14 000 emplois au cours des dix prochaines années », explique le ministère britannique de la Défense.
Photo : Le HMS Agamemnon avant son lancement, en octobre 2024
https://www.opex360.com/2025/09/23/la-royal-navy-a-pris-possession-de-son-sixieme-sous-marin-nucleaire-dattaque-de-type-astute/