La questions d'un désengagement de troupes est toujours, et à toujours été, une question extrêmement difficile. Même si la décision est dure à prendre, il est toujours beaucoup plus facile d'envoyer des troupes que de les faire revenir à la maison. L'Histoire militaire nous le prouve.
Partir comme des sauvages parce qu'on a eu des pertes? C'est hors de question et surtout pour tous les camarades qui, comme moi, sont passés et ont risqué leur vie là bas. A la mémoire de nos frères d'arme disparus, nous nous devons de partir dans l'honneur et une fois de boulot terminé.
Le problème, c'est aussi qu'il faut être réalistes et pragmatiques.
Il est clair, parfaitement clair, que le boulot ne sera jamais, jamais, jamais terminé en Afghanistan.
Penser que les forces occidentales sur place parviendront un jour à laisser une ANA parfaitement formée, disciplinée, et définitivement fidèle aux autorités officielles est une vue de l'esprit. S'imaginer qu'un jour l'ANA sera capable, toute seule, comme une grande armée, de tenir le pays militairement et d'y maintenir la pays et l'ordre, est du domaine du doux rêve.
L'esprit tribal des afghans est le premier élément qui empêchera cette armée nationale de tenir la route. La corruption est présente à tous les niveaux de l'Etat, donc aussi au sein de l'ANA...
La liste pourrait être longue comme le bras, des arguments qui feront que notre mission ne sera, hélas pour ce beau pays, jamais accomplie.
Nous avons pacifié le pays, nous y avons ramené un semblant d'ordre qui ne tient qu'à un fil, nous y avons rétablie un Etat avec à sa tête un gouvernement, corrumpu, certe, mais un gouvernement quand même, nous avons formé des tas de bons gars à la fonction militaire, nous avons aidé des populations...
Donc, nous n'y sommes pas allé pour rien du tout. Nous avons été utiles et efficaces et le sacrifice de nos frères n'a pas été vain.
Cependant, je suis persuadé que, dès que le dernier avion de transport aura décollé pour rapatrier tous les effectifs occidentaux, ce sera retour à la case départ en quelques mois à peine.
Les meilleurs éléments de l'ANA seront assassinés, les clans réaparaîtrons et les guerres tribales reprendront là où elles avaient cessées.
Voilà, j'en suis triste, mon avis sur le problème afghan.
On sait donc ce qui se passera quand on partira. Alors quand partir ça ne changera pas grand chose. L'ANA ne sera pas plus mûre dans deux ans qu'aujourd'hui.
Parcontre ce qui est certain, c'est que notre honneur sera d'exécuter les ordres que nous donneront nos autorités politiques du moment et de tout faire, comme jusqu'à présent, pour être au top de notre mission.
On partira du principe que le boulot sera fini quand on nous dira de rentrer, un point c'est tout. On peut avoir un avis, mais notre honneur est de remplir la mission qu'on nous confie, pas d'en décider ou de la juger.
Cossard