https://www.opex360.com/2024/11/19/larmee-de-terre-a-experimente-le-concept-de-fantassin-volant/
Mis en lumière lors du défilé du 14 juillet 2019, le Flyboard Air avait suscité l’intérêt de l’Agence de l’innovation de défense [AID] en raison des usages militaires que l’on pouvait en faire.
Et celle-ci avait accordé une subvention de 1,3 million d’euros afin de permettre à son concepteur, Zapata Industries, de lui apporter des modifications afin de le rendre compatible aux exigences opérationnelles. L’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] fut également sollicité.
Pour rappel, le Flyboard Air est une sorte de planche de surf qui, grâce à six moteurs [dont quatre développant chacun une puissance de 250 chevaux], peut voler à une altitude de 10 000 pieds ( = 3000 mètres) grâce à un algorithme, qui ajuste en permanence l’inclinaison des moteurs et la vitesse des turbines latérales.
En novembre 2021, lors du Forum Innovation Défense [FID], Florence Parly, alors ministre des Armées, fit savoir que les forces spéciales allaient expérimenter « une plateforme volante individuelle, pilotée, dérivée du Flyboard-R ». À l’époque, le Commandement des opérations spéciales [COS] s’y intéressait effectivement de près car un tel appareil pouvait notamment lui permettre de mener des missions d’infiltrations / exfiltrations.
Seulement, depuis l’accident d’un Flyboard Air lors d’une démonstration au-dessus du lac de Biscarrosse, en mai 2022, le ministère des Armées n’a plus évoqué cette innovation.
Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il se désintéresse de ce nouveau moyen de « mobilité ». En témoigne l’expérimentation d’un « jetpack » lors des Journées nationales de l’Infanterie qui, organisées à Canjuers [Var], la semaine passée, avaient pour thème « La technologie au centre, le fantassin au cœur ».
Dans le compte rendu succinct de cet évènement qu’elle a publié, l’armée de Terre a diffusé la photographie d’un fantassin équipé d’un tel système, par ailleurs similaire à celui qui avait été testé par les Royal Marines britanniques en 2019. Il s’agissait d’une solution qui, développée par Gravity Industries, reposait sur un exosquelette doté d’un « jetpack » et de deux turbines fixées sur chaque bras afin d’orienter et de stabiliser le vol. Cette « combinaison » permettait de voler à plus de 50 km/h, à une altitude de 10 000 pieds.
Un tel dispositif peut-il avoir un intérêt pour l’infanterie, alors que le soldat qui en est équipé n’a pas la liberté de mouvement nécessaire pour utiliser son armement ? Si ce n’était pas le cas, l’armée de Terre ne l’aurait pas mis en avant…
« Pour l’Ecole d’infanterie, la mission est de définir son besoin et la façon d’utiliser les technologies existantes ou en cours de développement pour être toujours plus efficace au combat », a-t-elle résumé. Et cela alors que les régiments relevant des brigades légères « souhaitent développer leur mobilité et leur capacité d’agression en lien avec les milieux aéroporté et montagne qui contraignent à un allègement du combattant ».
Interrogé par Var Matin à l’occasion de ces Journées nationale de l’Infanterie, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, a expliqué qu’il fallait surtout faire le tri dans les innovations proposées.
« Ce qui m’intéresse à la fin, c’est de savoir si ça apporte quelque chose aux unités. Et puis […] je dois garder à l’esprit la question suivante : telle ou telle innovation peut-elle être généralisée à l’ensemble de l’armée de Terre? Une innovation qui pourrait être adoptée pour les forces spéciales, qui ne représentent que des effectifs réduits, le serait plus difficilement à grande échelle », a en effet expliqué le CEMAT.
Photo : Journées nationales de l’Infanterie 2024 – armée de Terre