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La Marine nationale va doubler la puissance de feu de ses frégates de défense et d’intervention
Selon le contrat opérationnel défini dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale [LBDSN] de 2013, la Marine nationale devrait disposer de quinze frégates dites de premier rang. Or, ce format est actuellement atteint parce qu’il prend en compte les frégates de type La Fayette [FLF], que l’on ne peut pas considérer comme étant de premier rang, même si trois d’entre elles ont été modifiées pour mettre en œuvre un sonar.
D’où l’importance du programme FDI [Frégate de défense et d’intervention], lequel prévoit de doter la Marine nationale de cinq nouvelles frégates entre 2025 et 2032. La première, l’Amiral Ronarc’h, a récemment été livrée par Naval Group. Deux autres – l’Amiral Louzeau et l’Amiral Castex – suivront d’ici 2030.
Mais par rapport aux quatre FDI commandées par la Grèce, ces trois unités seront moins armées. En effet, elles seront dotées de seulement seize cellules Sylver A50 pour lancer des missiles surface-air Aster 30, de huit missiles antisurface Exocet MM40, de deux doubles tubes lance-torpilles, d’une tourelle de 76 mm et de deux canons téléopérés de 20 mm.
Pour des impératifs budgétaires, l’option de les équiper d’un système de lancement vertical A70 pour leur permettre de tirer des Missiles de croisière navals [MdCN] n’a pas été retenue à ce jour, même si, de par leur architecture ouverte, cette capacité pourra leur être éventuellement ajoutée à l’avenir.
Par ailleurs, la décision de commander trois FDI de plus afin que la Marine nationale puisse disposer de dix-huit navires de premier rang, comme l’avait suggéré Sébastien Lecornu quand il était encore ministre des Armées, a été renvoyée à plus tard, c’est-à-dire à la prochaine Loi de programmation militaire [LPM].
Cela étant, la Marine nationale n’a sans doute pas perdu au change.
En effet, lors de l’examen des crédits alloués au ministère des Armées pour 2026 par la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, le député Yannick Chenevard [EPR] a fait savoir que les FDI n° 4 et n° 5 [Amiral Nomy et Amiral Cabanier] allaient être équipées de trente-deux cellules Sylver A50. En revanche, il n’a pas évoqué l’éventualité de les armer avec des MdCN.
Pour rappel, les deux dernières FDI seront remises à la Marine nationale en 2031 et en 2032. « La mise à jour des FDI n° 1, n° 2 et n° 3 se fera. […] Et la montée en puissance en matière d’Aster se fera également », a assuré M. Chenevard.
Pour autant, l’idée d’un format à dix-huit navires de premier rang n’est pas abandonnée. Mais il se pourrait que les trois unités supplémentaires ne soient finalement pas des FDI. En tout cas, l’état-major de la Marine nationale s’interroge.
« Sur le plan industriel, Naval Group produit actuellement une FDI tous les ans et demi. On a, dans la Loi de programmation militaire, trois FDI prévues et deux sur la suivante. Ça veut dire que, aujourd’hui, on est dans l’épure. Ça sort bien et, d’ailleurs, la première, l’Amiral Ronarc’h, fait le bonheur des marins, avec ses capacités opérationnelles redoutables », a d’abord souligné le député
Mais les FDI « sont des bateaux de 4 500 tonnes. Une frégate de premier rang, ça va de 4 500 tonnes à 7 000 ou 8 000 tonnes. Le grand sujet, demain, est que, à partir du moment où on doit passer à trois frégates de premier rang supplémentaires, est de bien réfléchir à ce dont on a besoin », a-t-il poursuivi.
« Est-ce qu’on a besoin de continuer la série des FDI, avec seize lanceurs de missiles supplémentaires, ou est-ce que, finalement, on a besoin de FREMM [Frégates multimissions], de bateaux de 7 000 tonnes, en plus ? », a ensuite demandé M. Chenevard. « L’interrogation, à laquelle, je pense, l’état-major de la marine saura répondre, c’est celle-là », a-t-il conclu.
Après les Frégates de défense aérienne [FDA, classe Horizon], les FREMM et les Bâtiments ravitailleurs de forces [BRF], une nouvelle coopération avec l’Italie pourrait-elle être envisagée ?
En avril, dans une réponse à une question écrite posée par la députée Nathalie Da Conceicao Carvalho au sujet d’une éventuelle coopération avec l’Italie en vue de se procurer des « super-destroyer DDX » [ou « cacciatorpediniere »], en cours de développement chez Fincantieri, le ministère des Armées, s’était montré évasif.
« Pour la majorité des programmes d’armement, les coopérations européennes sont recherchées et encouragées. Dans le domaine naval, l’Italie et la France entretiennent un partenariat étroit, notamment au sein de la société Naviris [la coentreprise de Naval Group et de Fincantieri, ndlr] », avait-il d’abord rappelé. « Le traité du Quirinal offre ainsi des perspectives pour renforcer davantage ce partenariat », avait-il continué, avant d’évoquer un « travail d’évaluation et de chiffrage de l’accélération de notre réarmement et du renforcement de nos capacités ».