https://www.opex360.com/2025/08/03/lavion-espion-americain-u-2-dragon-lady-a-battu-un-record-dendurance-pour-ses-70-ans/
En 2014, il était question pour l’US Air Force de mettre un terme aux soixante années de service de son avion espion U-2 « Dragon Lady », au profit du drone HALE [Haute Altitude Longue Endurance] RQ-4 Global Hawk (ci-dessous).
En outre, à l’époque, il avait été rapporté que la division Skunk Works de Lockheed Martin, planchait sur un éventuel successeur de cet appareil… Successeur qui ne s’est pas concrétisé depuis. Du moins officiellement.
Finalement, il apparut que l’US Air Force ne pouvait pas se passer aussi facilement de ses U-2 « Dragon Lady », leurs capacités étant loin d’être égalées par celles du RQ-4 Global Hawk.
En effet, si, en termes d’endurance, l’avantage allait à ce dernier, avec sa capacité à rester dans les airs pendant plus de trente heures, l’avion espion emblématique de la Guerre froide pouvait emporter une charge utile deux fois plus importante, faire fonctionner plusieurs capteurs très performants à la fois et voler par n’importe quel temps, à plus de 70 000 pieds. En outre, il n’était pas dépendant d’une liaison satellite [SATCOM]…
Aussi, ayant été par la suite modernisé avec l’intégration de nouveaux capteurs et même d’algorithmes d’intelligence artificielle [IA], le U-2 Dragon Lady est toujours en service au sein de la 9e escadre de reconnaissance, basée à Beale [Californie]. Et cela, soixante-dix ans après son vol inaugural.
Pour marquer cet anniversaire, l’US Air Force a voulu repousser les limites du U-2, en tentant d’établir un record du vol le plus long pour un avion de cette catégorie.
Ainsi, le 31 juillet, un TU-2S, une version biplace du « Dragon Lady », a décollé de la base aérienne de Beale avec le commandant Cory « ULTRALORD » Bartholomew et le lieutenant-colonel « JETHRO » aux commandes. Et il y est revenu quatorze heures plus tard, après avoir parcouru plus de 6 000 nautiques et survolé quarante-huit États. Jamais un U-2 n’avait volé pendant aussi longtemps.
« Ce vol a permis d’atteindre le maximum du rayon d’action opérationnel du U-2 et a placé les pilotes au bout de leurs limites physiologiques », a commenté l’US Air Force, via un communiqué.
Pour rappel, avant chaque vol, un pilote de U-2 doit passer une visite médicale avant de revêtir une combinaison spéciale et de s’équiper [ce qui suppose l’aide de trois personnes]. Puis, il doit rester allongé pendant une heure et respirer de l’oxygène pur afin d’évacuer toute trace d’azote dans son sang pour éviter tout risque mortel en cas de dépressurisation.
Il est probable que l’équipage de ce TU-2S a aussi tenté de battre un record d’altitude. En tout cas, c’est ce qu’ont suggéré ses communications avec le contrôle aérien. Mais comme le plafond que cet appareil peut atteindre est une donnée classifiée, on comprend que l’US Air Force n’a pas souhaité évoquer cet aspect du vol.
Quoi qu’il en soit, pour le lieutenant-colonel John « JESTER » Mattson, le commandant du 1er escadron de reconnaissance [1st RS], ce vol « est historique ». Et d’ajouter : « La nature de la guerre évolue mais notre engagement total envers notre mission, qui est de former des équipages capables d’exploiter et de dominer le spectre électromagnétique pour remporter la victoire, ne changera jamais. Nous continuons à perfectionner nos compétences au combat, démontrant la capacité de la base de Beale à servir de plateforme de projection de puissance pour réagir rapidement aux actions adverses partout dans le monde ».
Ce vol particulier n’a pas été effectué pour seulement établir un record : il a en effet aussi permis de d’améliorer un logiciel utilisé depuis peu par le 1st RS pour préparer ses missions [plan de vol, aérodromes de secours en cas d’urgence, conditions météorologiques, etc.].
Photo : USAF / sergent-chef Frederick Brown