https://www.opex360.com/2025/06/25/la-royal-air-force-recevra-douze-f-35a-pour-former-ses-pilotes-et-participer-a-la-dissuasion-nucleaire-de-lotan/
Dans son édition du 1er juin, le Sunday Times avait révélé que le Royaume-Uni allait acquérir des F-35A, c’est-à-dire la version « classique » du chasseur-bombardier de Lockheed Martin, afin de doter à nouveau sa dissuasion nucléaire d’une composante aéroportée, à laquelle il avait renoncé dans les années 1990, avec le retrait de la bombe nucléaire tactique WE.177, alors mise en œuvre par les Tornado GR1/1A de la Royal Air Force [RAF].
« Le Royaume-Uni cherche à acheter un avion de combat capable de lancer des armes nucléaires tactiques, dans le cadre d’une expansion significative de ses capacités de dissuasion, le tout dans le but de faire face à la menace croissante de la Russie », avait avancé le journal britannique. Et d’ajouter que Londres avait entamé des discussions avec Washington au sujet de la bombe nucléaire tactique B61, sur laquelle reposent les plans nucléaires de l’Otan.
Cela étant, l’hypothèse d’un achat de F-35A était évoquée depuis plusieurs semaines, alors que le ministère britannique de la Défense [MoD] prévoyait seulement d’acquérir un total de 138 F-35B, soit la version dite STOVL [short take off / vertical landing] de cet appareil.
Publiée le 2 juin, la Revue stratégique de défense commandée près d’un an plus tôt par Keir Starmer, le Premier ministre britannique, a recommandé l’achat de F-35A pour la RAF… sans toutefois confirmer explicitement que ces appareils pourraient effectuer des missions nucléaires.
« Davantage de F-35 seront nécessaires au cours de la prochaine décennie. Il pourrait s’agir d’un mélange de F-35A et de F-35B, selon les besoins militaires, afin d’offrir un meilleur rapport qualité-prix », peut-on lire dans ce document.
En outre, ce dernier estime que le « Royaume-Uni doit collaborer avec les Alliés pour garantir que la posture de dissuasion de l’Otan soit adaptée à l’ensemble des conflits et qu’elle s’appuie sur un investissement collectif pour l’ensemble des capacités nécessaires pour dissuader l’utilisation du nucléaire, quelle que soit son échelle ».
Quoi qu’il en soit, le gouvernement britannique n’aura pas tardé à mettre en application la recommandation d’acquérir des F-35A. En effet, alors que se tient le sommet de l’Alliance atlantique, à La Haye, il a annoncé la commande d’au moins une douzaine d’appareils de ce type afin de permettre au Royaume-Uni de réaliser « la mission nucléaire à double capacité de l’Otan ». Cela « constitue un renforcement majeur de la sécurité nationale », a-t-il justifié.
« Le gouvernement prévoit d’acquérir un total de 138 F-35 sur la durée du programme. L’achat de douze F-35A plutôt que douze F-35B dans le cadre du prochain programme d’acquisition permettra au contribuable de réaliser jusqu’à 25 % d’économies par appareil », a encore fait valoir le gouvernement britannique.
« Cet achat représente le plus important renforcement de la posture nucléaire du Royaume-Uni depuis une génération. Il réintroduit également un rôle nucléaire pour la Royal Air Force, pour la première fois depuis que le Royaume-Uni a retiré ses armes nucléaires souveraines lancées depuis les airs après la fin de la Guerre froide », a-t-il ajouté.
Cependant, le communiqué du 10 Downing Street ne dit rien au sujet du déploiement éventuel de bombes B61 sur le territoire britannique… Pas plus qu’il ne précise les modalités de la participation de la RAF aux plans nucléaires de l’Otan.
Pour rappel, la base de Lakenheath a abrité des B61 jusqu’ en 2008. Mais celles-ci ne pouvaient être mises en œuvre que par l’US Air Force. Il est d’ailleurs possible que cela soit de nouveau le cas prochainement, des travaux étant en cours sur ce site afin de préparer le retour éventuel de bombes nucléaires tactiques américaines sur le sol britannique.
Actuellement, des B61 sont stockées dans des dépôts situés dans cinq pays membres de l’Otan [Italie, Allemagne, Belgique, Turquie, Pays-Bas], selon le principe dit de la double clé. En clair, si les chasseurs-bombardiers des pays hôtes [à l’exception de ceux de la Turquie] sont susceptibles d’emporter ces bombes, leur contrôle [et donc le code d’armement] est exclusivement américain.
Or, le gouvernement britannique ne précise pas, dans son communiqué, si le même mécanisme s’appliquera pour les futurs F-35A de la RAF. D’ailleurs, celle-ci a indiqué que ces appareils seront « quotidiennement utilisés pour l’entraînement au sein du 207 Squadron », une unité de « conversion opérationnelle » [UCO], basée à Marham. Toutefois, a-t-elle ajouté, les F-35A seront « disponibles pour assurer la mission nucléaire de l’Otan en cas de crise, renforçant ainsi la contribution du Royaume-Uni aux accords de partage nucléaire de l’Otan ».
« Pour les opérations quotidiennes, nous avons délibérément choisi de doter l’OCU de F-35A car cela permettra d’augmenter le temps de vol par sortie et de réduire les heures de maintenance. Par conséquent, cela réduira le temps de formation des nouveaux pilotes et améliorera la génération de forces du F-35 pour soutenir nos opérations partout dans le monde », a expliqué le général Beck, le responsable des capacités et des programmes de la RAF.
Photo : RAF