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Une ébauche de Serval LAD sur fond d’accélération


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Petit à petit, une version anti-drones du véhicule blindé Serval prend forme en coulisse. Si une première proposition est à chercher du duo formé par Nexter et MC2 Technologies, manque encore l’impulsion qui permettra de « passer la seconde » pour progresser vers la cible inscrite dans la prochaine loi de programmation militaire. 

Être au rendez-vous de 2027
 

Le 1er août, le président de la République promulguait une loi de programmation militaire pour 2024-2030 qui tentera, parmi d’autres efforts, de renforcer les capacités de lutte anti-drones (LAD) des armées françaises. Menée dans un cadre interarmées, cette réflexion acte notamment l’acquisition d’une version « LAD » du Serval, dernier-né de la gamme SCORPION conçu conjointement par Nexter et Texelis. Ce Serval LAD, l’armée de Terre en percevra 12 exemplaires à l’horizon 2030 et « au moins 40 » pour 2035, une cible sans doute limitée et lointaine au vu de l’urgence de la menace mais qui a au moins le mérite de sanctuariser le sujet. 

Le premier véhicule est à première vue attendu pour 2027. Soit, après demain. Et face à une menace évoluant rapidement, il devient donc urgent de structurer le besoin. La LPM actée, un changement de braquet devrait être opéré du côté de la Direction générale de l’armement (DGA), qui a récemment créé une unité de management dédiée à la troisième dimension (UM 3D), et de l’état-major de l’armée de Terre (EMAT). « De quel système avons-nous besoin ? Quels capteurs ? Quels effecteurs ? Quel degré d’autonomie ? Il faut désormais trancher », résume la partie industrielle. 
 

La recherche de réponses techniques a démarré il y a un moment dans les rangs industriels. La logique privilégiée ? Aller au plus vite en misant sur un véhicule en service, des capteurs et effecteurs disponibles ou dont le développement est bien avancé. Jouer en équipe, également. Car si Nexter sait intégrer, il n’a pas la mainmise sur toutes les briques nécessaires, à commencer par les capteurs.

« Nous savons nous associer avec des entreprises qui proposent de très bonnes solutions », explique un représentant du groupe réuni sous l’unique bannière KNDS. Parmi celles-ci, MC2 Technologies. Inutile de présenter cette entreprise lilloise reconnue pour ses systèmes de détection et de neutralisation des drones. Avant d’embarquer sur le Serval, MC2 Technologies s’est déjà fait la main sur les questions LAD via le succès engrangé par son fusil anti-drones NEROD RF et de par sa présence au sein du programme PARADE. 
 
Vers une solution tout-en-un ?
En l’absence de besoin clairement défini, l’équipe emmenée par Nexter progresse sur plusieurs concepts. Deux voies sont possibles, l’une sur base de plusieurs porteurs et l’autre à partir d’une solution « tout-en-un ». La première aurait le mérite d’emmener des capteurs plus puissants, à l’image d’un radar en bande X capable de détecter à plusieurs dizaines de kilomètres, de discriminer convenablement et d’anticiper davantage. Elle est aussi plus « lourde » et dépendrait de la robustesse des communications. En somme, une équation plutôt antinomique de la haute intensité, qui implique de maintenir la capacité de combat avec des moyens perturbés, dégradés voire détruits. 
 

Complexe et onéreuse, cette conception semble s’effacer au profit d’un véhicule unique doté de capacités limitées  – mais non négligeables – et susceptible d’agir en autonomie pour compenser toute défaillance de la chaîne de commandement, cible de choix pour un adversaire à parité. Apparu l’an dernier sous forme de modèle réduit, le Serval ARX 30 est ce qui s’en rapproche le plus.

Exit le « tout missile » adopté par la France depuis les années 1970 pour son bouclier anti-aérien, l’armement moyen calibre revient au goût du jour par l’entremise du tourelleau téléopéré ARX 30, lui-même soutenu par les travaux engagés pour le système RAPIDFire porté par la Marine nationale. Dévoilé fin 2021, ce tourelleau conçu autour du canon 30M781 de 30 mm de l’hélicoptère d’attaque Tigre serait le parfait compromis entre des tourelleaux T1 et T2 trop légers et un missile « surdimensionné » pour traiter les mini et micro-drones. 
 
Une-ebauche-de-Serval-LAD-sur-fond-dacce Deux effecteurs proposés pour une réponse adaptée : le tourelleau ARX 30 et le fusil anti-drones NEROD RF, montés pour l’occasion sur un TITUS
L’ARX 30 bénéficiera à terme de munitions intelligentes taillées pour la mission LAD. Deux munitions airburst  programmables sont en développement, l’une chronométrée et l’autre à déclenchement par proximité. Toutes seront « Super Safe », autrement dit aptes à protéger la micro-électronique intégrée dans la munition des interférences extérieures. « Avec une munition qui n’est pas Super Safe, il existe toujours un risque d’inflammation intempestive et donc de détonation non désirée ou d’inopérance », indique Nexter.
 

« Nous n’avons peut-être pas suivi la voie la plus simple, mais c’est en tout cas la plus sûre », estime Nexter. Cette sûreté supplémentaire ne sera pas de trop pour garantir la compatibilité électromagnétique (CEM) dans un environnement particulièrement chargé. Le Serval, comme toute la famille SCORPION, pourra emporter un kit anti-IED BARAGE, une radio CONTACT, un détecteur d’alerte laser ANTARES. Et la version LAD y ajouterait des technologies radar et de brouillage qui ne feront que densifier les risques en matière de CEM. 

Si d’autres voies sont possibles pour la LAD, certaines doctrines étrangères étudiant des véhicules de guerre électronique orientés vers une fonction strictement « soft kill », « le canon restera l’arme du dernier recours, car il est quasiment imparable », souligne un représentant de Nexter. Le groupe français pousse quant à lui l’idée d’une solution hybride et proportionnelle à la menace et au contexte opérationnel. Aux côtés du canon de 30 mm vient dès lors s’accoler le fusil NEROD RF de MC2 Technologies. 
 

Reste la question centrale de la détection et du suivi de cible. Là encore, Nexter mise sur MC2 Technologies. Ce dernier propose le radar térahertz MATIA, conçu pour détecter de très petits objets dans un rayon de l’ordre du kilomètre. Une distance réduite mais en parfaite adéquation avec la portée du canon de 30 mm. Les performances du radar engageront par ailleurs un choix sur l’optronique embarquée. Indispensable, le viseur a ses avantages et inconvénients, dont celui du coût des performances nécessaires pour identifier et suivre au moins aussi loin que les autres capteurs.

 
Des briques en développement
En attendant une accélération et l’expression de besoin qui en découlera, le développement des principales technologies se poursuit, essentiellement sur fonds propres mais pas seulement. L’Europe, grâce aux leviers financiers du Fonds européen de la Défense, fournit un appui précieux. Le programme FAMOUS 2 et ses 95 M€ engagés sur quatre ans, par exemple, permet d’avancer sur la capacité de double entrée de l’ARX 30. Ce dédoublement de l’alimentation en munitions lui conférera une double casquette : la lutte anti-drones d’un côté, le soutien aux troupes débarquées de l’autre. 
 

Voilà deux ans que Nexter et ses acolytes planchent sur l’intégration mécanique, électrique et logicielle des différentes briques d’un futur Serval LAD. Un travail qui porte surtout sur les capteurs car intégrer des armes sur ses véhicules, Nexter le fait depuis des décennies. Pour un radar, c’est une autre paire de manches. L’effort porte également sur l’ergonomie d’un véhicule très spécialisé mais « de contact ». Son équipage d’au minimum deux opérateurs – un tireur et un chef de bord – doit donc pouvoir s’y abriter en tranche arrière tout en gardant la main sur la totalité des systèmes. 

 

Effecteur principal, le tourelleau ARX 30 « a déjà tiré il y a quelques mois en gaine », nous confirme-t-on. De quoi ajuster, entre autres, la cadence de tir. Si le canon peut tirer jusqu’à 720 coups par minute, il s’agit de trouver la bonne fréquence pour réduire les vibrations et gagner en précision. Résultat : à peu près 230 coups par minute. Le prototype d’ARX 30 est maintenant en cours de finition. L’enjeu immédiat sera de parvenir à démontrer un tir en conditions réelles au tournant de 2024 et d’atteindre par là le niveau de maturité technologique 5 (TRL 5).

Le canon n’ira pas sans ses munitions et, ici aussi, Nexter aborde un nouveau palier de développement. Entre l’airburst chronométrée et l’airburst de proximité, chacune a ses avantages et inconvénients. Plus simple d’utilisation, la seconde reste néanmoins sujette aux interférences en cas de tir proche du sol et ne couvrirait donc pas le spectre complet d’usages. Plus avancée, la version chronométrée réutilise des éléments élaborés pour la munition de 40 mm du canon CTA. À l’instar du canon, cette version a fait l’objet de premiers tirs en gaine pour éprouver la transmission d’informations. 
 

Passé le jalon de la LPM 2024-2030, la suite ne dépend plus seulement des industriels. Basculer d’un prototype à une solution mature ne prendrait que deux ans pour l’ARX 30 et environ quatre ans pour les munitions mais suppose un engagement ferme du ministère. Et si les technologies de base sont maîtrisées, encore faudra-t-il aborder tous les paramètres afférents à la mission LAD. La manoeuvre nécessite des scénarios de référence associant « tel type de drone, telle vitesse, tel angle de rapprochement, telle probabilité attendue ». Si « nous avons beaucoup appris grâce au RAPIDFire », pointe Nexter, manquent encore les scénarios propres à l’environnement terrestre, un « socle d’apprentissage » indispensable pour espérer entrevoir un Serval LAD d’ici quatre ans. 

Ya Rab Yeshua.

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