Quelles commandes et livraisons pour l’armée de Terre en 2025 ?

[BTX]

https://www.forcesoperations.com/quelles-commandes-et-livraisons-pour-larmee-de-terre-en-2025/

Quelles sont les perspectives de l’armée de Terre pour 2025 sur le plan capacitaire ? De la poursuite de SCORPION aux efforts de transformation fixés dans la loi de programmation militaire, tour d’horizon des commandes, livraisons et points d’interrogation inscrits dans le projet de loi de finances. 

 

Les grandes manoeuvres ont démarré pour faire adopter un projet de loi de finances d’ici fin décembre. Un exercice périlleux car conduit sur fond d’austérité, mais dans lequel les armées ont jusqu’à présent sorti leur épingle du jeu : la trajectoire fixée dans la loi de programmation militaire 2024-3030 est tenue à l’euro près dans la mouture initiale. 

 

Des 50,5 Md€ de crédits annoncés pour l’an prochain, 10,6 Md€ sont fléchés vers les grands programmes d’armement. Un sixième de l’enveloppe bénéficiera à l’innovation, le renseignement, les infrastructures et les petits équipements. Des moyens nécessaires pour « poursuivre l’effort de renouvellement et la modernisation de l’équipement des forces pour les adapter à l’intensité de nos engagements et à l’évolution de la menace, tout en intégrant les technologies innovantes », pointe un document budgétaire publié ce vendredi. 

La transformation se poursuit tout en tenant compte de la volatilité du contexte sécuritaire. Ainsi, les travaux d’ajustement annuel de la programmation militaire (A2PM), visiblement menés à bien malgré le flou politique des derniers mois, ont permis de matérialiser des inflexions prioritaires dans les segments de l’intelligence artificielle, des munitions et de la fidélisation et « des besoins essentiels ciblés » dans les drones, la lutte anti-drones, la guerre électronique et la connectivité. Derrière ces nécessaires adaptations, l’ambition de départ est conservée et s’illustre concrètement dans les commandes et livraisons annoncées pour 2025. 

 

Côté armée de Terre, les principaux investissements porteront sur :

- la régénération de 120 VBL

- des lots de missiles Akeron MP et Mistral,

- l’intégration de postes radio CONTACT sur véhicules terrestres,

- des systèmes de contreminage et de bréchage pyrotechnique,

- et sur l’acquisition de 165 camions citernes de nouvelle génération. Ces derniers viendront s’ajouter au 70 acquis cette année auprès du titulaire de l’incrément 1 du programme de flotte tactique et logistique terrestre, Arquus, et permettront de parvenir à quasi mi-chemin de la cible, établie à 450 exemplaires. Cette première étape serait suivie en 2025 de la commande du développement et des premiers camions 4-6 t au titre de l’incrément 2. 

Aucune nouvelle tranche de véhicules n’est à l’ordre du jour en ce qui concerne le programme majeur SCORPION. Les engagements prévus pour cette opération sont essentiellement destinés à la commande de cabines de formation et d’entraînement, sans doute en écho au marché SERKET attribué en 2020 à RUAG Defence France et à Agueris.

 

D’autres dossiers de moindre ampleur sont à l’agenda, tels que l’acquisition de roquettes AT4 F2, de munitions pour char Leclerc ou encore d’optroniques du combattant. Une tranche initiale de missiles antichars courte portée destinés à densifier la trame missile-roquette de l’armée de Terre est programmée par l’entremise du programme MMP. Les crédits permettront par ailleurs d’avancer sur la robotique terrestre, notamment grâce au lancement de travaux relatifs à la réalisation d’un démonstrateur de robot tactique terrestre polyvalent armé. L’effet recherché ? « Un appui au combat débarqué afin d’augmenter les capacités du groupe de combat tout en limitant l’exposition des soldats », avec un premier niveau de performance en 2027.

Question livraisons, l’armée de Terre devrait percevoir 33 Jaguar, 162 Griffon, 10 Griffon MEPAC et 103 Serval supplémentaires. Ce faisant, ce segment de SCORPION aura atteint 45% de sa cible à horizon 2035 tous véhicules confondus. Toujours dans le matériel roulant, 28 véhicules légers et 30 poids lourds des forces spéciales, 103 VBL régénérés et 60 fardiers rejoindront les flottes existantes. Six Tigre portés au standard HAD participeront à harmoniser le parc de l’Aviation légère de l’armée de Terre. 

Près d’un millier de postes radio CONTACT portatifs et véhiculaires et 80 stations sol SYRACUSE IV rejoindront ceux déjà en service. Un cap devrait être franchi pour le programme SYFRALL (système de franchissement lourd-léger) avec le lancement en réalisation de l’incrément 1. Près de 100 M€ d’engagements seront consacrés au lancement d’une première phase d’études et de démonstrations technologiques au profit du programme de char du futur (MGCS). 

 

Les premiers lots de munitions téléopérées courte portée produites par KNDS France et Delair et fruit de l’appel à projet Colibri, de même que quatre vecteurs aériens issus du système de drones tactiques (SDT) sont attendus. Le lancement en réalisation du programme de système de drones tactiques légers (SDTL) est également au calendrier. Remontée en puissance des stocks de munitions oblige, l’industrie livrera de nouveaux lots de missiles Akeron MP et Mistral. 

L’exercice amène enfin son lot d’inconnues, dont l’une contribuant à alimenter le feuilleton du missile air-sol tactique futur (MAST-F).

 

Pour l’heure, la cible reste fixée à deux lots, l’un consacré au Tigre rénové et l’autre au futur drone MALE européen. Mais le retrait allemand de la rénovation à mi-vie du Tigre a rebattu quelques cartes, motivant les partenaires français et espagnol à privilégier la pérennisation du parc tout en réduisant les ambitions d’améliorations capacitaires. Principale conséquence, le sujet MAST-F semble désormais s’éloigner du missile Akeron LP retenu à l’origine pour se réorienter « vers l’acquisition de missiles sur étagère », décision exprimée pour la première fois officiellement par les armées. L’échéancier du programme sera donc mis à jour selon cette nouvelle perspective, complète le document. 

 

Crédits image : 5e RIAOM