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Dissuasion : la France va-t-elle déployer des Rafale armés de missiles nucléaires en Allemagne ?


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Dans une tribune publiée par l’hebdomadaire Welt am Sonntag en juillet 2018, le politologue allemand Christian Hacke, par ailleurs ancien professeur à l’Université de la Bundeswehr, s’était demandé si l’Allemagne resterait toujours protégée par le « parapluie nucléaire américain ». Et, étant arrivé à la conclusion que ce ne serait pas le cas, il avait estimé que Berlin devait développer ses propres forces stratégiques.

« La défense nationale sur la base d’une dissuasion nucléaire doit être prioritaire compte tenu des nouvelles incertitudes transatlantiques et des confrontations potentielles », avait en effet écrit M. Hacke. Mais il s’agissait ainsi d’ouvrir le débat sur ce sujet car ce dernier ne pouvait pas ignorer qu’une telle proposition n’avait aucune chance de se concrétiser au regard des engagements internationaux de l’Allemagne et des importants moyens à mobiliser pour atteindre un tel objectif.

Seulement, ce débat n’eut pas lieu… Les responsables allemands – ou, du moins, certains d’entre eux – ayant considéré que la participation de la Bundeswehr à la dissuasion nucléaire de l’Otan ne saurait être remise en cause.

Pour rappel, l’Allemagne abrite sur son sol des armes nucléaires tactiques B-61, mises à la disposition de l’Otan par les États-Unis, selon le principe dit de la double clé. En clair, ces derniers en gardent le contrôle opérationnel, les chasseurs-bombardiers Tornado de la Bundeswehr étant seulement chargés de les mettre en œuvre, le cas échéant.

Même l’offre de dialogue stratégique sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans la sécurité du Vieux Continent, faite aux pays européens par le président Macron en février 2020, fut accueillie avec dédain par Berlin.

« J’insiste, la protection de beaucoup de pays en Europe est garantie par l’Alliance atlantique, par le parapluie nucléaire des États-Unis. […] Si nous renforçons [la défense de] l’Europe, il s’agit avant tout de renforcer le pilier européen au sein de l’Otan », fit valoir Annegret Kramp-Karrenbauer, alors ministre allemande de la Défense.

« Il faut savoir concrètement de quoi il retourne » mais « pour l’instant, la seule certitude, c’est que les Français ne veulent en aucun cas placer leur arsenal nucléaire sous un commandement européen », avait-elle ajouté. Et pour cause : il n’est évidemment pas question de confier le « bouton » du feu nucléaire à une telle structure parlant et pensant « en quelque esperanto ou volapük intégrés », pour reprendre le mot du général de Gaulle.

Le position exprimée par Mme Kramp-Karrenbauer a été reprise par la coalition gouvernementale emmenée par le social-démocrate Olaf Scholz. D’ailleurs, afin de remplacer les Tornado affectés aux plans nucléaires de l’Otan, celle-ci a commandé 35 chasseurs-bombardiers F-35A auprès de l’américain Lockheed-Martin, grâce au fonds spécial de la Bundeswehr, créé peu après le début de la guerre en Ukraine. Et, l’an passé, il était question d’acquérir huit exemplaires de plus.

Cela étant, la réélection du président Donald Trump pose à nouveau la question de l’avenir du « parapluie nucléaire » américain étant donné qu’il est prêté l’intention à Washington de se désengager militairement de l’Europe pour mieux se concentrer sur l’Indopacifique.

Ainsi, vainqueur des élections fédérales anticipées du 23 février, le chef de file des conservateurs de la CDU/CSU, Friedrich Merz, s’est donné pour « priorité absolue » de « renforcer l’Europe aussi vite que possible afin de parvenir, étape par étape, à une indépendance réelle par rapport aux États-Unis ». Faut-il comprendre que l’Allemagne pourrait se passer des B-61 américaines ?

Pressenti pour être le futur chancelier [à condition de trouver un accord avec les sociaux-démocrates du SPD, arrivés en troisième position, pour former une « grosse » coalition], M. Merz est allé encore plus loin. « Le fait que nous devions discuter avec les Britanniques et les Français pour savoir si leur protection nucléaire pourrait également s’étendre à nous est une question que le gouvernement français a soulevée à plusieurs reprises auprès de son homologue allemand » sans avoir reçu de réponse, a-t-il en effet déclaré, le 21 février.

La veille, lors d’une séance de questions / réponses sur les réseaux sociaux, M. Macron avait rappelé que les « intérêts vitaux de la nation, qui pourraient pousser un président à utiliser l’arme nucléaire, ont toujours eu une dimension européenne ».

Le 24 février, citant un responsable français, le quotidien britannique The Telegraph a avancé que Paris envisageait de déployer des Rafale des Forces aériennes stratégiques [FAS] en Allemagne. Cela « ne devrait pas être difficile et enverrait un message fort », a estimé cette source, dont les propos n’ont pas été confirmés officiellement. En tout cas, seule la France est en mesure d’adresser un tel signal, le Royaume-Uni ayant démantelé la composante aéroportée de sa dissuasion nucléaire, laquelle dépend d’ailleurs fortement des États-Unis.

En attendant, l’une des priorités de M. Merz est de trouver un accord avec les sociaux-démocrates pour porter le montant du fonds spécial de la Bundeswehr à 200 milliards d’euros, ce qui suppose de revoir les règles constitutionnelles qui limitent le déficit structurel fédéral.

Or, selon les résultats des élections, les partis d’extrême droite et d’extrême gauche disposent d’une minorité de blocage… et ont donc les moyens de s’y opposer. D’où, selon l’agence Bloomberg, le projet de faire voter une loi par la chambre basse sortante, c’est-à-dire avant le début de la prochaine législature, qui commencera le 24 mars. « Je discuterai avec les partis qui siègent encore au Bundestag de la question de savoir si nous devons ou non prendre une décision », a expliqué M. Merz.

Ya Rab Yeshua.

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