Les premiers Pégase et Grizzly de série livrés aux forces françaises

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Une page se tourne et une autre s’ouvre pour Arquus, celle de la production en série des véhicules légers et poids lourds pour forces spéciales Pégase et Grizzly. Des véhicules destinés autant au Commandement des opérations spéciales (COS) qu’aux unités conventionnelles, rappelait Arquus à l’occasion du salon SOFINS organisé cette semaine en région bordelaise. 

 

Six PLFS Grizzly au standard 2 et un premier VLFS Pégase sont maintenant sortis de la chaîne d’assemblage limougeaude d’Arquus. Ce dernier prévoit de livrer 50 exemplaires du premier et 40 du second en 2025. Deux objectifs dépassant les cibles inscrites dans le projet de loi de finances, fixées à 30 Pégase et 28 Grizzly.

Le rythme devrait ensuite se maintenir pour parvenir aux 206 Pégase et 151 Grizzly livrés en fin de loi de programmation militaire. Plusieurs versions du Grizzly sont prévues, l’une portant sur un « atelier mobile » reprenant la logique de l’élément léger d’intervention. 

Tous adopteront le brun terre de France à l’exception des 25 Grizzly au standard 1 essentiellement confiés au 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP). Près de deux ans après leur prise en main, ces Grizzly ont manifestement répondu aux attentes des hussards, qui l’utilisent au sein de leurs escadrons de reconnaissance et d’intervention antichar (ERIAC).

 

Bien qu’adoptant un standard différent, les Grizzly du 1er RHP continuent d’évoluer. Le régiment sera parmi les derniers à percevoir le Jaguar, cet engin destiné à remplacer ses AMX 10RC. En attendant, il bénéficie d’un « léger » palliatif par l’intégration sur ses Grizzly d’un lanceur de missile antichar Akeron MP à l’aide d’une griffe dédiée. Une amélioration validée il y a quelques années sur le camp de Canjuers et initialement réservée au standard 2. D’autres évolutions ont été apportées à la marge, à l’instar d’un nouveau bras d’armement lui aussi hérité du standard 2. 

 

Quant au Pégase, la moitié du parc sera fléché vers les forces conventionnelles. Ce « petit frère » du Grizzly devrait intéresser plusieurs unités légères, dont des escadrons d’éclairage et d’investigation « qui viennent d’être recréés » ou ces détachements d’acquisition dans la profondeur nouvellement créés au sein du 35e régiment d’artillerie parachutiste et du 1er régiment d’artillerie. 

Derrière les retours positifs en provenance du 1er RHP, l’essentiel pour Arquus consistait à « livrer des véhicules dans des définitions stabilisées qui correspondaient au contrat et répondaient aux attentes des forces spéciales, les primo-demandeurs ». Entre le lancement du programme et ces livraisons, le contexte a radicalement changé. La lutte contre le terrorisme est passée au second plan, ce recentrage vers les conflits de haute intensité s’accélérant avec le retrait français du Sahel et questionnant au passage l’intérêt de tels véhicules. 

 

Les plateformes légères comme le Grizzly ou le Pégase n’en restent pas moins pertinentes. Non seulement les tensions n’ont pas disparu dans la bande sahélo-saharienne, mais nombreuses sont les unités prônant encore l’agilité et la mobilité en échange d’une moindre protection. De même, la capacité d’emport du Grizzly lui permettra d’évoluer en agrégeant les innovations, à l’image de cette munition téléopérée TOUTATIS de Thales intégrée à l’occasion du SOFINS. « Nous pouvons imaginer d’enlever l’arceau supérieur et d’installer un mortier de 120 mm », poursuit l’industriel du groupe belge John Cockerill. Deux idées parmi d’autres susceptibles de porter l’argumentaire commercial d’Arquus, en recherche de nouveaux débouchés à l’export dans ce segment après la vente de 45 véhicules Sabre – version export du Grizzly – à l’armée koweitienne.