BTX Posté(e) 18 juin Signaler Posté(e) 18 juin https://lignesdedefense.ouest-france.fr/la-france-veut-se-mettre-en-ordre-de-bataille-pour-agir-dans-la-tres-haute-altitude/ Le radar Nostradamus (Photo ONERA) Plus haut que les avions dans le ciel, plus bas que les satellites dans l’espace: la très haute altitude (THA) n’est pas clairement définie. D’un côté, l’espace aérien au-dessus d’un pays est considéré comme souverain mais aucun traité ne précise à quelle altitude il s’arrête. « A l’inverse, le traité de l’espace de 1967 dit que l’espace n’est pas souverain mais ne dit pas quand commence l’espace, on est face à une zone grise », explique le général Rougier, chargé du dossier au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace. Paris considère la très haute altitude comme souveraine, « mais il n’y a souveraineté que si on est capable de la faire appliquer », estime-t-il. En attendant des clarifications, « ne pas pouvoir agir dans la THA exposerait la France à des vulnérabilités exploitables par ses compétiteurs maîtrisant cet environnement », assure Sébastien Lecornu. A l’occasion du salon international de l’aéronautique et de l’espace, le ministre des Armées a donc dévoilé la stratégie « Très haute altitude – THA » dont l’objectif est de détecter et d’identifier les objets manœuvrant entre 20 et 100 km d’altitude. Cette détection est notamment réalisée par les radars de défense aérienne et elle repose également sur le développement de radars longue portée à ultra haute fréquence. Les satellites jouent aussi un rôle en matière de détection en THA. Paris entend donc disposer « à court terme de moyens nationaux d’appréciation de situation et d’action dans cet espace ». Cela passe notamment par l’adaptation des radars existants pour être capables de regarder plus haut et par un financement de 2 millions d’euros pour développer le radar transhorizon Nostradamus installé en Normandie (sur la base de Crucey), qui permet une détection précoce malgré la courbure de la Terre. « C’est un programme ancien (il remonte aux années 1990, ndlr) sur lequel on a décidé de remettre de l’argent », a expliqué le ministre, selon qui « la question des alertes avancées est un enjeu de souveraineté », alors que Paris dépend pour l’heure de Washington dans ce domaine. La stratégie THA comprend par ailleurs un volet « interception » au moyen d’avions de chasse et de leurs effecteurs (missiles). Leurs capacités seront accrues pour être en mesure de neutraliser des menaces évoluant en haute altitude et se déplaçant rapidement. L’armée de l’Air veut par ailleurs développer ses capacités d’interception des engins volant à très haute altitude, qui sont considérés comme des pseudo-satellites (HAPS), comme le Zephyr. « Dans les prochaines semaines », elle va mener une campagne de tirs en haute altitude avec des Mirage 2000 et des Rafale contre des ballons-cibles. D’ici 2030, elle veut enfin pouvoir compter sur le Stratobus, un dirigeable HAPS pouvant voler un an à 19 kilomètres d’altitude et capable de porter une charge utile de 450 kilos. Elle y consacre 10 millions d’euros. L’utilisation des lasers de surface développés pour le spatial est également à l’étude ; des travaux de développement sont en cours dans le cadre du programme Syderal. Sur « la très haute altitude, un enjeu majeur », on lira cette note explicative du ministère des Armées. Ce lien L’armée de l’Air et de l’Espace va s’entraîner à faire la chasse aux aérostats hostiles dans la très haute altitude https://www.opex360.com/2025/06/18/larmee-de-lair-et-de-lespace-va-sentrainer-a-faire-la-chasse-aux-aerostats-hostiles-dans-la-tres-haute-altitude/ 1 1 Citer Ya Rab Yeshua.
BTX Posté(e) 27 juin Auteur Signaler Posté(e) 27 juin https://www.forcesoperations.com/de-nostradamus-au-samp-t-ng-la-maitrise-de-la-tres-haute-altitude-sarticulera-aussi-depuis-la-terre-ferme/ De Nostradamus au SAMP/T NG, la maîtrise de la très haute altitude s’articulera aussi depuis la terre ferme « La très haute altitude devient un enjeu, un espace stratégique », rappelait le général de brigade aérienne Alexis Rougier hier lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées. Désormais dotées d’une stratégie en la matière, les armées adaptent leurs modes opératoires et leurs équipements pour compléter le panel existant. De nouvelles capacités vont apparaître, dont certaines agiront depuis le plancher des vaches. Si cette frange allant de 20 et 100 km d’altitude devient une préoccupation majeure pour les armées, c’est parce qu’elle constitue une zone grise aux frontières de l’espace ni réellement souveraine, ni réellement libre d’accès faute de corpus juridique clair et unanimement admis. Elle devient aujourd’hui « un espace de conflictualité d’une très grande complexité », complète l’officier général en charge la THA au sein de l’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace. « Au gré des développements technologiques, nous serons amenés, collectivement, à voler de plus en plus haut et de plus en plus vite. Et donc à investir cette tranche d’altitude comprise entre 20 et 100 km », observe le GBA Rougier. Certaines armées y opèrent déjà avec une posture peu équivoque. En témoignent l’affaire des ballons chinois en 2023 ou encore les missiles hypersoniques Zircon tirés l’an dernier par la Russie contre l’Ukraine. C’est que cette frange présente plusieurs intérêts : allonge ; permanence opérationnelle grâce aux ballons, aéronefs et autres High-Altitude Permanent Systems (HAPS) ; survivabilité accrue par une vitesse et une altitude élevées, etc. Autant d’atouts à exploiter au profit de la guerre électronique, du renseignement, des communications, voire des frappes à très, très longue portée. C’est pour ne pas rater ce virage et garantir sa supériorité que le ministère des Armées lançait, la semaine passée au salon du Bourget, une stratégie ministérielle ad-hoc. Son objectif ? « Maîtriser cette tranche à l’avenir dans ses trois composantes », que sont la détection, l’interception et l’éventuelle neutralisation, et la conduite d’opérations pour tirer profit de ses avantages. Cette stratégie s’accompagne d’une feuille de route capacitaire progressive qui consistera, premièrement, à adapter les systèmes existants à la dimension THA tout en obtenant obtenir des effets immédiats par des démonstrations opérationnelles, les « Quick Wins ». Et, d’autre part, à lancer de nouveaux programmes pour « développer des capacités pionnières » attendues à l’horizon 2030, explique l’ingénieur général de l’armement de 2e classe Philippe KOFFI, architecte de système de défense Combat Connecté de la DGA. Cette double temporalité amène de premiers résultats. Quelques « Quick Wins » arriveront dès cette année, autant d’expérimentations « qui marquent notre détermination à maîtriser cette tranche d’altitude », note le GBA Rougier. Parmi ces jalons emblématiques, les tirs réalisés ce lundi à partir de Rafale et de Mirage 2000 sur deux ballons-cibles du CNES positionnés à différentes altitudes. Réalisée au terme de plusieurs mois de travaux et avec le concours, entre autres, de DGA Essais de missiles, cette séquence aura mis en oeuvre un missile MICA dont le radar et l’autodirecteur ont été optimisés. Mais la THA se maîtrisera aussi depuis le sol. Derrière ces tirs de neutralisation, la DGA travaille à renforcer ce « gros sujet » qu’est l’alerte avancée, un « prérequis indispensable » à toute tentative d’interception des nouvelles menaces. Pierres angulaires de la surveillance de l’espace aérien, les radars GM400 et GM200 MM/A de l’AAE sont en cours d’adaptation par l’intégration de filtres optimisés et d’une intelligence artificielle « qui est ici cruciale pour détecter ce type d’objets complexes », pointe l’IGA Koffi. Tous deux viennent de faire l’objet d’une expérimentation. Les moyens en service seront à terme assortis d’autres solutions « qui sont autant de briques d’alerte avancées face notamment aux missiles balistiques et hypersoniques ». Il s’agit d’un radar longue portée de trajectographie UHF conçu par Thales, du radar trans-horizon Nostradamus développé par l’ONERA et de moyens spatiaux appelés à compléter le dispositif à compter de 2030. Expérimenté en 2025, Nostradamus permettra de détecter des menaces sur plusieurs milliers de kilomètres, bien au-delà de la ligne d’horizon. Détecter ne suffira pas, « c’est pourquoi nous engageons la montée en puissance coordonnée de nos moyens d’interception », poursuit l’IGA Koffi. Ici aussi, une partie de la réponse se trouve sur la terre ferme. Le système de défense sol-air SAMP/T (MAMBA dans l’AAE) évolue ainsi vers un outil de nouvelle génération apte à agir dans à très haute altitude. Après le tir réussi d’un missile Aster 30 B1 NT en octobre 2024, « nous sommes en train d’évaluer par simulation la capacité de ce missile à intercepter des cibles hautes et rapides comme les ballons et les missiles hypersoniques », indique l’IGA Koffi. La DGA explore également la piste des lasers de surface. Des lasers, distance oblige, autrement plus puissants que ceux déjà acquis pour la lutte anti-drones. Baptisé Syderal, l’effort devrait déboucher sur un laser de de 50 kW capable de neutraliser les optiques embarquées des satellites et ballons à l’horizon 2030. Qu’elles viennent de France ou d’ailleurs, de petits ou de grands acteurs, « toutes les idées sont bonnes à prendre », relève le GBA Rougier. Et, si possible, rapidement. C’est dans cette optique que l’Agence de l’innovation de défense organisera un hackathon courant 2026, cet événement durant lequel étudiants et experts tentent de matérialiser des solutions innovantes en un temps limité. L’un des enjeux ? « Explorer l’univers des possibles en terme d’interception », indique Philippe Koffi. Un univers duquel pourrait par exemple émerger des « mini-missiles sol-air pour l’interception réactive ». Restent enfin plusieurs initiatives européennes prometteuses pour lesquelles la France joue un rôle central. L’une relève du projet d’intercepteur hypersonique HYDIS piloté par MBDA France et lancé sous les auspices du programme européen TWISTER sous coordination française. D’autres idées pourraient découler d’ELSA, cette approche européenne sur les frappes longue portée engagée l’an dernier à l’initiative de la France. Cette stratégie émergente aura un coût. Si il n’est pas doté d’une ligne budgétaire isolée, le volet capacitaire de la THA bénéficie d’un investissement lui aussi progressif et structuré. Une dizaine de millions d’euros sont dès à présent prévus pour décrocher des Quick Wins, dont 2 M€ pour l’expérimentation du radar Nostradamus. L’ajustement annuel de la programmation militaire (A2PM) annonce quant à lui une enveloppe de plusieurs dizaines de millions d’euros qui permettra notamment d’avancer sur l’alerteur UHF de Thales. Au-delà de ces lignes identifiables, la THA reste « irriguée » dans sa globalité par les grands programmes en cours, à l’image du programme SAMP/T NG ou encore d’un SCAF où « la THA va directement impacter les spécifications et les choix capacitaires ». Crédits image : État-major des armées Citer Ya Rab Yeshua.
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