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En février 2021, Bernard Émié, alors Directeur général de la sécurité extérieure [DGSE] expliqua, preuves à l’appui, que les jihadistes sahéliens du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM], d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] et de la katiba Macina avaient l’objectif d’étendre le « jihad » vers le golfe de Guinée, et en particulier à la Côte d’Ivoire et au Bénin. Et c’est ce qui est en train de se produire…

Depuis, suite aux coups d’État survenus à Bamako, à Ouagadougou et à Niamey, la Russie a gagné en influence au Sahel, via notamment le groupe paramilitaire Wagner, tandis que la France a été contrainte de mettre un terme à l’opération Barkhane et que les États-Unis ont dû laisser la base aérienne d’Agadez, utilisée pour des missions ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance] menées depuis le centre du Niger.

Résultat : l’État islamique au grand Sahara [EIGS] est en train de consolider sa présence au Niger et d’effectuer une jonction avec l’État islamique en Afrique de l’Ouest [ISWAP], bien implanté au Nigéria.

Dans le même temps, selon un rapport des Nations unies publié en juillet, le GSIM et ses alliés ont atteint un nouveau niveau de capacité opérationnelle en menant des attaques complexes à l’aide de drones, d’engins explosifs improvisés et d’un grand nombre de combattants contre des casernes bien défendues » tant au Mali qu’au Burkina Faso.

En outre, et au-delà de sa volonté d’instaurer un blocus économique de Bamako, l’organisation jihadiste serait « prête à étendre ses opérations au nord du Togo, au Bénin et à la région de Sokoto [Nigéria], où son allié ‘Ansarul Muslimina Fi Biladis Sudan’ [Avant-garde pour la protection des musulmans en Afrique noire, ou Ansaru] pourrait reprendre ses activités violentes, ce qui étendrait ses ambitions territoriales ».

Signe que la situation s’est significativement détériorée, plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, ont récemment recommandé à leurs ressortissants de quitter le Mali sans délai.

Par ailleurs, dans une étude diffusée ce 12 décembre, l’ONG américaine ACLED [Armed Conflict Location & Event Data] avance que les violences commises par les jihadistes ont « causé la mort de 10 000 personnes au Burkina Faso, au Mali et au Niger » en 2025.

Au-delà du bilan humain, ACLED dit observer « la consolidation d’un nouveau front dans les zones frontalières du Bénin, du Niger et du Nigeria, qui revêt désormais une importance stratégique tant pour les groupes jihadistes sahéliens que nigérians ».

Et d’ajouter que la « convergence croissante entre les jihadistes sahéliens et nigérians marque un tournant, car les théâtres d’opérations sahéliens et nigérians, auparavant distincts, fusionnent progressivement en un seul et même espace interconnecté de violence s’étendant du Mali à l’ouest du Nigeria ». Ce qui est cohérent avec les observations des Nations unies.

Parmi les pays du golfe de Guinée, le Bénin est probablement le plus exposé à la menace jihadiste. D’ailleurs, depuis 2021, il a déjà dû faire face à plusieurs attaques terroristes, dont une a fait une cinquantaine de tués dans les rangs de ses forces armées, en avril dernier. Et cela malgré l’opération « Mirador » qui, mobilisant 3 000 soldats, mêle actions militaires et stratégies de développement au profit de la population civile.

Seulement, cette situation est propice à l’instabilité politique, comme en témoigne la tentative de putsch menée par le lieutenant-colonel Tigri Pascal, le 7 décembre. Ce désormais ancien commandant des forces spéciales de la Garde nationale béninoise a motivé son passage à l’acte en évoquant la « dégradation de la situation au nord du Bénin », la « négligence » de l’État à l’égard des familles des soldats « tombés au front », la « promotion à des grades supérieurs de certains militaires au détriment des plus méritants » et la « mise à la retraite d’office de nombreux militaires et paramilitaires […] sur fond de règlement de compte et de haine ».

Cette tentative de coup d’État contre le président béninois, Patrice Talon, a-t-elle été encouragée par des puissances extérieures ? Difficile à dire… En tout cas, elle a été abondamment commentée sur les réseaux sociaux par des comptes influents passant pour être favorables à l’Alliance des États du Sahel [Niger, Burkina Faso et Mali].

Reste que, si le putsch a échoué, c’est parce que le président Talon a demandé l’appui du Nigéria [qui a dépêché des avions de combat pour frapper les positions des mutins, retranchés au camp militaire de Togbin, près de Cotonou] ainsi que celui de la France.

Selon le président Macron, Paris a fourni un soutien « en termes de surveillance et d’observation et de soutien logistique ». Plus précisément, et cela montre que la France garde un œil sur la région, un avion King Air 350 Extended Range, appartenant à CAE Aviation mais utilisé par les forces françaises pour des missions de renseignement [il est considéré comme étant un avion militaire selon un décret publié en 2019, ndlr], a été repéré dans la région de Cotonou, le jour du putsch, par le site Flightradar24.

 

Plus tard, à l’antenne de RFI, le commandant de la Garde républicaine béninoise, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè, a confirmé le rôle tenu par ce King Air 350. « [Il nous a] permis, en fin de journée, de déterminer exactement les positions des mutins et nous a renseignés de manière précise sur leurs positions », a-t-il dit. Et d’ajouter que des forces spéciales françaises, venues de Port-Bouët [Côte d’Ivoire], avaient également été sollicitées. Ce que Paris n’a pas confirmé.

La Côte d’Ivoire, justement. Ayant déjà connu plusieurs attaques jihadistes, ce pays s’inquiète de l’instabilité dans ses régions frontalières avec le Burkina Faso. Instabilité qui se manifeste, entre autres, par le vol de bétail… pour financer les activités du GSIM. Selon l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée [GI-TOC], l’ampleur de ce phénomène a doublé entre 2023 et 2024. Cela étant, assurent les autorités ivoiriennes, la situation « y est certes préoccupante mais elle est sous contrôle ». Pour combien de temps ?

Pour prévenir toute dégradation, la Côte d’Ivoire ne compte pas seulement son allié français, qui a d’ailleurs réduit sa présence militaire dans le pays, après la rétrocession du camp de Port-Bouët, en début d’année. En effet, d’après l’agence Reuters, elle aurait sollicité l’aide des États-Unis dans le domaine du renseignement, afin de mener des opérations transfrontalières dans le nord.

Plus précisément, les autorités ivoiriennes ont demandé le déploiement d’avions de renseignement américains pour surveiller les régions frontalières avec le Burkina Faso et le Mali. Un haut responsable du contre-terrorisme a précisé, auprès de Reuters, qu’Abidjan et Washington « s’accordaient sur les besoins sécuritaires régionaux » et que « seul calendrier restait à définir ».

De son côté, le département d’État a seulement affirmé que les États-Unis « continueraient activement à poursuivre leur objectifs en matière de contre-terrorisme là où ils recoupent leurs intérêts ». L’Afrique de l’Ouest et le Sahel pourraient en faire partie.

En tout cas, c’est ce que fait valoir Jim Risch, le président [républicain] de la commission des Affaires étrangères du Sénat. Selon lui, les « États-Unis ne peuvent ignorer le danger grandissant : l’EI, le GSIM et leurs affiliés resserrent leur emprise sur le Sahel et l’Afrique de l’Ouest ». Qui plus est, en novembre, le président Trump a menacé le Nigéria d’une intervention militaire après l’avoir accusé de « tolérer » les exactions commises contre les chrétiens. Enfin, Washington entend reprendre pied au Mali, où Rudolph Atallah, le responsable de la lutte antiterroriste à la Maison Blanche, s’est rendu en juillet pour évoquer un « renforcement de la coopération économique et sécuritaire ».

Ya Rab Yeshua.

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