Ces autres innovations désormais soutenues par l’AID

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Une quinzaine d’innovations sont passées à l’échelle l’an dernier avec l’appui de l’Agence de l’innovation de défense (AID), dont plusieurs proviennent des troupes aéroportées. D’autres, émergeant parfois également des forces, profitent désormais du soutien nécessaire pour monter en maturité. 

 

Drone antidrone et mule largable

« L’innovation de défense est et demeure une priorité », rappelle celui qui a pris la tête de l’AID en mars 2023, l’ingénieur général de l’armement Patrick Aufort. Quelque 10 Md€ sont inscrits dans la loi de programmation militaire 2024-2030 non seulement pour investir les nouveaux champs de conflictualité mais aussi pour réussir les sauts technologiques « en proposant un nouvel équilibre entre la préparation des programmes, l’accélération du passage à l’échelle et la prospection des technologies de rupture », complète-t-il en préambule au dernier bilan annuel de l’AID. 

 

La LPM ne générera ses effets qu’à compter de cette année, venant renforcer la dynamique positive déjà engagée. En tout, 15 innovations matures et présentant une valeur opérationnelle significative auront été retenues par le Comité de gouvernance du passage à l’échelle (CGPAE) en 2023, contre 14 en 2022. « Grâce à la consolidation du processus pour favoriser le passage à l’échelle, 15 projets ont pu prendre de l’ampleur et viser un déploiement rapide auprès des forces armées », pointe le patron de l’AID. 

« Certains contribueront directement à la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 », complète-t-il. C’est le cas du RapidEagle, ce drone intercepteur de drone porté par Thales, Squadrone System, InPixal et Aviation Design. Résultat d’un appel à projets, cette solution permet d’éviter la chute d’un drone malveillant dans la foule en interceptant ce dernier en vol au moyen d’un filet. Complexe, la manoeuvre requiert une approche terminale précise facilitée par la caméra infrarouge et les algorithmes d’intelligence artificielle embarqués. 

 

Mais la palme revient à la cellule innovation de l’école des troupes aéroportées, à l’origine d’une mule largable démontable (MLD) et d’un sac de récupération de matériel (SRM). Tous deux visent à faciliter et sécuriser la réarticulation des parachutistes une fois ceux-ci au sol, gain de temps et d’énergie à la clef. Conçue avec la société paloise SUPB, la MLD repose essentiellement sur un essieu à deux roues capable d’emporter jusqu’à 200 kg de charge. Le passage à l’échelle aura permis de commander 80 exemplaires en 2023.

 

 Le SRM permet quant à lui de se passer de la housse placée sur le sac de combat jusqu’alors destinée au rangement des équipements après mise à terre, une « solution peu satisfaisante car encombrante et harassante ». Ce sac spécifique leur permettra de « se réarticuler tout en effectuant les actes réflexes du combattant. Son système de libération d’urgence permet un passage rapide en posture de combat, en cas de contact avec l’ennemi aux abords de la zone de mise à terre ». L’aval du CGPAE s’est traduit par l’acquisition d’une dotation de 4930 SRM au profit de l’armée de Terre. 

 

Le fusil hybride FUSHYB, exemple de projet d’innovation participative retenue en 2023 par l’AID

 

Davantage de fonds pour l’innovation participative

 

Si l’industrialisation est désormais une réalité pour certains, d’autres ont depuis peu abordé la phase critique de montée en maturité. Et, ici encore, l’inventivité de l’écosystème interne est notable. Des 333 projets proposés à l’AID l’an dernier, 34 l’ont ainsi été au travers de la cellule innovation participative (CIP), cette structure chargée de capter et de soutenir les idées en provenance du terrain. C’est certes moins qu’en 2022 (40) et 2021 (56), mais les 27 projets financés ainsi que les six bénéficiaires d’un appui complémentaire l’auront été à hauteur de 1,89 M€. Soit une hausse graduelle des moyens qui « illustre la tendance constatée à la ‘montée en gamme’ des projets d’innovation participative ».

 

Parmi les idées récemment captées, le projet « FUSHYB », un fusil « deux en un » combinant la puissance de feu et la portée d’un côté, la précision et le silence de l’autre. Développée par le premier maître Johann du commando Hubert, cette arme « permet, sans changement de configuration, l’utilisation de munitions supersoniques en mode semi-automatique (pour la puissance de feu et la portée) et de munitions subsoniques en mode réarmement manuel et culasse calée (pour la précision et la discrétion) », explique l’AID. 

 

Côté armée de Terre, un lieutenant-colonel et un ingénieur de l’école de cavalerie planchent sur un simulateur transitoire générique (STG) pour combler l’absence de solution de formation sur véhicule blindé Jaguar. En attendant la matérialisation du programme SERKET en 2027, ce STG propose de s’appuyer sur l’Espace d’instruction collective de numérisation de l’espace de bataille et de simulation mobile (EIC NEB SIMU) et sur le logiciel VBS4 déjà en dotation pour progresser sur le sujet à moindre coût. Deux inventions parmi d’autres nées de la créativité de personnels de l’école militaire de haute montagne, du 31e régiment du génie ou encore du 6e régiment du matériel. 

 

Crédits image : ETAP