Du Sahel à l’Europe de l’est: l’armée française accélère son pivotement

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Des soldats français au combat pendant l’exercice Pikne en Estonie (photo EMA)

Le chef de l’Etat a choisi cette année Djibouti pour « témoigner la reconnaissance de la nation » aux soldats français déployés à l’étranger. Cette visite d’Emmanuel Macron, vendredi, pourrait être l’occasion d’une annonce définitive sur les effectifs militaires en Afrique. Des effectifs attendus en baisse notable puisqu’après le retrait total des forces au Sahel, le départ amorcé des moyens français au Tchad et des réductions attendues des contingents tricolores au Sénégal, au Gabon et en Côte d’Ivoire, il ne pourrait rester en Afrique que 2000 soldats français dont 1500 à Djibouti.

Ce retrait s’accompagne d’un redéploiement caractérisé par un pivotement stratégique de l’Afrique vers l’Europe de l’est. Ce pivotement est déjà à l’oeuvre depuis le positionnement de moyens militaires français en Estonie (mission Lynx depuis 2017) et en Roumanie (mission Aigle depuis 2022).

Les ambitions françaises sur le théâtre Est-européen ne s’arrêtent pas à ces déploiements (300 hommes en Estonie et 1000 hommes en Roumanie). 2025 sera l’occasion d’une nouvelle montée en puissance française à l’Est de l’Europe, le long des frontières avec la Russie. En effet, les armées vont déployer en avril prochain, en Roumanie, une brigade blindée de 8000 hommes. Cette grande unité, « bonne de guerre », c’est-à-dire tout de suite apte au combat et capable de tenir dans la durée, sera déployée en 10 jours avec ses chars Leclerc, ses blindés VBCI et ses canons Caesar.

Un Français et un Estonien pendant l’exercice Pikne (photo EMA)

L’engagement de la 7e brigade blindée de Besançon exigera un tour de force logistique puisqu’il s’agira de transporter, nourrir, loger, ravitailler en carburant et munitions les milliers de soldats français. Mis bout à bout, c’est un convoi long de plus de 9 km, intégrant 1500 conteneurs, qu’il faudra constituer et à qui il faudra faire traverser une partie de l’Europe. Rien d’impossible puisque les forces américaines effectuent ce type de transit, à la fois aérien, routier et ferroviaire, tous les 9 mois depuis 2016. Mais l’exercice Dacian Spring constituera bien une première pour la France.

L’exemple américain ne s’arrête pas là. En effet, Paris prépare l’installation durable d’une base logistique aéroterrestre, probablement en République tchèque. La création de ce hub a été confiée au nouveau commandement de l’appui et de la logistique de théâtre (le CALT). Emmagasinant des munitions, du carburant, de l’armement collectif, des pièces de rechange, cette future base logistique est à l’image des « stocks prépositionnés américains » (les « Pre-positioned war reserve materiel » ou PWRM), dont 11 existent en Europe et qui permettent d’équiper des forces projetées en Europe depuis les Etats-Unis en cas de crise ou de guerre.