BTX Posté(e) 3 juillet Signaler Posté(e) 3 juillet https://www.forcesoperations.com/en-france-la-bataille-pour-les-mto-longue-portee-est-lancee/ Les munitions téléopérées de courte portée arrivent à peine dans les armées françaises que, déjà, démarre le chantier de la longue portée. Une consultation s’amorce à l’horizon, prélude d’un programme pour lequel plusieurs industriels se sont positionnés lors du dernier salon du Bourget. Thales et MBDA sortent du bois Deux nouvelles MTO « Made in France » ont décollé mi-juin au salon du Bourget. L’une a été dévoilée par Thales. Après avoir pris pied dans le segment de contact grâce à TOUTATIS, place à la longue portée pour le groupe français. Fédérateur d’un écosystème de dronistes, Thales s’est cette fois rapproché d’une filiale du groupe MISTRAL, Boreal. Le groupe français amène notamment une tête militaire « maison », quand « Boreal apporte son vecteur aérien. Avec un avantage significatif qui est que ce vecteur aérien a déjà un très grand héritage derrière lui. Nous parlons d’un objet qui a déjà démontré sa capacité en terme d’endurance », explique Éric Lenseigne, vice-président Drone Warfare au sein de Thales. Avec sa motorisation à hélice, la MTO LP dévoilée par Thales disposera d’une vitesse de croisière de 120 km/h et d’une portée de quelques centaines de kilomètres « techniquement allongeable » tout en emportant une charge de l’ordre de 10 à 20 kg. Dotée d’une « sécurité renforcée », cette tête militaire « est agnostique du vecteur aérien, ce qui allège les contraintes logistiques de transport et de stockage, notamment en opérations », indique l’industriel. La plateforme fournie par Boreal servira de socle pour créer « une gamme française complète de Munitions Télé-Opérées Longue Portée », prédit Thales. Progressive, sa feuille de route prévoit en effet une version avancée disposant de « fonctions de contre-vulnérabilité et de profils de mission améliorés, ainsi que des effets militaires variés en frappe à longue distance ». Derrière, le rapprochement avec Boréal ne s’arrête pas à la France car il « ouvre également la voie à des partenariats en Belgique », déclarait Thales. La MTO LP privilégiée par Thales, fondée sur une plateforme apportée par Boréal (Crédits image : Alexandre Light Ex Machina / Thales) Avec ses 3 m d’envergure et sa conception proche de l’aile volante, le One Way Effector de MBDA combine quant à lui l’expertise historique acquise dans les missiles de croisière et celle plus récente relevant des MTO pour devenir une solution capable d’ « amener une charge conséquente à une portée conséquente ». Ou, traduit en chiffre, une tête militaire de 40 kg jusqu’à 500 km tout en volant à 400 km/h grâce au turboréacteur intégré, assure MBDA. Cette MTO découle également d’un partenariat avec un droniste française dont la solution a initialement été conçue et produite pour l’Ukraine. « Nous avons un RETEX d’une munition qui a été utilisée sur un théâtre de guerre de haute intensité », nous explique le groupe européen. Cette logique de binomage avec un droniste, MBDA la privilégie pour chaque nouvelle référence à un catalogue de MTO jusqu’alors limité à la courte portée. Plusieurs modes de lancement sont envisagés, le plus simple reposant sur une rampe. Mais « il est aussi envisagé de tirer à partir d’un conteneur intégré », un mode propice au lancement multiple et quasi simultané. Chez MBDA également, la démarche n’en est qu’à ses début. Le One Way Effector tel que présenté au Bourget est avant tout la brique de départ d’un objet évolutif. Différentes charges sont envisagées, dont l’une modulaire. MBDA étudie également l’intégration de l’IA pour augmenter la portée ou la précision. Et surtout, sans exclure les adaptations potentiellement exigées par le marché export. Derrière la compétition, l’enjeu de la masse Pour les deux géants, « l’objectif, c’est de répondre à un appel d’offres lancé par les forces françaises ». Cette compétition devrait démarrer d’ici peu, potentiellement au tournant 2025-2026. Ce besoin « clairement exprimé par la France », MBDA l’avait anticipé. Ses équipes y travaillent depuis décembre dernier avec pour objectif de déboucher sur l’envol d’un démonstrateur à l’automne prochain. De quoi envisager la livraison d’un produit fini et qualifié en 2027. Tous les deux matures, le drone et la charge utile de Thales permettent d’entrevoir une mise sur le marché dès 2026. Les premiers essais en vol sont programmés pour cet été. D’autres acteurs sont attendus sur la ligne de départ. EOS Technologie et KNDS France planchent ensemble sur un système « Rodeur 330 » lui aussi doté d’une allonge de 500 km et livré prochainement aux forces armées à des fins d’expérimentation. Et que dire de FLY-R, ce droniste réunionnais dont la gamme comprend un candidat potentiel : un système R2-240 capable de voler durant 10 h mais dont la modification sera nécessaire pour dépasser les missions de surveillance et de reconnaissance qui lui sont aujourd’hui assignées. Les solutions techniques diffèrent mais tous s’accordent sur un point : cette MTO LP sera aussi un outil de saturation. Pour MBDA, le One Way Effector est ainsi présenté comme un nouveau moyen « de saturer la défense ennemie pour générer de l’attrition dans la défense sol-air adverse et faire passer un effecteur à haute valeur ajoutée ». « Ce nouvel effecteur oblige ainsi les défenses anti-aériennes les plus sophistiquées à se découvrir, facilitant leur repérage et leur neutralisation, conjointement avec l’utilisation d’autres systèmes de frappe longue portée », à commencer par cette adaptation terrestre du missile de croisière naval que le groupe européen promeut à l’échelon européen. Le One Way Effector de MBDA, dont la conception doit faciliter l’industrialisation à grande échelle Qui dit saturation dit masse, et qui dit masse dit munition bas coût et adaptation de l’outil industriel pour pouvoir accélérer au coup de sifflet étatique. « Une chose est certaine, c’est que la notion d’économie de guerre, qui maintenant date de trois ans, et l’exemple de l’Ukraine nous montrent que nous ne pouvons plus nous contenter de réfléchir en termes échantillonnaires », rappelle Éric Lenseigne. Progressive, la démarche poursuivie par Thales prévoit un premier jalon de production de 1000 têtes militaires par an. Même son de cloche chez MBDA, qui planche sur un modèle industriel permettant de pousser le curseur jusqu’à 1000 systèmes produits par mois si la demande l’exige. Il mise pour cela sur la récupération et la modification d’une plateforme mature pour gagner en simplicité, garantir des cadences de production « extrêmement élevées » et, in fine, offrir un volume mensuel 25 fois supérieur à celui aujourd’hui atteint pour le missile sol-air MISTRAL 3, certes bien plus complexe. Qu’importe la munition à produire, la filière défense n’exclut pas de mobiliser certains acteurs civils pour réussir cette bascule. « Il est incontestable que l’on a des choses à apprendre du monde civil quand il s’agit de produire des objets complexes en très grandes quantités », note Éric Lenseigne. Si Thales reste discret quant à de possibles partenariats, MBDA a d’ores et déjà établi une alliance avec un industriel français de l’automobile pour capitaliser sur des savoir-faire acquis de longue date en matière de production à la chaîne. Crédits image : MBDA Citer Ya Rab Yeshua.
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