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https://www.forcesoperations.com/les-armees-francaises-face-au-risque-dun-double-decalage-en-cas-de-chute-du-gouvernement/

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« Est-ce qu’on reste dans le match ou est-ce qu’on décroche ? », lançait hier le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, depuis le court Philippe-Chatrier du stade Roland-Garros. Un clin d’oeil au lieu, mais aussi aux risques qu’encoure le réarmement des armées françaises en cas de chute du gouvernement et de nouveau retard dans l’adoption du budget annuel.

 

Bis repetita en vue pour les armées françaises ? Si les objectifs de redressement fixés pour 2025 sont tenus jusqu’à ce jour et le prochain budget « quasiment prêt », le vote de confiance du 8 septembre et la chute qui devrait s’ensuivre font craindre un nouveau retard dans la matérialisation des objectifs capacitaires fixés dans la loi de programmation militaire, une dynamique ralentie durant plusieurs mois après la censure de décembre 2024. 

 

« Je pense qu’il y a un risque de double décalage », estimait Sébastien Lecornu au cours d’une table ronde organisée ce jeudi par le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) dans le cadre de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF 25). Au décalage budgétaire s’ajoute en effet un décalage politique pour la France, « puissance nucléaire » et « acteur engagé dans l’ensemble des théâtres dans le monde ». « Tout d’un coup, l’instabilité politique dont nous faisons l’objet interroge sur notre capacité à tenir nos engagements », relevait le ministre des Armées. Cette succession de crises internes risquerait en effet d’écorner la crédibilité de la France alors, notamment, que les négociations entre Kiyv et Moscou stagnent et que Paris poursuit la mise sur pied d’une coalition de volontaires pour l’Ukraine, initiative franco-britannique visant à défendre les termes d’un accord de paix et à garantir la sécurité du territoire ukrainien par la suite. 

 

Mais, dans l’immédiat, c’est bien le risque de décalage budgétaire qui inquiète un ministère jusqu’alors parvenu à passer entre les mailles du filet d’austérité. « La censure de la fin de l’année dernière nous a conduit globalement à avoir deux, trois mois de retard notamment dans la passation de commandes avec un stop and go qui a évidemment des effets néfastes », rappelait Sébastien Lecornu. Répéter ce scénario ne ferait que repousser davantage certains sujets urgents que les armées doivent poursuivre ou lancer grâce aux 57,1 Md€ promis pour l’an prochain, dont un coup de pouce de 3 Md€ annoncé par Emmanuel Macron en amont du 14 juillet.

 

Si le risque de fragilisation tant des armées que du maillage industriel est bien réel, celui-ci reste contenu selon le ministre. « Est-ce qu’on prend un gros retard ? Non », a-t-il tenu à signaler tout en précisant que ses équipes n’ont « pas attendu la guerre en Ukraine pour prendre un certain nombre de décisions ». Le temps long des grands programmes garantit en effet une relative stabilité. Mais la volatilité du contexte sécuritaire et l’évolution rapide des technologies exigent désormais une agilité et une réactivité que l’inertie politique, même temporaire, vient altérer. 

 

Les drones, l’intelligence artificielle, la guerre électronique, par exemple, progressent selon un rythme qui se compte désormais en mois, voire en semaines. « On voit bien que nous avons des briques technologiques qu’il nous faut très très vite acquérir, et les rallonges budgétaires que le président de la République a annoncé le 13 juillet à Brienne, qu’il va falloir maintenant faire voter », et ce malgré les vents contraires. 

 

« Ce que je vais essayer de faire, c’est de sanctuariser la question de la défense nationale dans le débat politique pour faire en sorte que, justement, l’ensemble des formations politiques arrivent à s’y retrouver », annonçait Sébastien Lecornu. Le maintien de l’effort de défense fait globalement consensus parmi les factions politiques. Il n’empêche que le ministère est passé à l’offensive cet été pour s’assurer un soutien dans la durée. C’est sans doute le sens premier de cette campagne de communication engagée autour d’un motto « Investir dans nos armées, c’est concret ». L’occasion de chiffrer, de région en région et de territoire en territoire, l’impact socio-économique des investissements de défense auprès des députés d’opposition qui en proviennent. 

 

D’avis ministériel, tenir le cap suppose de ne pas limiter le champ aux seules dépenses publiques. « La défense est un marché, y compris à l’export », soulignait-il en rappelant qu’ « il n’y a pas d’équilibre de notre modèle sans exportations ». Pour les neuf grands groupes et 4000 PME françaises de l’armement, l’avenir passe donc tant par des victoires à l’export que par la captation de financements privés, autre voie que le contexte tend à faciliter.

 

L’idée semble antinomique de l’enjeu de souveraineté régulièrement évoqué par la voie ministérielle, mais la mutualisation des dépenses entre États est une autre piste à ne pas écarter. Une nécessité plutôt qu’un choix côté français, alors que s’amorce justement un nouveau sommet franco-allemand à Toulon. Si le créneau sera sans doute mis à profit pour désamorcer les crispations entourant le programme SCAF, c’est plutôt sur le secteur spatial que misait hier Sébastien Lecornu. Pour ce dernier, l’heure est au resserrement des rangs face à la domination d’acteurs privés étrangers, SpaceX en tête. Là aussi, l’équation est binaire : « soit on est capable de le faire, soit cela va s’écrouler », avertissait un ministre à nouveau pressenti pour reprendre les rênes du gouvernement si celui-ci venait à chuter.  

 

Crédits image : ministère des Armées

Ya Rab Yeshua.

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