Le missile haut de trame à l’étude pour muscler le Guépard

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L’intégration du missile haut de trame (MHT) sur l’hélicoptère interarmées léger Guépard va faire l’objet d’une étude, apprenait-on hier à l’occasion d’une visite du ministre des Armées au siège d’Airbus Helicopters. Une bonne nouvelle pour ce missile basé sur l’Akeron LP de MBDA en cours de développement mais dont l’entrée en service dans les armées françaises demeure sujette à question. 

 

« L’analyse des conflits en cours nous pousse à étudier l’intégration du MHT sur cet hélicoptère », annonçait hier à Marignane le chef de la division « cohérence capacitaire » au sein de l’état-major des armées, le général de division aérienne Vincent Coste. Commandé pour l’instant à 30 exemplaires sur les 169 envisagés, le Guépard « n’est pas encore en service que l’on veut déjà le faire évoluer », complétait-il en écho à une livraison initiale attendue en 2028 au profit de l’armée de Terre. 

Les discussions entre Airbus Helicopters, MBDA et la Direction générale de l’armement (DGA) se poursuivent aujourd’hui pour engager cette étude qui, en cas de succès, ouvrirait la voie à l’intégration d’un missile MHT jusqu’alors fléché vers le Tigre rénové et vers l’Eurodrone. Une étude que les différents acteurs souhaitent engager « très vite » une fois ses contours pleinement définis. 

 

Pour Airbus Helicopters, il s’agira de se pencher sur l’intégration système et mécanique, l’ajout du missile dans le calculateur d’armement du Guépard, de réaliser des études d’environnement ou encore de définir la capacité d’emport. Pour ce dernier point, l’hélicoptériste compte bien miser sur son système HForce, plateforme modulaire et incrémentale justement conçue pour recevoir un maximum de systèmes d’armes, qu’ils soient en service ou en développement. La démarche pourrait a priori se conclure par un ou plusieurs tirs d’essai. 

Avec une portée annoncée à 20 km et ses têtes militaires différenciées, le MHT amènerait un coup de punch complémentaire du pod mitrailleuse HMP400 et de la roquette guidée laser déjà adoptés. Il renforcerait au passage ce rôle d’hélicoptère d’attaque léger que le Guépard est susceptible d’endosser, lui permettant au passage de traiter des cibles fortement blindées tout en restant éloigné de la défense sol-air adverse. « La menace, en Ukraine par exemple, est très importante et il faut essayer de la conserver le plus loin possible de nous quand nous le pouvons », relevait à ce titre le GDA Coste. Certaines fonctionnalités du MHT, principalement en matière de liaison de données, échapperont néanmoins à l’équipage du Guépard à moins que ce dernier reçoive les antennes dédiées prévues pour le Tigre. 

 

S’il intéressera tout particulièrement l’armée de Terre, l’ajout du MHT pourra tout à fait s’étendre aux autres armées. Il pourrait ainsi devenir une solution intermédiaire pour des marins du ciel « privés » de missile anti-navire léger, une capacité écartée sur le premier standard du Guépard au profit de la roquette guidée laser. S’il ne prétend par remplacer l’ANL, le MHT permettra au moins de traiter des cibles plus durcies et à plus grande distance que la roquette guidée laser. 

D’avis de militaire, c’est aussi l’occasion de plancher sur une solution de repli si le Tigre rénové venait à ne pas être remplacé ou si son successeur prenait du retard, indique-t-on du côté de l’état-major des armées. Le voisin allemand a quant à lui choisi la voie du retrait anticipé. Débarqué volontaire du programme de rénovation du Tigre, Berlin envisage de remiser ses derniers Tigre à partir de 2033 mais sans avoir défini de successeur. 

 

Rien n’est écrit côté français, où se poursuivent des réflexions sur l’aérocombat de demain tant à échelle nationale qu’au sein de programmes de R&D conduits entre pays européens d’une part, de l’OTAN d’autre part. Principal effort national, le programme « Hélicoptère de combat du futur » prévoit notamment d’analyser le besoin futur au-delà de 2040 et d’en définir les concepts d’architectures capacitaires. Annoncé pour 2024, l’octroi d’une première ligne budgétaire a néanmoins été repoussé à 2026 suite à l’ajustement de la programmation militaire.

Ce pari du MHT intervient également à l’heure où certains pays réfléchissent à recentrer leurs acquisitions d’armement vers la filière industrielle européenne. Exit donc le Hellfire américain ou le Spike israélien, pour qui certains positionnements politiques viennent s’ajouter aux enjeux de souveraineté. Il n’est dès lors pas interdit d’espérer un revirement de la part d’un allié espagnol qui a jusqu’à présent privilégié le missile Spike pour la rénovation de ses Tigre.