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https://www.forcesoperations.com/entre-helicopteres-et-drones-une-collaboration-en-construction/

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Pas question de disqualifier l’hélicoptère au profit du drone. Bien au contraire, les travaux se multiplient au sein des trois armées que dans l’industrie française pour combiner les deux capacités et retirer le maximum d’avantages opérationnels au profit l’aérocombat de demain.

 

« Si vous voyez des capacités militaires se développer rapidement, aucune capacité du modèle actuel n’est pour autant disqualifiée », observait le général de division aérienne Vincent Coste la semaine dernière au siège d’Airbus Helicopters. Pour le patron de la division « cohérence capacitaire » de l’état-major des armées, les conflits récents n’excluent en rien l’hélicoptère mais lui demandent de s’adapter, notamment en collaborant étroitement avec celui qui est souvent présenté à tort comme son remplaçant : le drone. 

 

« Les hélicoptères sont utilisés en coordination avec les MTO et les drones. (…) Les Ukrainiens les utilisent pour arrêter les drones kamikazes, donc les versions russes du Shahed. (…) Nous estimons qu’il faut maintenant voir l’hélicoptère de reconnaissance ou de combat, voire de transport, comme un vaisseau-mère en lien avec des capteurs et des effecteurs déportés pour agir plus loin de la menace », analysait le GDA Coste. Renforcer l’allonge, la compréhension de la situation, la protection et la létalité dudit vaisseau-mère, voilà quatre des nombreuses missions à confier à ce nouvel ailier dronisé. 

 

Le sujet est aussi bouillonnant que complexe, alors les trois armées ont rapidement mis le pied à l’étrier. Soutenue par le chef d’état-major des armées et par le ministre des Armées, le défrichage généralisé et le foisonnement d’idées amènent de premiers résultats concrets. Les expérimentations se succèdent donc sans nécessairement se ressembler mais toujours avec l’appui de la Direction générale de l’armement et de l’Agence de l’innovation de défense. Voilà ainsi près de deux ans que l’armée de Terre a confié le sujet à des régiments d’hélicoptères de combat rassemblant à eux quatre le plus grand parc gouvernemental français. 

 

À chaque unité ses objectifs, mais la démarche itérative portée par l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) repose tout particulièrement sur le 3e régiment d’hélicoptères de combat (3e RHC) d’Étain (Meuse). Ce sont ses équipages qui, dès 2024, déployaient et contrôlaient un drone à pilotage immersif (FPV) depuis une Gazelle. C’est au « Grand 3 » qu’a été laissé le soin de conduire une évaluation tactique dans ce domaine puis de l’approfondir conjointement avec le groupement aéromobilité de la Section technique de l’armée de Terre (GAMSTAT). C’est aussi au sein du 3e RHC qu’est envisagée la mise sur pied, dès 2026, d’une escadrille mixte, nouveau pion tactique composé d’hélicoptères, de drones et de télépilotes. 

 

Marins et aviateurs ne sont pas en reste. Ainsi, la Marine nationale aura pu s’essayer à la mise en oeuvre, depuis une frégate de surveillance, d’une MTO conçue par Fly-R au large de l’île de La Réunion. L’occasion d’également construire un embryon de coopération avec l’un de ses hélicoptères. « Les maquettages et vols se sont révélés prometteurs. Des essais auront bientôt lieu en métropole », poursuivait le GDA Coste. De même, l’exercice Dragoon Fury également réalisé par les marins aura permis de valider la capacité de transmission d’un flux vidéo entre un drone lancé depuis un porte-hélicoptère amphibie et un Tigre. Une transmission relayée vers l’état-major tactique par l’entremise du PHA. Plus récemment, l’exercice Polaris voyait un drone partager un flux vidéo et une situation tactique entre des troupes au sol et un bâtiment en mer.

 

Ces premières « touches » préfigurent notamment de l’intégration de systèmes emportant une charge explosive. « Nous envisageons également de larguer des drones armés ou des MTO d’un hélicoptère, son équipage pouvant le contrôler directement », expliquait le GDA Coste. C’est dans cette optique que l’armée de l’Air et de l’Espace vient de procéder au largage d’une MTO depuis un Caracal, manoeuvre qu’elle répétera bientôt depuis un Fennec. Le champ est ouvert pour ce qui est du largage proprement dit, et l’EMA étudie notamment un déploiement à partir des lance-roquettes en service sur le Tigre. Airbus Helicopters travaille quant à lui avec le groupe Thales pour réfléchir à l’intégration de la MTO Toutatis. Et rien n’empêche d’imaginer la prise de contrôle par l’équipage d’une MTO lancée d’un autre aéronef ou depuis la surface.

 
Entre-helicopteres-et-drones-une-collabo Le VSR700, un éventuel ailier “maison” pour un H160 dont la version livrée aux armées françaises sera nativement équipée d’un système de MUM-T
Crédits image : Airbus Helicopters
 

Cet enjeu de dronisation de l’aérocombat, l’industrie l’avait quelque peu anticipé. « Airbus s’interroge depuis un moment sur l’évolution de l’arrivée des drones et leur coopération avec les hélicoptères », indiquait le groupe européen. Il aura été l’un pionniers en la matière, avec des vols expérimentaux conduits dès 2018 sur base de son hélicoptère H145. La démarche se poursuit aujourd’hui avec les machines de nouvelle génération et la refonte de celles déjà en service pour répondre aux défis émergents. La connectivité est de ceux-ci. Résilience, standardisation et interopérabilité ne sont pas que des mots-clefs mais deviennent effectivement des impératifs pour s’assurer de pouvoir protéger les liaisons de données, garantir le partage de flux vidéos et de prendre le contrôle d’un maximum de drones ou de MTO en service en France ou ailleurs. Exit le système de communication propre à l’équipement, il faudra donc disposer de briques communes.

 

Un jalon important était franchi dans ce sens en octobre 2024 grâce au projet MUSHER, qui vise à faire émerger un système de Manned-Unmanned Teaming (MUM-T) européen générique. C’est dans ce cadre que des essais de coopération entre hélicoptère et drones ont pu être réalisés simultanément depuis le site DGA Essais de missiles de l’île du Levant et le sud de l’Italie. Il aura mis en oeuvre un hélicoptère H130 instrumenté et un drone VSR700 pour la partie française. Piloté par Thales, MUSHER « aura démontré la capacité pour un opérateur de prendre le contrôle d’un ou plusieurs drones depuis un hélicoptère situé à très longue distance via une liaison satellite », notait l’ingénieur général de l’armement Emmanuel Laporte, à la tête de l’unité de management Action 3D de la DGA.

 

Le projet MUSHER préfigure à sa manière de ce dont seront capables les futurs Tigre rénovés et hélicoptères interarmées légers Guépard. Tous deux seront en effet équipés du modem Micro TMA PDLU. Conçu par Thales, ce boîtier leur permettra de recevoir un flux vidéo haut débit sécurisé au format STANAG 7085, ce standard OTAN garantissant l’interopérabilité entre différents capteurs aériens. De quoi acquérir d’emblée un niveau d’interopérabilité n°2 avec un drone (LOI2) en attendant un niveau supérieur (LOI3) à portée de main une fois la forme d’onde du drone standardisée. 

 

Airbus parie quant à lui sur HTeaming, cette solution de MUM-T qu’il dévoilait en juin dernier au salon du Bourget. Composée d’une tablette embarquant un logiciel dédié, d’un modem et de quatre antennes à intégrer sur l’hélicoptère, HTeaming permettra à l’équipage de prendre le contrôle et d’opérer un drone en vol tout en limitant la charge de travail supplémentaire. Utilisée de manière autonome ou intégrée au système de mission, sa version initiale a été testée en vol en mai dernier à partir d’un H135 de la marine espagnole. HTeaming fera prochainement l’objet d’expérimentations non seulement en France, mais aussi à Singapour, où la force aérienne entend en évaluer l’intérêt au profit de sa flotte de H225M et en misant sur le drone Flexrotor d’Airbus. 

 

Et parce que les drones ne sont pas tous collaboratifs et deviennent des menaces pour les aéronefs, la DGA progresse aussi sur des solutions dédiées d’anti-abordage. Trophée des innovateurs de la défense en 2023, le projet « Système d’écoute du Signalement électronique » (SéSé) a réussi son passage à l’échelle de par son intégration sur 10 hélicoptères de la Gendarmerie nationale mobilisés lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Une autre voie s’avère plus « radicale » : le recours au canon de 30 mm de l’hélicoptère Tigre pour abattre des drones de type « Shahed », un cas d’usage qui sera évalué dans les prochaines semaines. 

 

Bref, « nous travaillons sur le long terme comme sur le court terme pour nous adapter en permanence », résumait le GDA Coste. Le projet d’actualisation de la loi de programmation portera à ce titre l’effort sur les drones et MTO tout en donnant les moyens de connectivité nécessaires au pivot souhaité dans le domaine de l’aérocombat. D’autres séquences expérimentales sont à l’agenda derrière ce volet budgétaire, dont des essais de collaboration entre un hélicoptère Caïman et un drone Flexrotor à l’automne prochain à Pau dans le cadre de la dronisation de l’aérocombat. Le scénario sera rejoué courant 2026 entre un drone et le NH90 Forces Spéciales, une fois celui-ci livré aux forces. « L’an prochain, ORION, ce grand exercice interarmées, nous permettra de réaliser d’autres essais en partenariat avec les industriels », concluait le GDA Coste. 

Ya Rab Yeshua.

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