BTX Posté(e) 26 octobre 2020 Signaler Partager Posté(e) 26 octobre 2020 Un mortier MO 120 RT du 1er RA héliporté par un Chinook de la 12th CAB Pièces d’artillerie, contrôleurs aériens avancés et hélicoptères ont fait trembler les collines du camp du Valdahon (Doubs) une dernière fois ce jeudi, au terme d’une nouvelle édition de l’exercice Royal Black Hawk « durcie » malgré la crise sanitaire. Ultime raid d’artillerie sur Valdahon Projetés de Belfort à Valdahon grâce à deux hélicoptères Chinook américains, deux mortiers MO 120 RT du 1er régiment d’artillerie sont venus se joindre aux pièces de 81 mm pour un ultime raid d’artillerie (RAIDART) devant conduire à la destruction d’un ennemi fictif. Près d’une quarantaine de tirs guidés par des contrôleurs aériens avancés (Joint Terminal Attack Controller) venus de France, du Royaume-Uni et de Belgique ont labouré le sol doubien en l’espace de deux heures. Un dispositif couvert par deux AH-64D Apache de la 12th Combat Aviation Brigade de l’US Army, stationnée à Ansbach (sud de l’Allemagne), chargés de fournir un appui rapproché fictif selon la procédure JAAT (Joint Air Attack Team). D’un exercice CASEX de niveau régimentaire, Royal Black Hawk s’est rapidement densifié pour devenir un rendez-vous interarmes, interarmées et interalliés. Avec un scénario qui a lui aussi gagné en épaisseur pour privilégier « la manœuvre aéroterrestre d’un sous-groupement tactique interarmes [SGTIA] renforcé par des volets d’appui fournis par l’ALAT, l’artillerie et le génie », explique le directeur de l’exercice (DIREX), le capitaine Guillaume du 1er RA. Cette 8e édition successive aura réuni plus de 350 militaires français des 1er RA, 19e RG, 35e RI, 61e RA, 1er RHC et du Service des essences des Armées ainsi que sept JTAC britanniques, huit JTAC belges et 45 militaires américains. Aux deux Caïman et deux Tigre de l’ALAT se sont joints quatre UH-60M Black Hawk, quatre AH-64D Longbow et deux CH-47F Chinook de la 12th CAB de l’US Army ; contre deux Chinook et une poignée de machines françaises l’an dernier. Un avion de patrouille maritime ATL2 de la Marine nationale aura ponctuellement rejoint le dispositif ainsi que des Mirage 2000D de la BA 133 de Nancy et des Rafale de la BA 113 Saint-Dizier pour simuler le volet Close Air Support. La BA 116 de Luxeuil aura quant à elle fourni les prévisions météorologiques, « un point crucial » pour le déroulé de la manœuvre. Pour les équipages français, la cinquantaine d’heures de vol effectuées sur les 10 jours d’exercice « aura permis de travailler hors des zones du régiment, dans un cadre interalliés et d’avoir des interactions auxquelles nous sommes moins habitués lorsque l’on ne réalise qu’un travail technique », résume le capitaine Adrien du 1er RHC, pilote chef de bord sur Caïman. Le cadre interallié favorise par ailleurs les échanges autour de la manœuvre dans la 3e dimension. Pour le capitaine Yan, chef de détachement Caïman, l’enjeu de Royal Black Hawk repose aussi sur l’assimilation des procédures communes avec le partenaire américain. « Cela passe notamment par la déconfliction dans la 3e dimension et par la communication, car l’anglais est primordial dans notre métier, de la planification à l’exécution de la mission ». « Nous avons pu atteindre tous les objectifs fixés, avec des petites différences selon les régiments. Les sapeurs du 19e RG, par exemple, n’ont pas forcément les mêmes objectifs qu’une équipe JTAC du 1er RA. Le but étant que nous réalisions la manœuvre globale du SGTIA », commente le DIREX. Le point le plus contraignant restera une météo maussade, « qui nous aura forcé à annuler deux missions tout en en ajoutant une nouvelle non-préparée à l’origine, le but étant de maintenir le rythme durant la journée ». Le 1er RA fait donner une dernière fois ses mortiers en clôture de l’exercice Royal Black Hawk 2020 Un durcissement progressif « Nos thèmes tactiques consistent à faire face à un ennemi hybride », rappelle le capitaine Guillaume. Pour les militaires impliqués, il s’agit donc autant de « s’entraîner sur du court terme pour des projections en bande sahélo-saharienne, avec le panel de missions que nous effectuons notamment au Mali, mais également de durcir notre ennemi, qui sera capable de disposer de composantes issues de forces armées régulières », ajoute le DIREX, déjà aux manettes de l’exercice en 2019. « Nous avons donc complété et amélioré notre dispositif pour cette édition 2020 ». À la menace sol-air matérialisée par la simulation de tirs de missiles de type MANPADS est donc venue s’ajouter une composante d’artillerie afin de mieux se préparer « à moyen et long terme face aux conflits futurs ». Inscrite dans la lignée de la Vision stratégique du CEMAT, l’implication croissante de plastrons situés dans le haut du spectre doit permettre aux JTAC, artilleurs et équipages d’aéronefs de se réhabituer à affronter « un ennemi doté des mêmes capacités que nous et donc capable de nous faire plus mal ». Royal Black Hawk est appelé à gagner en réalisme l’an prochain en incluant davantage de participants et en réintégrant un pion supplémentaire au sein de la force adverse : le TRTG (Tactical Range Threat Generator). Ce système mobile est conçu pour simuler un départ de missile en mesure d’ « accrocher » tous les types d’aéronefs présents sur l’exercice. Il est aujourd’hui opéré par le Centre de coordination du polygone de guerre électronique (CCPGE), unique en Europe et cogéré par la France, l’Allemagne et les États-Unis. Participant régulier, ce TRTG n’a pu être incorporé dans la FORAD cette année en raison du plan de charge du CCPGE et des contraintes imposées par la situation sanitaire. JTAC français et britanniques guident les feux des 1er RA et 35e RI lors du raid d’artillerie du 22 octobre Peu d’impact du Covid-19 Le degré d’ambition aurait même pu être porté un cran plus haut si l’Allemagne n’avait dû annuler sa participation suite à une décision politique motivée par la reprise à la hausse des contaminations au Covid-19. Fort heureusement, la dégradation de la situation sanitaire n’aura pas empêchée la venue des autres détachements, au prix de l’adoption de protocoles spécifiques à un cadre interalliés. Pour éviter toute « importation » du virus, les contingents étrangers ont tous dû se soumettre à un dépistage Covid-19 avant de valider leur participation. Idem pour les régiments français, dont le contrôle a été réalisé en interne puis transmis à la chaîne médicale du 1er RA. Cet effort s’est également traduit par « une réduction du nombre de places offertes pour les étrangers afin d’augmenter les distanciations physiques dans les chambres. Il s’agissait également de prévoir des chambres dédiées si des cas contacts et des cas réels étaient détectés ». Une fois l’exercice lancé, l’essentiel repose sur le respect des gestes barrières appliqués depuis plus de six mois, comme le port du masque, la distanciation sociale dès que possible, la désinfection régulière des matériels, etc. « Mission dans la mission » accomplie, Royal Black Hawk s’achève sans que le moindre cas de contamination n’ait été relevé. Le rôle central des drones Hormis les véhicules tactiques VT4 et le fusil d’assaut HK416F, l’artillerie n’est pour l’instant que peu concernée par le renouvellement des matériels de l’armée de Terre. Pour le DIREX, il « encore trop tôt pour tenir compte de l’évolution promise par Scorpion ». À moyen terme, la rupture proviendra surtout de la constitution d’une nouvelle trame drones à destination du 61e RA et des batteries d’acquisition et de surveillance des régiments d’artillerie. « Le but sera de disposer à terme de tout un panel de drones auquel recourir en fonction des besoins en terme d’effets sur le terrain », annonce le capitaine Guillaume. Matérialisée lors de cette édition par la présence d’un microdrone mis en œuvre par quatre artilleurs du 61e RA, cette capacité s’affermira considérablement avec l’entrée en service des Systèmes de mini-drones de reconnaissance (SMDR) et Systèmes de drones tactiques (SDT) Patroller. Trois exemplaires du premier ont été livrés à la STAT en juin en vue de leur déploiement potentiel avant la fin de l’année. Il faudra par contre faire preuve de patience pour le second. Quand le SMDR permettra d’aller « voir au-delà de la colline », le SDT apportera une fonction d’observation et de ciblage dans la profondeur qui n’existe pas aujourd’hui au sein de l’armée de Terre. Pour effectuer le ciblage d’un LRU ou d’un CAESAR, les artilleurs restent notamment dépendants des MQ-9A Reaper de l’armée de l’Air. La projection du SDT Patroller à l’été 2022 permettra de s’en départir progressivement, son autonomie et le degré de précision de ses capteurs embarqués répondant précisément aux besoins exprimés par l’artillerie. 1 Citer Ya Rab Yeshua. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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