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MGCS : Paris et Berlin tranchent un noeud gordien


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Pile à l’heure, ou presque. Conformément à l’engagement pris à Berlin un mois plus tôt, les ministres de la Défense français et allemand ont signé hier matin l’accord de lancement de la première phase du programme de système de combat terrestre principal (SCTP, ou MGCS). 

Trancher un noeud gordien
 

Signe de l’éclaircie constatée depuis juillet dernier, le soleil lui-même s’est invité à la cérémonie de signature. Exit les scénarios d’impasse et autres bisbilles par presses ou parlementaires interposés, place au changement de logiciel et à la signature d’un Memorandum of Understanding (MoU) actant l’entrée dans la phase dite 1A de MGCS, celle du développement de démonstrateurs technologiques. 

C’est, selon le ministre des Armées Sébastien Lecornu, « un moment important » dans le chemin vers la succession des chars Leclerc et Leopard 2 à l’horizon 2040. Paris et Berlin sont désormais alignés, résultat d’un processus centré non plus sur les solutions techniques mais sur l’identification du besoin opérationnel et l’harmonisation de la demande entre armées partenaires. 
 

« Nous ne discutons pas là d’un programme trivial mais du système de combat terrestre appelé à remplacer des ‘vedettes’ nationales que les guerres de demain rendront obsolètes, le Leclerc côté français et le Leopard 2 côté allemand », soulignait pour sa part le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, sur les réseaux sociaux.

MGCS-Paris-et-Berlin-tranchent-un-noeud- Crédits image : ministère des Armées
 

Le document règle, entre autres, l’épineuse question du partage de la charge. « Nous avons tranché le noeud gordien sur la répartition des responsabilités industrielles », s’est félicité le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius. En résulte un partage à 50/50 des coûts et de la charge entre les deux filières qui se maintiendra tout au long des différentes phases. 

Calqué sur le référentiel du SCAF, MGCS se structure désormais selon deux niveaux et huit piliers. Ce sont le niveau 0 du système de systèmes et le niveau 1 relevant des plateformes de combat (canon, missile et appui). À chaque niveau correspondent des études conceptuelles et d’architecture qui serviront à définir progressivement les futurs systèmes.
 

Les huit piliers englobent les activités de R&D et de démonstration. Conduits en national ou en binational, ils relèvent des plateformes (Allemagne), des feux classiques (France-Allemagne), des feux innovants (Fr), de la connectivité (Fr-Al), de la simulation (Fr-Al), des capteurs (Fr), de la protection au sens large dont la protection active et la lutte anti-drones (Al), et des infrastructures et du soutien (Fr-Al).

Un contrat notifié d’ici 2025
 

Chaque pilier ayant désormais son ou ses drapeau(x), reste à y associer des champions industriels. S’ouvre une nouvelle phase, celle de la négociation et de la notification d’un premier contrat d’une durée de trois ou quatre ans par l’Allemagne, pilote du programme. Il s’agira d’aboutir d’ici début 2025, « un objectif très ambitieux », concède le ministre de la Défense allemand.

Ce futur contrat sera confié à une « Project Company » constituée par KNDS France, KNDS Deutschland, Rheinmetall et Thales SIX GTS. Évolution de la coentreprise déjà constituée ou nouvelle structure, ce quatuor aura la charge de conduire l’ensemble des activités réalisées au niveau industriel. 
 

À l’exception de KNDS et de Rheinmetall, tant les industriels concernés que leur répartition parmi les piliers restent des secrets bien gardés qui ne seront dévoilés qu’ « en temps utile », indique l’entourage de Sébastien Lecornu. Une once de logique permet cependant d’éclaircir le tableau. Difficile, en effet, d’imaginer un pilier des feux classiques conduit sans KNDS France, relève par exemple le cabinet ministériel. Idem pour Thales, que l’on imagine mal être écarté du pilier de la connectivité, et pour MBDA, candidat naturel au pilier des feux innovants. 

La France investira 500 M€ d’ici à 2030, l’Allemagne plusieurs centaines de millions d’euros d’ici à  2027. « Un demi-milliard d’euros, c’est beaucoup d’argent », soulignait Sébastien Lecornu. Les deux ministres ont donc donné le « la » : « vous avez en face de vous deux ministres clients ». Deux donneurs d’ordre dont la mission reste de garantir la fourniture de l’équipement demandé par leurs armées respectives. Dès lors, hors de question de dévier de l’objectif fixé, celui de parvenir à un char identique pour les deux armées en 2040. 
 

Ce jalon désormais franchi, l’ouverture de MGCS à d’autres partenaires européens pourrait intervenir « sans doute plus tôt qu’on ne le croit », indique Boris Pistorius. « Il faut aller chercher d’autres partenaires », ajoutait-il, mentionnant au passage l’Italie, officiellement observateur, mais aussi la Pologne, membre d’un triangle de Weimar récemment ravivé et dont le nouveau gouvernement se veut davantage pro-européen. 

Une copie qui s’affine
 

La vision franco-allemande est connue dans ses grandes lignes. Arrivé à terme, MGCS débouchera sur un système de systèmes interconnectés et en partie robotisés. Des plateformes dotées de briques d’intelligence artificielle, de capteurs, armements et de protections de nouvelle génération. Bref, un « char du futur » qui se conçoit « en surplomb des crises, à l’abri du tempo et du fracas médiatiques », relevait le CEMAT.

 

D’annonce en annonce, la copie se précise mais reste à prendre avec du recul au vu de l’horizon fixé et des obstacles potentiels à surmonter. Après les armées françaises, la Bundeswher s’est à son tour essayée au jeu de la prospective. Exemple avec la mobilité, dont les performances pourraient être augmentées en privilégiant la réduction de la masse, estime l’armée allemande dans un article publié en marge de la cérémonie. 

 

La masse maximale du MGCS « doit être réduite par rapport aux plateformes actuelles – une exigence qui a été formulée compte tenu de l’augmentation significative du poids lors des récentes revalorisations des chars de combat principaux de l’OTAN », pointe la Bundeswehr. Cette mobilité, les deux armées la conçoivent autour d’un châssis commun à tous les systèmes et d’une motorisation innovante. « Les diesels hybrides seront très probablement utilisés pour la propulsion, un moteur électrique étant alors chargé par le diesel. Le moteur électrique silencieux peut alors être utilisé dans certaines situations tactiques », note l’article. 

Autre exemple avec l’équipage, réduit à deux ou trois membres et opérant dans un compartiment protégé placé au sein du châssis. Selon le BAAINBw, pendant allemand de la Direction générale de l’armement, « il est maintenant assumé que la tourelle du MGCS sera inhabitée ». L’avantage ? Une tourelle plus compacte malgré un système d’arme plus volumineux, mais mieux protégée et participant à réduire la silhouette. 
 

Quant à la fonction feu principale, aucune piste n’est pour l’instant privilégiée. Seule certitude : « le canon de 120 mm, largement utilisé aujourd’hui, n’a plus aucun potentiel de croissance », explique un expert du BAAINBw. Si le 130 mm de Rheinmetall et le 140 mm de KNDS sont tous deux dans les starting blocks, un scénario à deux voies parallèles semble maintenant exclu, une seule solution devant être sélectionnée à l’issue de tests comparatifs. 

Crédits image : EMACOM

Ya Rab Yeshua.

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