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Rebond, innovation et recherche d’un nouveau souffle à l’export pour Arquus


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Arquus aura rebondi en 2023. Derrière des résultats encourageants, ce spécialiste français des véhicules terrestres cherche toujours un nouveau souffle à l’export. Un enjeu pour lequel il mise notamment sur les effets bénéfiques de son rachat potentiel par le groupe belge John Cockerill. 

Des résultats au vert
 
Pour Arquus, les derniers résultats sont à l’image de la météo du jour : plutôt au beau fixe. L’année 2023 s’est clôturée avec un chiffre d’affaires de 577 M€, en hausse de 3,7% par rapport à l’exercice précédent. « Ce n’est pas une croissance phénoménale mais c’est une croissance quand même », relevait son patron, Emmanuel Levacher. Secret bien gardé, la rentabilité reste positive, Arquus faisant là aussi « un peu mieux qu’en 2022 ». 
 

Avec 300 M€ générés, les activités de services prennent pour la première fois le pas sur celles de la production. Celle-ci reste néanmoins énergique, avec 485 véhicules neufs livrés en 2023, dont 123 Griffon et 22 Jaguar en collaboration avec les deux acolytes du programme SCORPION, KNDS France et Thales. Les premiers poids lourds des forces spéciales au standard 2 sont sortis de la ligne de Limoges. Plus de 90 véhicules blindés légers ont été régénérés au profit de l’armée de Terre, cette opération arrivant bientôt à mi-chemin de la cible de 800 exemplaires modifiés pour tenir deux décennies de plus. 

À l’export, plus d’une vingtaine de véhicules blindés de transport de troupe 4×4 Bastion ont été livrés à l’Arménie, première phase d’un contrat qui s’inscrit dans le renforcement de la coopération de défense entre Erevan et Paris. Un deuxième lot de volume équivalent doit partir cet été. Quelques Bastion ont par ailleurs été vendus aux forces de sécurité intérieure du Chili. 
 

L’année 2024 s’annonce sous de bons auspices, Arquus ayant multiplié les bonnes nouvelles ces dernières semaines. Derrière la rénovation d’une nouvelle tranche de VAB qataris, les armées viennent de lui notifier un contrat majeur pour le développement et la livraison de 70 camions-citernes de nouvelle génération dans le cadre du programme de flotte tactique et logistique terrestre (FTLT). Point de départ pour la production de plusieurs centaines d’exemplaires, ce marché place également Arquus en bonne position pour le prochain incrément de FTLT, attendu en 2024. Le programme SCORPION contribuera une fois encore à consolider le plan de charge, les armées ayant planifié la commande de 253 Griffon et 45 Jaguar.

La visibilité est donc « correcte » mais « nous pourrions faire mieux, à nous d’aller à l’export », estime Emmanuel Levacher. Malgré une présence dans 60 pays, l’export reste en effet le maillon faible et n’aura représenté que 20% des prises de commandes enregistrées en 2023. La reconquête de parts de marché à l’étranger est donc le principal défi identifié pour 2024.
 

Tant les ambitions que les opportunités ne manquent pas. Si l’accès au marché africain demeure difficile en raison de l’instabilité politique et de la concurrence, l’Europe centrale et orientale s’avère prometteuse. Quelques « grosses affaires » sont en cours en Roumanie, en République tchèque, en Grèce et à Chypre, où le véhicule Sherpa accompagne l’offre construite par MBDA autour du missile antichar Akeron MP. Caisse de résonance par excellence, le salon Eurosatory organisé mi-juin à Paris devrait voir défiler 150 délégations sur un stand habilement positionné. Une vitrine idéale pour dévoiler deux nouveautés : un robot et un véhicule blindé 4×4.

John Cockerill, la promesse d’un nouvel élan
 

Sa remontada à l’export, Arquus l’envisage en partie au travers de John Cockerill. À moins d’une surprise de dernière minute, l’entreprise française vit ses derniers mois sous la bannière du groupe suédois Volvo. Officialisé en janvier, le projet de rachat par le groupe liégeois suit son cours et sera finalisé « probablement dans le courant de l’été ». John Cockerill l’a assuré, le scénario d’une restructuration de l’outil industriel ou de l’équipe dirigeante est exclu. Restent quelques tampons administratifs à obtenir de la part de l’autorité de la concurrence et de l’État français pour poser les bases d’un acteur européen qui, une fois sur trajectoire, devrait peser environ 1 Md€. 

Les attentes sont fortes côté français. Intégrer John Cockerill, c’est progresser vers la « taille critique », cette envergure qui permettra de peser davantage dans le paysage défense. C’est aussi rapprocher des gammes de produits naturellement complémentaires, augmenter la capacité d’investissements dans le développement de nouveaux produits et l’innovation et, surtout, la perspective d’ « un boost à l’export ». 
 

Dans une industrie « fragmentée » et « très concurrentielle », l’union d’un spécialiste des blindés légers et médians et d’un spécialiste des tourelles débouchera sur une offre plus complète, plus robuste et plus à même de convaincre une client exigeante. Emmanuel Levacher en est en tout cas convaincu : « grâce à cette combinaison, nous serons peut-être plus performants à l’export ». 

Rejoindre la galaxie John Cockerill, c’est également profiter des réseaux commerciaux établis en Asie – en Inde et au Vietnam par exemple – et en Amérique du Nord. Difficile d’accès, le marché américain est jusqu’à présent resté hors de portée d’Arquus. La dynamique engagée avec John Cockerill, mieux implanté, devrait rebattre certaines cartes. « Nous pouvons aussi imaginer que l’on puisse y développer des choses un jour », note un PDG néanmoins prudent sur le calendrier. 
 

Moins massif que Volvo, John Cockerill devrait in fine apporter un surplus d’agilité, relève Emmanuel Levacher. Nativement orienté vers l’export, l’industriel belge favoriserait en effet cette bascule bénéfique vers une posture « un peu plus agressive et entrepreneuriale ». 

 
Rebond-innovation-et-recherche-dun-nouve L’un des 250 VAB cédés à ce jour à l’Ukraine par la France, dont certains sont préparés par Arquus avant leur transfert
(Crédits image : 46e brigade aéromobile / force armées ukrainiennes)
Soutenir l’Ukraine
 

Arquus est rapidement monté à bord du train de l’aide militaire française à l’Ukraine. Le spectre d’activités s’est progressivement étendu en deux ans, porté par la cession de de véhicules de l’avant blindés (VAB), la production de châssis pour les canons CAESAR assemblés par KNDS France et l’expression de nouveaux besoins. 

Une partie des 250 VAB cédés à l’Ukraine ont été « préparés » sur le site de Garchizy avant leur transfert. Des véhicules en divers états et configurations qu’Arquus transforme en une version unique de transport de troupes, un outil simple mais « très utile pour les opérations sur place ». Des 78 CAESAR susceptibles de sortir de la ligne de Roanne cette année, six ont été commandés par l’Ukraine fin 2023. La France souhaite en acquérir 12. Les 60 restants semblent avoir trouvé preneur, notamment par l’entremise du Danemark. Ne manque que la notification des contrats, un jalon qui n’est « pas encore forcément clarifié ». 
 

« Ce qu’on nous a demandé c’est de produire, alors on produit ». Relancée après quelques années d’arrêt, la chaîne de châssis pour CAESAR tourne aujourd’hui au rythme de six exemplaires par mois. Demain, ce flux établi en coordination avec KNDS France pourrait monter à huit, 10, voire 12 châssis. « Nous n’avons pas vraiment de problème pour augmenter la cadence. Le sujet, c’est plutôt de bien caler cette cadence à celle de KNDS et à la capacité d’absorption du client », relève Emmanuel Levacher.  

« Aujourd’hui, le sujet c’est le délai », insiste le chef d’entreprise. Pour accélérer sur le CAESAR, ses équipes misent avant tout sur l’anticipation, un enjeu régulièrement martelé par le ministère des Armées. L’effort porte essentiellement sur l’adaptation des lignes et sur la commande de certains approvisionnements longs, à l’image des essieux ou d’éléments de la cabine. 
 

Hormis la production, Arquus s’implique dans la mise en place d’une chaîne de soutien en territoire ukrainien pour ces deux parcs. « Nous mettons en place, avec des partenaires ukrainiens, un certain nombre de systèmes pour approvisionner de la pièce et aussi les aider à mettre en place des ateliers de maintenance », explique Emmanuel Levacher. 

 

Un temps passé au second plan, la demande ukrainienne pour des Bastion neufs s’est finalement concrétisée en fin d’année dernière. Un premier lot de 11 véhicules est en cours de production pour une livraison planifiée à partir de juillet. Ces exemplaires permettront d’éprouver le véhicule sur le terrain. Si l’intérêt se confirme, « une centaine devrait suivre » dans un second temps. 

L’Europe, cet autre tremplin pour l’innovation
 

Chaque année, Arquus consacre l’équivalent 3,5% de son chiffres d’affaires à des actions de R&D focalisées sur l’énergie, la survivabilité, la numérisation et la robotisation. Sur l’énergie, par exemple, l’industriel bénéficie d’un avenant au contrat SCORPION lui permettant de progresser sur l’hybridation du Griffon. Un démonstrateur sera dévoilé l’an prochain. La solution pourrait s’avérer intéressante pour les variantes nécessitant beaucoup d’énergie, à l’instar des Griffon poste de commandement et véhicule d’observation d’artillerie. Un investissement sur fonds propres auquel s’ajoute 1% du chiffre d’affaires consacré à l’innovation et, depuis quelques années, l’appui financier européen. 

Le Fonds européen de la défense (FEDef) représente dorénavant un vrai levier financier. Non seulement il représente 20% du budget R&D de l’entreprise, mais il permet aussi à Arquus de se positionner en avant de la scène européenne. Deux projets sont en cours, tous deux lancés en 2022. Un coup de pouce de 17 M€ est ainsi amené par FAMOUS 2, un effort dont les neuf sous-projets visent à concevoir des briques technologiques pour les véhicules militaires de demain. 
 

Arquus y mène toutes les réflexions sur l’architecture des véhicules légers et la mobilité. Le fruit de ses réflexions européennes alimentent directement le programme franco-belge de véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE), qui vise à concevoir un successeur pour le VBL. Signé fin 2023, le marché de pré-conception devrait être suivi d’un contrat de développement en 2025. 

Second projet européen en cours, MARSEUS se poursuivra jusqu’en juin 2025. Emmené par MBDA France, il vise à développer une capacité de tir de missile antichar au-delà de la vue directe. Arquus y contribue par la fourniture d’une plateforme robotisée sur laquelle sera intégrée et démontrée cette capacité. 
 

L’entreprise a deux nouveaux sujets dans le viseur, du moins dans un premier temps. Dans le domaine de l’énergie opérationnelle, Arquus envisage de rejoindre le consortium INDY, pilote d’un programme lancé en 2022 par le FEDef et en lice pour un appel à projets permettant d’envisager la suite dès l’an prochain. 

Bien que n’étant pas à bord du projet franco-allemand de char de combat du futur (MGCS), Arquus reste force de proposition en matière de propulsion hybride non seulement pour le futur, mais aussi pour le présent. Il a, entre autres, participé aux réflexions menées lors de la phase initiale de MGCS, réalisation d’études d’architectures de groupes motopropulseurs (GMP) à la clef. Dans ce segment, l’objectif immédiat sera ce projet « Future Main Battle Tank » (FMBT), l’un de ceux lancés l’an dernier dans le cadre du FEDef et pour lequel s’est constitué un consortium rejoint par Arquus et d’autres acteurs français et européens. L’industriel y porte le pilier de la mobilité, avec un sujet autour du GMP et des réflexions sur la suspension. L’attribution d’une enveloppe de 20 M€ devrait intervenir d’ici peu. 
 

Son appui financier mis à part, le FEDef « a quand même une vertu, c’est à dire que cela nous a obligé à dialoguer, à mieux se comprendre et c’est un peu l’embryon, le prémisse de rapprochements industriels, ce que les industriels ont toujours un peu de mal à faire », constate Emmanuel Levacher. Et en terme de rapprochement entre Européens, Arquus en sait désormais sans doute plus que quiconque. 

Crédits images : Arquus

Ya Rab Yeshua.

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