Voici la première munition téléopérée souveraine adoptée par les armées françaises

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La première munition téléopérée souveraine adoptée par les armées françaises n’est pas celle que l’on croit. Si le résultat de l’appel à projet Colibri de l’Agence de l’innovation de défense continue de capter l’attention, la Direction générale de l’armement a retenu une autre solution tout en misant à nouveau sur le duo KNDS-Delair.

Comme annoncé en début d’année, la DGA a notifié cet été un marché portant sur la fourniture d’une première munition téléopérée de courte portée (MTO CP) développée et produite en France. Et comme pressenti au fil des annonces ministérielles, KNDS France au titre de mandataire, sa filiale munitionnaire (KNDS Ammo France) et le droniste toulousain Delair ressortent vainqueur d’une compétition engagée en juin 2023. 

 

Elle n’a encore ni apparence ni désignation officielles, mais la MTO sélectionnée se matérialise déjà autour de quelques spécifications.

Le choix s’est porté sur une plateforme quadrirotor, une configuration compacte pour laquelle la manoeuvrabilité l’emporte sans doute sur la vitesse. Dotée d’un rayon d’action de 10 km, elle disposera d’une endurance maximale de 40 minutes. Sa masse ne dépassera pas 3 kg, tête militaire comprise. Celle-ci permettra de neutraliser des véhicules légers et du personnel en limitant les effets collatéraux. 

L’oeil affûté l’aura compris : cette définition succincte s’éloigne de celle de la MTO OSKAR (Opportunity Strike Kinetics Aircraft Ruggedized) également conçue par KNDS et Delair. Toutes deux appartiennent à une même famille, mais, entre l’AID et la DGA, les expressions de besoin étaient en effet différentes. Version opérationnelle du prototype issu de Colibri, OSKAR vient d’achever une série d’essais étatiques dont le succès permet d’entrevoir une livraison prochaine aux forces armées ukrainiennes. 

 

Côté français, la suite de MTO CP demandera un peu de patience.

Premier incrément d’une opération « drones de contact » lancée l’an dernier, l’effort devrait aboutir sur de premières livraisons pour la mi-2025. Voire, un peu plus tôt au vu des logiques d’accélération à l’oeuvre dans le segment munitionnaire. Si le ministre des Armées évoquait au printemps l’acquisition de 2000 unités, les cibles ont depuis évolué vers une logique de lots successifs pour des raisons de sécurité. 

Cette nouvelle victoire est un autre jalon important dans la feuille de route de Delair, jusqu’alors axé sur les voilures fixes. L’ouverture du portfolio aux voilures tournantes relève en effet d’une stratégie visant à construire un leader européen du segment. D’autres systèmes à voilures tournantes sont dans les cartons pour adresser d’autres domaines et d’autres applications.

 

Cette irruption dans un segment concurrentiel justifie en partie l’acquisition récente de Squadrone System, société grenobloise spécialisée dans les systèmes multirotors et les essaims de drones. Ses savoir-faire viennent s’ajouter à ceux mobilisés par Delair pour progresser sur plusieurs briques différenciantes, à commencer par l’énergie, le traitement de l’image ou encore la navigation sans GPS et la résistance au brouillage.