Flotte de combat et construction navale: les Etats-Unis confrontés à la puissance chinoise

[BTX]

https://lignesdedefense.ouest-france.fr/flotte-de-combat-et-construction-navale-les-etats-unis-confrontes-a-la-puissance-chinoise/

Dans un récent rapport intitulé « Ship Wars: Confronting China’s Dual-Use Shipbuilding Empire« , le CSIS(Center for Strategic and International Studies) démontre à son tour que la Chine s’est imposée comme « la puissance dominante mondiale en matière de construction navale, marginalisant les États-Unis et leurs alliés dans un secteur d’importance stratégique ».

« Outre la construction massive de navires commerciaux, de nombreux chantiers navals chinois produisent également des navires de guerre pour la marine nationale en pleine expansion. Dans le cadre de sa stratégie de « fusion civilo-militaire», la Chine exploite les ressources à double usage de son empire de la construction navale commerciale pour soutenir sa modernisation navale en cours », avertit le CSIS qui s’inquiète des capacités industrielles américaines en matière de construction navale, les USA ne construisant plus que 1% des navires civils et militaires alors que la Chine en construit plus de la moitié:

Source CSIS

La situation devient donc critique en particulier sur le plan militaire.

Aujourd’hui, la Chine possède la plus grande marine du monde en nombre de navires et elle est en bonne voie pour disposer d'une flotte de 425 navires d’ici 2030.

Parallèlement, la flotte de la marine américaine devrait compter environ 300 navires de combat. La taille et la sophistication croissantes de la marine chinoise, combinées à l’affirmation croissante de Pékin pour devenir une marine de haute mer capable de se projeter massivement, posent des défis majeurs à la préparation et à la dissuasion militaires des États-Unis et de leurs alliés dans la région indopacifique.

Mardi, Donald Trump a promis de remédier à cet état de faiblesse. « Nous construisions tellement de navires », a-t-il déclaré, annonçant la création d’un Bureau de la construction navale rattaché à la Maison Blanche. « Mais nous allons en fabriquer très vite, très bientôt », a-t-il poursuivi, promettant des « avantages fiscaux spéciaux ». Industriels et experts se réjouissent, conscients que la construction navale a besoin d’un coup de fouet aux Etats-Unis, après des décennies d’attrition post-Guerre froide. Ils attendent désormais les détails du plan de Donald Trump pour « ressusciter » cette industrie. « C’est un moment historique », s’est réjoui Matt Paxton, président du Shipbuilders Council of America (SCA), qui représente plus de 150 entreprises américaines de chantiers navals.

En ce qui concerne la flotte de l’US Navy, elle est passée, selon lui, de 471 navires en 1992 à 295 actuellement. D’après son plan de 2025, elle souhaite 390 navires en 2054, ce qui signifierait l’achat de 364 nouveaux vaisseaux en incluant le désarmement des unités vétustes, selon le Bureau du Congrès pour le budget (CBO), qui a chiffré le coût annuel autour de 40 milliards de dollars.

Mais il va falloir aussi compter sur une refonte des stratégies industrielles américaines visiblement mal adaptées. Pour Matt Paxton, l’administration Trump devrait concevoir une « stratégie industrielle complète (…) pour avoir une vision holistique » de la situation et optimiser les contrats, puis réduire le poids administratif et réglementaire pour accélérer le processus. « Quasiment chaque gros programme (…) est en retard, hors budget ou irrémédiablement hors des clous », constatait récemment le sénateur républicain Roger Wicker, à l’audition fin février de John Phelan, désigné ministre de la Marine américaine du nouveau gouvernement.

Autre volet crucial: la pénurie de main-d’oeuvre dans la construction navale, estimée autour de 20% pour des effectifs de plus de 100 000 personnes. La pandémie a entraîné, comme dans la construction aéronautique, une vague de départs en retraite, un creux dans la formation et des bifurcations de carrières. Et, avec un chômage au plus bas, les salaires sont moins compétitifs face à d’autres emplois moins « exigeants physiquement ».