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En octobre 1995, lors du sommet de Chequers, le Royaume-Uni et la France affirmèrent que « les intérêts vitaux de l’un ne pouvaient être menacés sans que les intérêts vitaux de l’autre ne fussent aussi en danger ». Pour autant, la nature de la réponse susceptible d’être donnée par les deux pays ne fut pas précisée. Mais la notion d’intérêts vitaux suggérait que leurs forces nucléaires respectives pourraient être sollicitées.

Puis, en novembre 2010, à la faveur des accords de défense de Lancaster House, Paris et Londres signèrent le traité « Teutatès » en vue d’établir une coopération en matière de recherche dans le domaine du nucléaire militaire, dans le cadre du programme Epure, que la France avait lancé quelques années plus tôt.

Il s’agissait alors de permettre aux Britanniques d’avoir accès à l’installation de Valduc, utilisée par la Direction des applications militaire du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives [DAM/CEA] pour la fiabilisation des armes nucléaires grâce à des moyens de « radiographie éclair ».

« L’installation est désormais exploitée conjointement par les deux nations : environ quarante des cent employés qui y travaillent sont britanniques. […] Si l’exploitation de l’installation est commune, chaque pays reste souverain sur les expériences qu’il réalise : l’engin, son design et les matériaux utilisés ne sont pas partagés », avait expliqué Vincenzo Salvetti, alors directeur de la DAM/CEA, en février 2023, lors d’une audition parlementaire.

Après avoir marqué, en octobre 2022, leur volonté d’approfondir leur coopération militaire dans le droit fil des accords de Lancaster House, au bilan mitigé, la France et le Royaume-Uni ont désormais l’intention de « coordonner » leurs forces stratégiques respectives en cas de « menace extrême ».

C’est en effet ce que vont annoncer le Premier ministre britannique, Keir Starmer, et le président Macron, qui effectue actuellement une visite d’État à Londres.

« Dans une étape importante pour le partenariat nucléaire entre le Royaume-Uni et la France, une déclaration stipulera pour la première fois que les moyens respectifs de dissuasion des deux pays sont indépendants mais qu’ils peuvent être coordonnés et qu’il n’existe aucune menace extrême pour l’Europe qui ne susciterait pas une réponse des deux nations », ont en effet indiqué les services de M. Starmer.

Et d’ajouter : « Ainsi, tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations. La coopération entre les deux pays en matière de recherche nucléaire sera également renforcée, tout en veillant au respect de l’architecture internationale en matière de non-prolifération. »

Ce dernier point doit encore être précisé.

Depuis qu’elle a ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires [TICEN], la France a développé un programme de simulation qui, outre Epure pour les tests hydrodynamiques, repose sur deux autres piliers, à savoir les supercalculateurs et le Laser Mégajoule [LMJ], mis en service en 2014 au sein du Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine [CESTA]. On peut ajouter le réacteur d’essais [RES] de Cadarache, lequel sert au développement des chaufferies nucléaires pour la propulsion navale. Les Britanniques auront-ils un accès à ces moyens ?

Quoi qu’il en soit, la déclaration sur la coordination des forces stratégiques françaises et britanniques va plus loin que celle de Chequers faite il y a trente ans.

Actuellement, la dissuasion nucléaire du Royaume-Uni, qui, contrairement à la France, est membre du Groupe des plans nucléaires de l’Otan, s’appuie exclusivement sur une composante océanique, constituée de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de type Vanguard emportant des missiles balistiques Trident [de conception américaine] dotés de têtes nucléaires britanniques. Dans les années à venir, elle sera modernisée avec l’admission progressive au service actif de quatre SNLE appartenant à la classe Dreadnought.

De son côté, en plus d’une composante aéroportée reposant sur les Forces aériennes stratégiques [FAS] de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et la Force aéronavale nucléaire [FANu] de la Marine nationale, la France compte également quatre SNLE [classe « Le Triomphant], armés de missiles balistiques M51. Ces derniers seront remplacés dans le cadre du programme SNLE3G.

Si la Royal Air Force [RAF] entend renouer avec la mission nucléaire, grâce à l’achat de douze chasseurs-bombardiers F-35A capables de porter la bombe nucléaire tactique américaine B61, les possibilités de coordination avec les forces aériennes françaises paraissent limitées.

Celles-ci pourraient se concrétiser par une participation de la RAF aux exercices Poker [simulation d’un raid nucléaire, ndlr] ou par l’engagement de moyens spécifiques [avions ravitailleurs, renseignement] en appui aux FAS.

En revanche, on peut plus aisément envisager des patrouilles coordonnées entre les SNLE de la Marine nationale et ceux de la Royal Navy, lesquels passent de plus en plus de temps mer [près de six mois !].

Cette coordination impliquera un partage d’informations classifiées entre les deux pays qui, quoi qu’il arrive, garderont le contrôle de leurs armes nucléaires respectives. Un « groupe de supervision nucléaire », va ainsi être, sous la supervision de l’Élysée [et plus probablement sous celle de l’état-major particulier du président de la République] et du Cabinet Office britannique.

Ya Rab Yeshua.

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