BTX Posté(e) %s à %s Signaler Posté(e) %s à %s https://www.opex360.com/2025/09/05/intelligence-artificielle-le-ministere-des-armees-a-inaugure-le-supercalculateur-le-plus-puissant-deurope/ En 2017, alors ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait fait de l’intelligence artificielle un « enjeu stratégique », en soulignant qu’elle était à l’origine d’une « troisième rupture technologique, après la dissuasion nucléaire et l’explosion des technologies de l’information et du numérique ». Ce qui supposait donc de réaliser d’importants investissements pour ne pas se laisser distancer dans ce domaine, notamment par les États-Unis, la Chine et la Russie. Pour relever le gant, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 avait prévu d’investir 100 millions d’euros par an dans l’intelligence artificielle. Cet effort a été confirmé par la LPM 2024-30, avec une enveloppe globale de 600 millions d’euros, dont 200 millions pour les annuités 2024 et 2025. Même si de tels investissements peuvent paraître modestes au regard de cet « enjeu stratégique », ils ont cependant permis au ministère des Armées d’acquérir un supercalculateur classifié de défense, qu’il décrit comme étant « le plus puissant d’Europe et le troisième au monde ». L’acquisition de ce supercalculateur ainsi que la création de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense [AMIAD] avaient été annoncées par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, en mars 2024. Ainsi, avait-il expliqué, l’AMIAD allait disposer de « son propre supercalculateur classifié » pour traiter « souverainement des données secret-défense ». Et d’ajouter : « Non seulement les armées pourront tester l’IA embarquée dans les systèmes d’armes en maintenant un fort degré de protection, mais les industries de défense pourront aussi l’utiliser et le nourrir avec leurs données, sans crainte d’espionnage ». Seulement, l’appel d’offres ASGARD, lancé dans la foulée pour acquérir ce supercalculateur, n’échappa pas aux polémiques, la proposition soumise par Hewlett Packard, associé à Orange, ayant été préférée à celle faite par Atos. Certains ne manquèrent pas d’y voir une atteinte à la souveraineté et une dépendance aux États-Unis. Et cela alors que les processeurs graphiques [GPU] dédiés à l’intelligence artificielle sont principalement produits par l’américain Nvidia. En clair, un autre choix n’aurait rien changé à cet état de fait. Quoi qu’il en soit, le 4 septembre, soit moins d’un an après l’attribution du marché au groupement formé par Hewlett Packard et Orange, M. Lecornu a inauguré ce « supercalculateur classifié de défense », installé au Mont Valérien [Hauts-de-Seine] où, naguère, le ministère des Armées avait installé son premier centre de traitement informatique, en 1977. Au passage, ce site a été choisi car le fonctionnement de cette machine nécessite « certaines exigences en matière de fourniture électrique, de refroidissement, d’alimentation en eau », a expliqué Bertrand Rondepierre, le directeur de l’AMIAD, au quotidien 20 Minutes. Dans le détail, ce supercalculateur compte 1 024 puces de dernière génération offrant une puissance de calcul « décuplée » pour les armées. Totalement coupé d’Internet, il sera mis en œuvre par des personnels français, ayant évidemment l'habilitation « secret défense ». « Ce supercalculateur servira directement aux forces armées et aux industriels de défense, avec des applications concrètes : analyse d’images satellitaires, renforcement de la guerre sous-marine, ou encore robotisation du combat avec le projet Pendragon », a détaillé le ministère des Armées. Pour rappel, mené par l’AMIAD et le Commandement du combat futur de l’armée de Terre [CCF], le projet Pendragon vise à créer une unité robotique de combat qui, fonctionnant grâce à l’intelligence artificielle, devra pouvoir être « engagée au combat pour mener des missions tactiques au profit des forces ». Cependant, la durée de vie de ce supercalculateur est limitée. Ou, du moins, ses capacités risquent d’être rapidement dépassées, compte tenu des progrès technologiques continus dans ce domaine. « La nouvelle génération de processeurs de cette machine, dont nous sommes parmi les premiers mondiaux à bénéficier, est 2,2 fois plus puissante que celle de la fin 2024. Cela montre que d’ici trois ans, elle sera dépassée. Dans une perspective de compétition mondiale, il faut suivre le rythme pour rester dans la course », a d’ailleurs souligné M. Rondepierre. Pour autant, il ne sera pas question de « réformer » ce supercalculateur. Il « pourrait devenir un calculateur secondaire, ou bien nous pourrions répartir les puces qui sont à l’intérieur entre nos différents centres, pour avoir des capacités de calcul supérieures dans ces unités », a-t-il conclu. En attendant, pour le ministre des Armées, il ne fait aucun doute que « la maîtrise de l’intelligence artificielle militaire sera demain l’un des marqueurs majeurs de qui est, ou non, une grande puissance » et « comme l’atome en son temps, c’est en prenant des risques, en faisant preuve de volonté, d’audace et d’endurance que nous pourrons rester en pointe ». Photo : Ministère des Armées Citer Ya Rab Yeshua.
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