L’Otan s’indigne après les incursions aériennes russes et montre les crocs

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Les représentants des 32 pays de l’Otan vont se réunir ce mardi à Bruxelles, à la demande de l’Estonie, après une incursion russe vendredi dans l’espace aérien de ce pays balte (voir mon post de lundi).

Cette réunion du Conseil de l’Atlantique nord (NAC), au niveau des ambassadeurs, aura lieu dans le cadre de l’article 4 du traité de l’Otan, qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace sur l’un de ses membres. En attendant des précisions à l’issue de cette réunion, voici un petit florilège des déclarations récentes des responsables politiques de pays de l’Alliance.

Lundi, des survols de drones ont eu lieu au-dessus des aéroports de Copenhague (Danemark) et d’Oslo (Norvège). Le Danemark a dit faire face à une « menace de sabotage importante ». Selon la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, « cela s’inscrit dans l’évolution que nous avons pu observer dernièrement avec d’autres attaques de drones, des violations de l’espace aérien et des cyberattaques contre des aéroports européens ». A noter que les forces spéciales norvégiennes auraient arrêté deux citoyens singapouriens qui avaient lancé illégalement un drone au-dessus des positions des forces armées norvégiennes près de la forteresse d’Akershus. Selon la police, le drone volait dans une zone d’exclusion aérienne et filmait des installations stratégiques critiques.

 

 L’Otan hausse le ton.

Le ministre estonien des Affaires étrangères Margus Tsahkna a lu, lundi lors de la réunion du Conseil de sécurité sur les survols russes dans des espaces aériens de pays de l’Otan, un texte soutenu par une cinquantaine de pays alliés, réclamant que Moscou mette fin aux « provocations et menaces » contre ses voisins. « Les actions irresponsables de la Russie constituent non seulement une violation du droit international, mais aussi une escalade déstabilisatrice qui rapproche la région d’un conflit plus qu’à tout autre moment de ces dernières années », a-t-il dit.

 

L’Otan montre les crocs.

« Si nous devons affronter des avions volant dans l’espace aérien de l’OTAN sans autorisation, nous le ferons », a déclaré la ministre britannique des Affaires étrangères, Yvette Cooper. « Je dis à Poutine : vos actions irresponsables risquent de provoquer une confrontation armée directe entre l’OTAN et la Russie. Notre alliance est défensive, mais ne vous faites pas d’illusions ».

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré lundi : « Je tiens à être très clair. Nous prendrons la décision d’abattre les objets volants sans discussion lorsqu’ils violeront notre territoire et survoleront la Pologne. Il n’y a pas de place pour le débat. » A noter aussi la mise en garde de Radosław Sikorski, le ministre polonais des Affaires étrangères: « Je n’ai qu’une seule demande à adresser au gouvernement russe : si un autre missile ou avion pénètre dans notre espace aérien sans autorisation, délibérément ou par erreur, et est abattu…, je vous prie de ne pas venir vous plaindre. Vous avez été prévenus. »

« La Suède est prête à détruire les chasseurs russes qui violeraient son espace aérien. Nous avons le droit de défendre notre espace aérien et, si nécessaire, de recourir à la force », a déclaré, pour sa part le ministre suédois de la Défense, Tore O. Sandvik.

 

L’Otan sera-t-il déterminé à mordre?

L’Alliance montrera-t-elle la même détermination à se faire respecter que la Turquie il y  dix ans?

En novembre 2015, dans la province de Hatay, au sud de la Turquie, un avion de chasse russe a violé l’espace aérien de la Turquie. Le Sukhoï 24 avait pénétré dans l’espace aérien turc sur deux kilomètres, soit 17 secondes. Il a été  abattu par deux F-16 turcs. Un des deux membres de l’équipage russe avait été tué.

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 l’Otan appelle la Russie à cesser l’ « escalade »

 

Voici le texte de la déclaration du Conseil de l’Atlantique Nord sur les récentes violations de l’espace aérien de l’Alliance par la Russie (voir mon post précédent).

Il s’ouvre sur des commentaires portant sur la violation par trois avions russes de l’espace aérien estonien du 19 septembre.
« Le Conseil de l’Atlantique Nord s’est réuni ce matin, à la demande de l’Estonie, pour tenir des consultations en vertu de l’article 4 du traité de Washington.

Il condamne fermement la dangereuse violation de l’espace aérien estonien que la Russie a commise le 19 septembre.

Le Commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) a communiqué des informations au Conseil au sujet de cette violation, au cours de laquelle trois avions russes MiG-31 armés ont pénétré dans l’espace aérien estonien, où ils sont restés pendant plus de dix minutes. L’OTAN a réagi rapidement et efficacement : des appareils de pays de l’Alliance ont décollé immédiatement, ont intercepté les avions russes et les ont escortés en dehors de l’espace aérien estonien.

Cette incursion est une nouvelle illustration du comportement de plus en plus irresponsable de la Russie. »

Le texte de l’Alliance précise que c’est la deuxième fois en deux semaines que le Conseil de l’Atlantique Nord se réunit comme suite à l’invocation de l’article 4. Et de rappeler que le 10 septembre, le Conseil avait déjà tenu des consultations au sujet d’une violation massive de l’espace aérien polonais par des drones russes. La déclaration se poursuit:
« Plusieurs autres Alliés – la Finlande, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège et la Roumanie – ont subi récemment des violations de leur espace aérien par la Russie. Nous sommes pleinement solidaires de tous les Alliés concernés.
La Russie porte l’entière responsabilité de ces agissements, qui sont de nature à conduire à une escalade, risquent de donner lieu à une erreur d’appréciation et mettent des vies en danger. Tout cela doit cesser.
L’OTAN continuera d’opposer une réponse ferme aux agissements inconsidérés de la Russie. Le 12 septembre, nous avons lancé l’initiative Eastern Sentry, dont l’objectif est de muscler la posture de l’OTAN sur l’ensemble du flanc oriental. Nous allons renforcer nos capacités ainsi que notre posture de dissuasion et de défense, notamment en mettant en œuvre nos moyens de défense aérienne.
Que la Russie ne se méprenne pas : l’OTAN et les Alliés emploieront, dans le respect du droit international, tous les outils militaires et non militaires qu’ils jugeront nécessaires pour se défendre et pour écarter toutes les menaces, d’où qu’elles viennent. Nous continuerons de réagir comme et quand nous l’entendrons, dans le milieu de notre choix. Notre attachement à l’article 5 est indéfectible.
Conscients que la sécurité de l’Ukraine contribue à leur propre sécurité, les Alliés restent fermement résolus à aider ce pays à exercer son droit naturel de légitime défense dans la guerre d’agression brutale que la Russie a déclenchée contre lui, en l’absence de toute provocation. Ils ne laisseront pas les agissements irresponsables de Moscou les détourner de cet engagement. »