Choix de page

Aller au contenu
Aumilitaire

Messages recommandés

Posté(e)
china-AFP-1236x824.jpeg Un centre chinois de raffinage de terres rares (photo AFP)

Pendant que l’armada américaine faisait des ronds dans l’eau dans la mer des Caraïbes (voir mon post de dimanche), Donald Trump est passé à l’attaque de l’autre côté du globe. Objectif: s’emparer des terres rares dont on recense 17 variétés et qui sont vitales à l’économie des USA et à leur défense. Dès 2015, dans un panorama consacré à ces minerais indispensables, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) avait lancé un avertissement : « Sans les terres rares, pas d’aéronautique, pas de satellites, pas d’électronique. »

Ces terres jouent en particulier un rôle primordial dans l’industrie de défense. Transformés en aimants, elles permettent aux chasseurs de voler, aux missiles de trouver leur cible; on les retrouve dans les bâtiments de combat, les blindés, les bombes guidées et les radars. D’où les efforts américains qui s’intensifient pour s’assurer du contrôle du marché des terres rares. Mais une fois de plus, le président américain trouve la Chine face à lui et à ses ambitions. Petit tour d’horizon en ce lundi.

Le front d’Asie
Depuis quelques jours, l’offensive trumpiste sur les terres rares (souvent désignées par l’acronyme REE pour Rare Earth Element) a pour théâtre principal l’Asie et le Pacifique.

Le 26 octobre, Donald Trump a signé avec la Malaisie un accord sécurisant l’accès des États-Unis aux terres rares de ce pays. Selon l’accord, la Malaisie s’engage à accélérer le développement de son secteur des minéraux critiques en partenariat avec les entreprises américaines, notamment en prolongeant les licences d’exploitation afin d’accroître les capacités de production. La Malaisie avait déclaré en 2023 détenir environ 16,2 millions de tonnes de réserves inexploitées de terres rares. Un moratoire national sur les exportations de terres rares brutes y était entré en vigueur le 1er janvier 2024, afin d’encourager leur transformation sur le marché intérieur.

Ce même 26 octobre, Donald Trump a également annoncé un protocole d’accord non contraignant avec la Thaïlande. Il prévoit des mesures visant à renforcer la coopération dans le commerce des terres rares.

De tels accords ont de quoi réjouir l’Administration Trump.

Toutefois même s’ils confortent la position américaine, ils n’affaiblissent guère la Chine qui reste le grand maître des terres rares! C’est pourquoi, plutôt qu’une guerre économique, Trump préfère une négociation avec Xi Jinping. Leur entrevue de ce jeudi aura lieu en Corée du Sud. Préalablement les négociateurs américains et chinois ont affirmé avoir trouvé une « trame significative » d’accord, portant notamment sur les terres rares. Donald Trump a en effet menacé de taxer davantage les importations chinoises à partir du 1er novembre si Pékin renforçait les contrôles sur les exportations de terres rares et sur les technologies nécessaires à leur raffinage.

Hors d’Asie, Trump aussi à l’offensive
Il y a quelques jours, Donald Trump a signé un accord avec les Australiens, trop heureux de négocier la relève de leurs vieux sous-marins et de relancer le programme tripartite AUKUS (Australie, Royaume-Uni, USA) en échange d’accords sur l’exploitation des terres rares dont l’Australie est l’un des principaux producteurs. Le 20 octobre, Donald Trump a signé avec le Premier ministre Albanese un accord sur les minéraux critiques dans l’espoir de desserrer l’étau de la Chine qui domine ce marché.

Vantant l’abondance de ces ressources dans le sous-sol de son pays, Anthony Albanese a déclaré que l’accord sur les terres rares permettrait de réaliser des projets d’une valeur de 8,5 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros) et ferait passer les relations entre les deux pays à un niveau supérieur .

trump-albacese-1236x824.jpeg Donald Trump et l’Australien Anthony Albanese le 20 octobre 2025, à la Maison Blanche (Photo by SAUL LOEB / AFP)

Outre l’Asie et le Pacifique, il faut aussi noter l’effort diplomatico-commercial de l’Administration Trump en République démocratique du Congo (RDC) et en particulier dans l’est, théâtre des affrontements armés entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. La résolution du conflit dans cette zone critique (l’un des huit ou neuf -on s’y perd- que Trump aurait réglés) a peu à voir avec l’altruisme trumpiste mais bien avec le contrôle des formidables richesses du sous-sol congolais (dans les deux Kivu et au Katanga par exemple). Des richesses contrôlées en bonne partie par des entreprises chinoises.

On n’oubliera pas, enfin, que les Etats-Unis s’intéressent aussi très ouvertement aux terres rares d’Ukraine (voir mon post du 12 mars dernier) et du Groenland.

Méconnu mais central: le raffinage
Détenir des gisements de terres rares ou s’assurer d’approvisionnements massifs et préférentiels ne suffit pas. Il faut aussi raffiner les minerais qui contiennent des terres rares. Ces terres dites « rares » portent en fait mal leur nom : ce sont des métaux qui ne sont pas rares mais qui sont difficiles à extraire. En effet, ils sont mélangés avec d’autres éléments dont ils doivent être séparés; c’est ce qu’on appelle le raffinage.

Ainsi, pour un kilo de lutécium, qui est utilisé dans le traitement des cancers, il faut 1 200 tonnes de roches!

reuters-australia.jpg

Selon des données publiées par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD), un pays concentre actuellement plus des deux tiers des capacités mondiales de traitement des principaux minéraux stratégiques. C’est la Chine qui assure le tiers du traitement mondial du cuivre et du nickel, plus de la moitié du raffinage mondial de l’aluminium, du lithium et du cobalt, autour de 90 % de celui du manganèse et 100 % de celui du graphite naturel.

Pire: la Chine contrôlerait plus de 90% du raffinage des terres rares ; certains analystes avancent même le chiffre de 98%!  Selon une étude du CSIS (Center for Strategic and International Studies) de juillet 2025 (« Developing Rare Earth Processing Hubs: An Analytical Approach« ), la Chine produit bien 60% des terres rares mondiales mais elle contrôle surtout 90% du raffinage. D’où l’inquiétude des concurrents et adversaires de la Chine, les Etats-Unis en tête, face à ce monopole de la Chine dans le domaine du raffinage.

L’Australie (photo Reuters ci-dessus) voudrait aussi s’imposer comme transformateur de terres rares de premier plan. Quatrième producteur mondial de minéraux rares (derrière la Chine qui représentait 69 % de la production mondiale de minerais de terres en 2023, les États-Unis avec 12 %, la Birmanie avec 11 %), elle développe plusieurs installations de traitement, dont la raffinerie de terres rares d’Iluka Resources à Eneabba, dans l’ouest de l’Australie. Iluka produira des oxydes séparés, notamment du néodyme, du praséodyme, du dysprosium et du terbium. La raffinerie devrait être mise en service en 2026.

L’Europe a aussi des ambitions: elle voudrait raffiner 40% des terres rares qu’elle consomme, alors qu’actuellement, elle ne raffinerait que 1% de ses besoins, pour partie dans une usine en Estonie!

Le salut pourrait venir de France.

En effet, une usine de séparation des terres rares a ouvert cette année près de La Rochelle (usine de la société belge Solvay). « Ici, nous avons tout ce qu’il faut pour pouvoir atteindre, à l’horizon 2030, 30 % de la production européenne (de terres rares) », explique Philippe Kehren, le PDG de Solvay. Ce sera ce qu’on peut appeler le hub européen, la place la plus importante de production de terres rares », hors de Chine.

Une autre usine (un projet lancé par la start-up lyonnaise Carester) sera opérationnelle à Lacq en 2026.

https://lignesdedefense.ouest-france.fr/donald-trump-passe-a-loffensive-sur-les-cruciales-terres-rares/

  • Thanks 1

Ya Rab Yeshua.

Réagir à la dicussion

Vous pouvez poster maintenant et vous inscrire plus tard - Déja membre ? connectez vous pour poster avec votre compte

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

© Aumilitaire - Contact - CGU

×
×
  • Créer...