La RCIR française n’est pas mauvaise, vraiment pas mauvaise.
Quatorze menus différents, des desserts variés, un emballage solide – ce sont des avantages évidents. Mais il y a aussi des inconvénients, qui poursuivent ces rations depuis des années :
L’absence de pain. Les biscuits secs et durs, salés, ne remplacent pas le pain. Dans d’autres armées (et j’en ai testé beaucoup), ces galettes sont plus tendres et aérées ; dans la RCIR, on peut s’y casser les dents. De plus, quand nous combattions autrefois les Maures et les Sarrasins dans le Sahara, sous la chaleur, ces biscuits développaient un goût et une odeur chimiques persistants, au point d’être immangeables (et plus tard, le service médical les a d’ailleurs interdits, jugeant qu’ils pouvaient être dangereux). C’est sans doute le plus gros problème.
Peu de boissons isotoniques et de boissons en général. Cela paraît évident : un soldat doit beaucoup (BEAUCOUP) boire, même en climat tempéré. Je pense qu’un doublement des boissons (isotoniques, thé, café) ne ferait que du bien. Mention spéciale aux isotoniques qui, sous la chaleur, se transformaient en une boule compacte qu’il fallait longuement secouer, en jouant au foot avec une bouteille de Diago remplie de cette masse.
Un choix de plats principaux parfois incompréhensible. Par exemple, le thon au riz et lait de coco m’a longtemps laissé perplexe – et on ne pouvait le manger qu’en cas de grande faim. Le porc créole au riz et à l’ananas n’était pas mieux compris. Bien sûr, c’est une question de goût, mais certains plats ne sont consommés par absolument personne. Dans certains cas, même les locaux n’en voulaient pas, comme le « célèbre » fromage fondu, qu’on ne pourrait même pas donner aux prisonniers – ce serait une violation des Conventions de Genève…
Le poids. Pour un déplacement motorisé, ça va. Mais en marche à pied, c’est trop lourd. Lors de patrouilles avec embuscades, par exemple, il fallait trouver des astuces, en laissant les conserves les plus lourdes (certes en solides boîtes d’aluminium, pratiques pour chauffer au feu, mais trop lourdes à porter).
Les sucreries. Là aussi, pas idéal. La nouga et les pâtes de fruits sont désastreuses pour les dents. Un sachet de fruits secs ou de noix serait une excellente alternative.
Le combustible solide. À un moment, les pastilles classiques ont été remplacées par d’autres, dans un emballage vert foncé. Dans le Sahara, elles gonflaient sous la chaleur, faisaient éclater leur emballage et répandaient partout dans la ration un liquide jaune infect, qui contaminait tout le reste.
Ce qu’il y a de plus regrettable – comme souvent dans l’armée – c’est qu’on ne demande jamais l’avis de l’utilisateur final. J’ai mangé plusieurs camions entiers de ces rations au cours de mon service, mais jamais personne n’est venu me dire : « Camarade, tout va bien avec la RCIR ? Qu’est-ce qu’il faudrait changer, améliorer ? »
Dommage.