70 bougies pour une aviation légère de l’armée de Terre tournée vers les défis de demain

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L’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) a soufflé sa 70e bougie en grande pompe. Un anniversaire qui advient à l’heure où la fin de plusieurs décennies d’opérations axées sur la contre-insurrection et le retour de la haute intensité imposent de nouveaux défis techniques et opérationnels. 

 

Quel meilleur écrin que la plus grande base d’hélicoptères d’Europe pour célébrer l’ALAT ? Plusieurs centaines de bérets bleus roi en provenance d’une douzaine de régiments, détachements et commandement mais aussi quelqu’uns arborés par les anciens combattants étaient à la fête jeudi dernier sur le tarmac de la base de Pau-Uzein, garnison du 5e régiment d’hélicoptères de combat et du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales et lieu choisi pour fêter 70 années d’aérocombat. 

Créée le 22 novembre 1954, l’ALAT a depuis lors été au coeur de tous les engagements opérationnels de l’armée de Terre. « Ses atouts sont connus. Les capacités d’accélérer le rythme de la manoeuvre, de décupler la puissance des opérations, d’apporter la surprise, de bousculer l’ennemi, d’appuyer les unités au sol, de redresser une situation », relevait le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Pierre Schill, lors de la cérémonie. « Aéro chez les terriens et terrienne chez les aéros », l’ALAT a été « à de maintes reprises, décisive », observait-il. 

 

Cet anniversaire intervient à un moment charnière. Après trois décennies passées dans les ciels de Libye, d’Afghanistan et du Sahel, le rythme des opérations extérieures s’est progressivement réduit. Mais si la fin de Barkhane en 2022 permet à l’ALAT de faire souffler ses régiments et de régénérer ses matériels, c’est aussi pour mieux préparer ses 6000 aérocombattants, leurs 300 hélicoptères et leur douzaine d’avions à répondre à l’objectif imposé par le CEMAT : être prêts à combattre dès ce soir. 

Sans être caducs, les acquis du passé se complètent d’une introspection imposée par le retour de l’hypothèse d’un engagement majeur, synonyme d’un combat de haute intensité face à un adversaire à parité. « Les guerres qui font rage aux marches de l’Europe posent un défi. En Ukraine notamment, les capacités de déni d’accès ont progressé plus vite que les moyens d’action et de pénétration des aéronefs. (…) Le contexte est exigeant. La saturation de la 3e dimension est une réalité », constatait le CEMAT. 

 

L’ALAT conservera toute sa pertinence à condition d’évoluer. « J’attends qu’elle perfectionne les savoir-faire et les tactiques qui lui permettront de survivre et d’agir dans le champ de bataille futur (…). J’attends qu’elle explore les innovations techniques, technologiques, industrielles et tactiques qui font évoluer ses équipements au rythme des progrès adverses ». Elle peut dès maintenant miser sur les modes d’action qui ont fait sa force dans les conflits récents, démonstration à la clef : voler bas, voler vite et, souvent, de nuit. « Nous avons déjà ces savoir-faire mais nous devons encore les renforcer » et notamment « dans un cadre multinational et au sein de l’OTAN en particulier », constatait le général David Cruzille, à la tête de l’ALAT depuis cet été. 

« Dans la dialectique qui oppose le glaive à la cuirasse, les défenses sol-air font barrage au vol habité. A contrario, les drones percent les dispositifs défensifs les plus denses. Les progrès de la robotisation interrogent sur l’avenir des aéronefs pilotés. Je suis cependant persuadé que les évolutions de la technologie ne disqualifient pas les capacités traditionnelles mêmes si elles en requièrent de nouvelles », notait le CEMAT. Acteur devenu incontournable, le drone est désormais intégré dans les réflexions, poursuit le général Cruzille. Au lieu de s’exclure, drones et hélicoptères tendent à se compléter, comme l’ont démontré les exercices conduits dernièrement et le démontreront ceux à venir, à commencer par le prochain Baccarat. 

 

Rattachée depuis le mois dernier au commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (CAPR), la 4e brigade d’aérocombat (4e BAC) verra la majorité de ses moyens évoluer au cours de la prochaine décennie. En cours de développement, le Guépard est attendu « à l’horizon 2028-2029 » selon le nouveau COMALAT. Les 80 exemplaires prévus pour l’armée de Terre permettront à une Gazelle alors soixantenaire d’enfin entamer une retraite bien méritée. Les 67 hélicoptères d’attaque Tigre seront tous portés au standard « hélicoptères d’appui-destruction » (HAD) courant 2026, jalon intermédiaire vers une rénovation majeure comportant encore quelques inconnues. Le Puma s’effacera prochainement au profit du couple formé par le Cougar rénové et le Caïman. Quant au 4e RHFS, il remplacera ses Caracal par des Caïman FS et bénéficiera lui aussi du Guépard et de l’évolution du Tigre. À terme, c’est une flotte certes légèrement réduite mais mieux uniformisée, plus cohérente donc plus aisée à maintenir dont disposera l’ALAT d’ici 2030-35. 

Le COMALAT se veut confiant : « si l’ALAT est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, c’est parce que nos anciens ont su évoluer. Nous sommes très fiers de notre histoire mais notre regard porte vers l’avenir ». « Trouvez les clefs du combat futur. Éduquez vos cadres pour qu’ils proposent, innovent et expérimentent. C’est au prix de cet effort que l’ALAT conservera le temps d’avance qui lui permettra in fine de surclasser l’adversaire et de rester ce qu’elle a si longtemps été depuis 70 ans : l’atout décisif de l’armée de Terre française », clôturait le CEMAT. Le cap est fixé et l’horizon globalement dégagé, la dynamique vers une ALAT centenaire peut démarrer. 

 

Crédits image : Basile P. / armée de Terre