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Actualiser la loi de programmation militaire pour 2024-2030 ?

Rien n’est acté mais le ministère des Armées y travaille, poussé par un environnement sécuritaire toujours plus dégradé et des faiblesses capacitaires à corriger tant rapidement que sur le long terme. 

 
Pas d’arbitrage mais une réflexion engagée
« Au moment où je vous parle, il n’y a pas d’arbitrage qui est pris sur une nouvelle trajectoire de ressources pour nos armées », pointait le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, ce mercredi en audition parlementaire. Un état de fait qui n’exclut pas une future refonte : la réflexion est « évidemment » déjà engagée, annonçait-il aux députés de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale. 
 

« Est-ce qu’il faut une mise à jour de la programmation militaire ? Pourquoi je la documente et je la travaille ? Parce que je pense que l’on a deux-trois sujets qu’il faut quand même traiter », poursuivait-il.

Premier écueil, le rythme. Le contexte aidant, certaines cibles capacitaires aujourd’hui fixées à l’horizon 2035 pourraient être avancées « au hasard entre 2030 et 2032 ». Idem pour les cibles de la LPM en cours, dont quelques-unes seraient potentiellement anticipées avec le même pas de deux à trois ans, donc à 2027-2028 au lieu de 2030. 

Plusieurs faiblesses subsistent qu’il faut, au vu du contexte, « s’empresser de réparer », notait le ministre des Armées. Le renforcement de stocks de munitions en tête, cheval de bataille de la quasi totalité des armées européennes. L’inflexion est perceptible dans le champ des munitions simples. Celui des munitions complexes exigera par contre de « passer de nouvelles commandes, au-delà même de ce que nous avons mis en place sur l’économie de guerre » pour s’assurer de pouvoir recompléter les stocks plus rapidement en cas de « choc ». 
 

S’ajoutent des « évidences », à l’instar des frégates retirées du format des armées suite à la Révision générale des politiques publiques (RGPP) des années 2000. « Je vais vous donner un scoop : en fait il nous manque trois frégates. (…) Est-ce qu’il faut réparer cela très vite ? En tout cas il faut le réparer ». Même son de cloche pour la flotte d’avions de chasse. Adéquate pour les contrats opérationnels actuels, elle le serait moins en cas d’attrition ou d’engagements supplémentaires, relevait Sébastien Lecornu. Pour d’autres sujets comme le spatial ou les drones, « il faut bien réfléchir », estime le ministre. Deux exemples pour lesquels il y a sans doute lieu de trancher entre le rattrapage d’un retard ou le deuil d’une génération technologique pour directement investir dans la suivante. « C’est pour cela que je veux une mise à jour de la programmation militaire – si il y en a une – qui prenne son temps ». 

 

L’usage répété du conditionnel n’a rien d’anodin, car les obstacles au réarmement ne manquent pas. L’incompressibilité du cycle industriel, par exemple. « On peut se faire plaisir sur des effets d’annonce mais il y a des réalités industrielles », tempérait un ministre rappelant au passage que « Lorient, avec toute la bonne volonté du monde, ne peut pas sortir trois frégates l’année prochaine sauf à déprioriser l’export, ce que je ne souhaite pas ». 

« Si vous n’avez pas suffisamment de missiles Aster 15 et 30 à mettre sur la frégate en question, on aura bien l’air malin à avoir trois frégates de plus avec des soutes à munitions à moitié vides ». Avions, frégates ou blindés, tout renforcement ramène également à la question de la cohérence, écho direct à cet équilibre recherché par la LPM. Acheter plus de matériels majeurs, oui mais quid des munitions, infrastructures, systèmes de soutien associés et autres équipages à recruter, former et entraîner ? « Ce débat de la cohérence, il nous poursuivra », insistait le ministre des Armées. 
 
Éviter le mur de l’austérité
Au-delà des nouvelles priorités et autres questions de cohérence, c’est bien sur le volet financier que le bât blesse. Après deux marches budgétaires franchies de justesse, restent plus de 315 Md€ à affermir pour abonder les cinq prochaines annuités de besoins programmés. Avant de parler d’une refonte de l’enveloppe de la LPM, « encore faut-il qu’elle soit tenue à l’euro près, ce qui est un combat ». 
 

Si l’appui parlementaire semblait acquis ce mercredi en commission, l’équation financière paraît en effet toujours plus complexe à résoudre. La cure budgétaire stricte engagée en 2024 va se poursuivre avec 40 Md€ d’effort supplémentaires à générer en 2026. « Le projet de loi de finances 2026 devra être construit sur un effort significatif de rationalisation des dépenses publiques, dans lequel l’État et ses opérateurs ont vocation à être exemplaires. Ainsi, les ministères doivent réfléchir à leur budget selon une logique de budget « base zéro » : chaque dépense publique sera réinterrogée sur son utilité, son efficacité », avertit Bercy. 

 

Rien ne dit que les armées passeront pour la troisième fois consécutive entre les mailles du filet. L’impact de l’austérité est d’ailleurs devenue un bruit de fond récurrent dans les allées des salons de défense et sur les terrains de manoeuvre. Côté industriel, certains s’interrogent quant à l’empreinte nationale réelle sur le carnet de commandes. Pour beaucoup, le réarmement prôné par la LPM et l’effort de bascule en « économie de guerre » restent des réalités lointaines. Tous ne profitent pas – du moins pas encore – de la dynamique ambiante, en témoignent les procédures de redressement judiciaire, menaces de liquidation et autres opérations de sauvetage étatiques lancées dernièrement.

Côté militaire, l’interrogation porte sur les potentiels renoncements à consentir pour acquérir, au mieux à enveloppe fermée, les équipements imprévus mais dorénavant nécessaires. Des compromis à trouver qui, pour l’armée de Terre, se retrouve renforcé par sa transformation. Exemple avec des 6e brigade légère blindée et 9e brigade d’infanterie de marine spécialisées, entre autres, dans le combat amphibie mais dépourvues de moyens de débarquement en propre. Exemple avec la frappe longue portée terrestre, cet objet médiatique appelé à combler un trou capacitaire béant. Un démonstrateur souverain ne serait pas attendu avant 2027, date à laquelle le lance-roquettes unitaire sera théoriquement considéré comme obsolète. Pour les artilleurs, le spectre d’une rupture temporaire de capacité n’est pas exclu à moins d’une prolongation de la durée de vie de leurs LRU ou d’un achat sur étagère qu’il aurait fallu acter… hier pour s’assurer une bonne place dans une file d’attente toujours plus longue. 
 

Le renoncement n’est pas le seul mécanisme mobilisable. Réduire la facture et pour investir ailleurs en est un autre, rappelait un ministre des Armées attentif aux profits générés dernièrement par une partie de l’industrie de défense. « Ce n’est pas un tabou. (…) Je souhaite que l’on puisse y voir clair », expliquait le ministre des Armées. Y voir clair non seulement en matière de ruissellement de la valeur des grands groupes vers leur chaîne de sous-traitance, mais aussi pour les prix pratiqués vis-à-vis de l’État client. Dit autrement, « il ne peut pas y avoir de doute sur la juste répartition de cette richesse », martelait un ministre poussant également « pour acheter le moins cher possible ».

Crédits image : armée de Terre
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Ya Rab Yeshua.

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