Trump va rebaptiser le Département de la Défense et le remettre sur le pied de « guerre »

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Le président Donald Trump ne cachait pas son intention de renommer le Département de la Défense (le DoD) en lui redonnant son nom d’avant 1947: le « Département de la Guerre ». Lundi de la semaine dernière, Trump avait déjà déclaré : « J’ai le sentiment que nous allons changer. Tout le monde aime ça. Nous avons eu une histoire incroyable de victoires quand cela s’appelait le Department of War (Département de la Guerre). »

Ce sera désormais chose faite ce mardi, selon un communiqué de la Maison Blanche. Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, deviendra donc le « secrétaire à la Guerre ».

 

Le Department of War a été créé par George Washington en 1789. Il a existé jusqu’en 1947, lorsqu’il a été réorganisé par le président Harry Truman puis officiellement renommé Department of Defense en 1949.

En France, de la Défense aux Armées
Le ministère français de la Défense a aussi officiellement changé de nom, la dernière fois en 2017 sous le gouvernement d’Edouard Philippe, pour devenir le ministère des Armées.

Ce nom avait déjà été utilisé à plusieurs reprises dans l’histoire administrative française, notamment entre 1958-1969 et 1973-19741. Voici l’historique des appellations principales :
1791–1946 : Ministère de la Guerre
1946–1958 : Ministère de la Défense nationale
1958–1969 : Ministère des Armées
1969–1973 : Ministère de la Défense nationale
1974–2017 : Ministère de la Défense
Depuis 2017 : Ministère des Armées
Ce dernier changement de nom visait à réaffirmer la dimension militaire du ministère, en mettant l’accent sur les forces armées elles-mêmes plutôt que sur une notion plus large et parfois plus administrative de « défense ».

Une autre annonce?
Changer le nom du DoD ne porte guère à conséquence; certes on pourra toujours gloser sur le sens et la portée de cette transformation mais les missions et les moyens du futur DoW ne devraient guère évoluer.

En revanche, Trump pourrait profiter de cette annonce pour confirmer un prochain déploiement des forces de l’ordre fédérales à Chicago, comme il l’a déjà imposé dans la capitale américaine, Washington DC. Le Président passerait donc outre les avertissements des démocrates américains qui ont mis en garde dimanche contre une « invasion » de Chicago par des militaires de la Garde nationale et des milliers d’agents fédéraux, officiellement pour sa croisade contre l’immigration et la criminalité.

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National Defense Strategy: des inflexions attendues dans la « priorisation » des menaces

Pete Hegseth avec des soldats de la Joint Task Force – Southern Border à Santa Teresa, en avril.  (U.S. Army photo, Pfc. Joshua Fish).

Demandée le 1er mai par le désormais Secrétaire à la Guerre, Pete Hegseth, et supposée être livrée le 31 août, la prochaine National Defense Strategy listera les menaces prioritaires et définira les moyens qui seront mis en oeuvre pour faire face aux dangers qui menacent les Etats-Unis.

Elle fournira donc aux forces armées fédérales, à leurs alliés et à leurs adversaires une vision durable des objectifs et des intentions de l’administration Trump en matière de défense.

Selon un article du 5 septembre paru dans Politico (« Pentagon plan prioritizes homeland over China threat »), un brouillon de la nouvelle stratégie de défense nationale aurait récemment atterri sur le bureau de Pete Hegseth. Cette version préliminaire placerait les missions nationales et régionales au-dessus de la lutte contre des adversaires tels que la Chine et la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Autant d’adversaires primordiaux désignés par la NDS de 2018 qui mettait en avant la « compétition stratégique inter-étatique » (« interstate strategic competition« ).

Le virage attendu a, en réalité, déjà été amorcé.

En effet, le Pentagone a récemment déployé des milliers de soldats de la Garde nationale pour soutenir les forces de l’ordre à Los Angeles et à Washington (et peut-être bientôt à Chicago et Portland).

Il a dépêché dans les Caraïbes plusieurs navires de guerre et basé à Porto Rico dix avions de chasse F-35 pour stopper le trafic de drogue vers les États-Unis et protéger la flotte US au large du Venezuela.

Une récente frappe militaire américaine aurait tué 11 membres présumés du gang vénézuélien Tren de Aragua dans les eaux internationales, une étape majeure dans le recours aux armées pour tuer des civils.

Le Pentagone a également établi une zone militarisée le long de la frontière sud avec le Mexique, imposant aux troupes, initialement supposées assurer des missions de soutien logistique et de surveillance, des missions de maintien de l’ordre avec le droit de détenir des civils, une tâche normalement réservée aux forces de l’ordre.

Si cette inflexion de la posture globale se confirmait, elle ne pourrait qu’inquiéter certains alliés puisqu’elle risquerait d’entraîner le retrait de troupes américaines d’Europe et du Moyen-Orient et la réduction des programmes critiques d’assistance à la sécurité.

Déjà un responsable du Pentagone et un diplomate européen ont confirmé la teneur d’un article du Financial Times selon lequel l’Initiative de sécurité balte du Pentagone – la BSI qui octroie des centaines de millions de dollars par an à la Lettonie, à la Lituanie et à l’Estonie pour les aider à renforcer leurs défenses et leurs infrastructures militaires face à la Russie – perdra son financement cette année. L’Initiative de sécurité balte, lancée en 2020, a alloué environ 1,3 milliard d’euros à l’Estonie, à la Lettonie et à la Lituanie au cours des cinq dernières années. Toutefois, le programme de financement militaire étranger (Foreign Military Financing ou FMF), qui fournit la majeure partie de l’aide militaire des États-Unis, ne sera pas touché, a précisé le Financial Times.