BTX Posté(e) 23 octobre Signaler Posté(e) 23 octobre Le 13 juillet, lors de sa traditionnelle allocution à l’Hôtel de Brienne, le président Macron a annoncé une accélération de l’exécution de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le budget des Armées devant être porté à 64 milliards d’euros en 2027, soit deux ans plus tôt que prévu. Et à en juger par les propos tenus par le général Fabien Mandon, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, ce 22 octobre, cet effort est plus que jamais nécessaire. « La défense se fait sur du temps long mais moi, aujourd’hui, mon défi est de court terme. Je ne suis pas le seul [à le penser] : c’est un constat qui est partagé », a-t-il dit. Comme par exemple au Royaume-Uni où son homologue, le général Richard Knighton, a récemment évoqué une situation d’urgence. Pourquoi parler d’urgence ? Parce que « ça craque de toutes parts », a dit le général Mandon aux députés. À commencer en Europe. « La guerre se poursuit sur notre continent », avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a d’abord insisté le CEMA. « On peut tous espérer que cette guerre s’arrête et tout le monde travaille à l’arrêt de la guerre. Mais est-ce que ce sera la dernière ? Je suis là pour garantir la protection des Français et celle des intérêts de notre pays. En 2008, première attaque, en Géorgie. 2014, attaque en Crimée. En 2022, nouvelle attaque. Je ne peux pas penser que ce sera la dernière. Je l’espère. Mais faire le pari que ce sera la dernière et que ça n’arrivera plus sur notre continent, c’est refuser de voir une partie du risque qui pèse sur nos sociétés », a développé le général Mandon. En faisant la guerre à l’Ukraine, la Russie a considérablement développé son industrie de l’armement. Cette dernière « fait l’objet de toutes les priorités », au point d’être devenue « largement supérieure à celle des Européens dans les domaines critiques [munitions, équipements clefs] », a fait observer le CEMA. Les Russes « produisent très vite et ils ont l’expérience de trois ans de guerre. Ils ont appris à se réorganiser avec un objectif clair qui est d’être capables d’affronter l’Otan », a-t-il poursuivi. « On sait que c’est la lecture de Moscou » et ils « ont un tissu industriel qui est totalement mobilisé pour ça » et « on peut imaginer, une fois la paix signée ou l’arrêt des combats prononcé, que la Russie continuera de s’armer pendant des années », a estimé le général Mandon, avant de souligner que la Russie, avec les actions hybrides auxquelles elle est soupçonnée de se livrer, à un recours désinhibée à la force et à l’intimidation. Quoi qu’il en soit, la Russie « est un pays qui peut être tenté de poursuivre la guerre sur notre continent » et « c’est l’élément déterminant de ce que je prépare », a résumé le CEMA. Parmi les autres menaces qui pèsent sur la France, comme le terrorisme d’inspiration jihadiste, dont l’influence s’étend en Afrique, le général Mandon a mis en garde contre l’évolution des capacités militaires chinoises. Évolution qui, selon lui, est le reflet d’un passage du « made in China » au « made by China ». En clair, elles ont atteint un niveau de qualité « qu’il faut absolument prendre en compte », a-t-il dit. « La question pour moi est de savoir à quel moment » la Chine « qui affirme un leadership différent au plan international, utilisera sa puissance militaire et décidera de passer à une autre approche du monde. On le voit, il y a une volonté de redéfinir les règles internationales », a expliqué le CEMA. Dans ces conditions, mais avec un œil surtout rivé sur la Russie, le général Mandon a fixé l’objectif aux armées de « se tenir prêtes à un choc dans les trois ou quatre ans ». Choc qui pourrait être une « forme de test » – et « peut-être que le test existe déjà sous des formes hybrides – mais en quelque chose de plus violent ». D’où l’importance de l’effort de réarmement que prévoit le projet de loi de finances pour 2026. Il est « fondamental », a dit le CEMA. « Déjà, dans les perceptions, si nos rivaux potentiels, nos adversaires perçoivent que nous consacrons un effort pour nous défendre et que nous avons cette détermination, alors ils peuvent renoncer. S’ils ont le sentiment qu’on n’est pas prêt à se défendre, je ne vois pas ce qui peut les arrêter », a-t-il conclu. https://www.opex360.com/2025/10/22/le-general-mandon-a-donne-lobjectif-aux-armees-de-se-tenir-pretes-a-faire-face-a-un-possible-choc-dici-3-ou-4-ans/ Citer Ya Rab Yeshua.
BTX Posté(e) 22 novembre Auteur Signaler Posté(e) 22 novembre https://ainsi-va-le-monde.blogspot.com/2025/11/le-cema-dans-larene-politique.html Le CEMA dans l'arène politique Vladimir Poutine n’a jamais eu, me semble-t-il, l’esprit farceur. Le dépôt, dans la nuit du 8 au 9 septembre dernier de neuf têtes de cochon devant des mosquées parisiennes qui fait suite à d’autres actions également attribuées à la Russie ne constitue qu’un avertissement. Car un jour le signal pourrait se transformer en action violente. Ce n’est qu’un épisode parmi d’autres de la guerre hybride que Moscou a engagé, en particulier, contre notre pays. Risque de faiblesse Le 11 juillet, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard avait dressé un éventail des menaces auxquelles nous sommes confrontés. Rappelant que « la Russie a désigné la France comme son principal adversaire en Europe ». Expliquant qu’il y avait là « un vrai sujet de prise de conscience ». Ce sujet, son successeur, le général Fabien Mandon l’a détaillé devant les maires et les présidents d’intercommunalité, mardi : « Le principal risque aujourd’hui, c’est un risque de forme de faiblesse face à une Russie qui est décomplexée dans l’usage de la force et qui poussera son avantage si elle sent qu’on reste faible ». Ajoutant que face à cette menace, notre pays ne doit pas flancher et « accepter de perdre ses enfants ». Rappel de la menace Cette dernière phrase a immédiatement enflammé le verbe de certains politiques, en particulier, aux extrêmes. Pourtant le CEMA ne faisait que décrire les réalités d’un conflit et le pourquoi de l’engagement dans le monde militaire. Dans un monde où la Russie considère l’Europe faible, nous devons nous préparer à un éventuel choc majeur d’ici quelques années. Et donc travailler, notamment, sur les effectifs mobilisables (réserves, réflexions sur le service national). Aucune découverte, aucune révélation dans ces propos, rien qu'un scénario redouté par les militaires, la galaxie du renseignement, les chercheurs... Les amis de la Russie Mais les amis idéologiques de la Russie en France, ceux qui ne versent aucune larme face à la mort d’enfants ukrainiens ou à la russification forcée de ces mêmes jeunes garçons et filles capturés dans les territoires conquis par Moscou, ont cherché tous les angles pour s’insurger contre le propos du chef d’état-major. Jean-Luc Mélenchon : « Ce n'est pas à lui d'aller inviter les maires ni qui que ce soit à des préparations guerrières décidées par personne ». Le communiste Fabien Roussel : « Oui à la défense nationale mais non aux discours va-t-en-guerre insupportables ! ». Assez cocasse alors qu’au quotidien, les mots de certains politiques sont ceux de va-t-en guerre. Le RN Sébastien Chenu : « Le chef d’état-major n’a aucune légitimité pour affoler les Français avec des déclarations alarmistes qui ne correspondent en rien à la ligne officielle du pays » Face au déni de réalité et dans cet éventail des réactions, notons celle du député LFI, Sebastien Delogu, candidat déclaré à la mairie de Marseille, qui questionné sur la Pologne, s'interroge : « Je ne sais même pas s’ils ont des pommes de terre là-bas ». Photo : @AMF Citer Ya Rab Yeshua.
BTX Posté(e) 22 novembre Auteur Signaler Posté(e) 22 novembre Devrons-nous enterrer nos enfants demain ? Pour de Gaulle, le caractère est la première qualité d’une chef. Le général Mandon n’en manque assurément pas. Dès son second ordre du jour comme chef d’état-major des armées, il a pourfendu le « relativisme » qui « empêche d’appréhender correctement les menaces » et conduit au renoncement, il a nommé la réalité taboue de la mission de nos soldats : « ôter la vie de nos adversaires ». Le ton était donné. La France peut compter sur ses soldats dans la tempête qui vient. Le premier d’entre eux s’en porte garant alors que jamais le monde n’a été aussi dangereux, ni les conflits armés aussi nombreux, depuis 1945. En Europe même, la Russie écrase l’Ukraine sous le feu et renforce son armée qui devrait atteindre son pic de puissance en 2030 ; on peut imaginer que ce n’est pas juste pour défiler sur la place Rouge. Le mythe de la fin de l’histoire et du village global apaisé n’a plus cours. L’impensable est redevenu une hypothèse. La guerre est de retour, et il ne suffit pas de ne pas la vouloir pour y échapper. Nous avons voulu faire de l’Europe un espace ouvert, elle est devenue un espace de conquêtes. Dans un monde qui se durcit, il est urgent de réapprendre à nous battre pour conserver notre puissance, notre sécurité et notre prospérité. Toute notre matrice cognitive est à reprogrammer en nous réappropriant les vertus oubliées de courage, de force et de civisme. La Cité n’est pas défendue par des murs mais par ses hommes. L’armée d’un pays démocratique n’est pas coupée de la nation, elle en émane. C’est ce qu’a rappelé le CEMA : « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production Défense, si on n’est pas prêt à ça, alors on est en risque. Mais je pense qu’on a la force d’âme. La France a toujours démontré sa force d’âme dans les moments difficiles. » La violence des mots choisis brise un tabou. Les « pertes » ne sont pas anonymes, ce sont bien nos enfants. L’abstraction des « morts pour la France » s’incarne. Elle retrouve des visages, et les plus chers de tous. La guerre est un choc de volonté. On n’a de volonté qu’à la mesure de ce que l’on est prêt à perdre. A ce titre, nos compétiteurs ont reçu un message stratégique. Quand la France donne des garanties et se dit prête à se défendre, elle sait à quoi elle s’engage. En toute connaissance de cause. En toute responsabilité. La Russie, nous livre d’ores et déjà une guerre hybride dont un des aspects vise à nous diviser et à saper notre volonté de résistance. Ses narratifs épousent trois axes : une guerre en Europe ne concerne pas la France si ses frontières ne sont pas directement menacées (on nous a déjà fait le coup à Munich) ; le président Macron veut déclarer la guerre à la Russie pour faire oublier les questions intérieures comme les retraites (c’est accorder beaucoup de poids géopolitique à nos petits débats internes et flatter un ethnocentrisme inavoué en plus de nos passions partisanes) ; il est trop dangereux d’affronter la Russie pour d’y risquer (la version stratégique du regard que l’on détourne d’une femme qui se fait agresser dans le métro pour ne pas prendre un mauvais coup). Nous sommes à l’heure des loups. Si nous nous montrions faibles, nous ne ferions qu’exciter la meute. La dissuasion ne se cantonne pas aux forces nucléaires. Les forces morales en font partie. Nous préparer au plus douloureux des sacrifices est le seul moyen de n’avoir peut-être pas à le faire en retenant nos ennemis, russes ou autres, de franchir certaines lignes rouges. Mais un peuple qui retrouve ses vertus viriles au point de se dire prêt à voir mourir ses enfants plutôt que de se soumettre, et de le dire en ces termes impose le respect. Si le pire devenait malgré tout inévitable dans les prochaines années, préparons-nous à frapper sans faiblesse et sans états d’âme. Faisons-le savoir. C’est l'irrésolution qui tue le plus. Raphaël CHAUVANCY Raphaël CHAUVANCY est officier supérieur des Troupes de marine. Il est en charge du module "d’intelligence stratégique" de l'École de Guerre Économique (EGE) à Paris. Chercheur associé au CR 451, consacré à la guerre de l’information, et à la chaire Réseaux & innovations de l’université de Versailles – Saint-Quentin, il concentre ses travaux sur les problématiques stratégiques et les nouvelles conflictualités. Il est notamment l'auteur de "Former des cadres pour la guerre économique", "Quand la France était la première puissance du monde" et, dernièrement, "Les nouveaux visages de la guerre" (prix de la Plume et l’Epée). Il s’exprime ici en tant que chercheur et à titre personnel. Il a rejoint l'équipe de THEATRUM BELLI en avril 2021 https://theatrum-belli.com/devrons-nous-enterrer-nos-enfants-demain/ 1 Citer Ya Rab Yeshua.
piranha Posté(e) 22 novembre Signaler Posté(e) 22 novembre Les paroles du CEMA sont bien sûr belles, justes et bonnes. Mais cela signifie-t-il que les soldats français commenceront au moins à être payés au niveau des soldats polonais, que la France recevra de véritables véhicules de combat d’infanterie, et que l’armée se mettra enfin à utiliser les drones comme il se doit ? (questions rhétoriques, bien entendu). « L’homme de bien commence par mettre ses paroles en pratique. » — Confucius, Analectes, XII, 3 1 Citer Moi etrangere, moi pas bien francais parler.
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