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Petit à petit, renseignement et guerre électronique font leur nid dans l’infanterie


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Des capacités de renseignement et de guerre électronique prennent graduellement corps au sein des régiments d’infanterie. Mais si les premiers équipements perçus par les sections concernées permettent de renseigner, reste à franchir plusieurs jalons en matière de guerre électronique et, accessoirement, de mobilité. 

 
Un nouveau pion au profit du GTIA
Le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, l’avait annoncé il y a plus de deux ans : le renseignement et la guerre électronique ne seront plus l’apanage des seuls régiments spécialisés. L’un et l’autre s’étendent progressivement à l’infanterie pour constituer de nouveaux atouts dans les mains du commandant de groupement tactique interarmes (GTIA).
 
L’évolution se concrétise aujourd’hui par la montée en puissance des SRGE, à l’image de celle présentée par le 8e régiment d’infanterie parachutiste de marine (8e RPIMa) le mois dernier à Draguignan (Var) lors des Journées nationales de l’infanterie (JNI). 
 

« Notre mission consistera essentiellement à s’infiltrer au-devant des lignes ennemies et de renseigner sur différents types d’objectifs au profit du GTIA SCORPION », nous explique ce sous-officier du 8e RPIMa. Leur terrain de jeu ? L’échelon découverte, situé entre 0 et 20 km sur les avants du GTIA. C’est dans cet espace qu’ils iront « chasser » les renseignements au plus près des forces adverses pour ensuite les assembler sous la forme de dossiers d’objectif ensuite envoyés aux échelons supérieurs. 

Voilà trois ans que cette section du 8e RPIMa a entamé sa mutation. Unité de reconnaissance à l’origine, elle devient dès 2022 une section robotique renseignement d’infanterie (SRRI) constituée de volontaires. Un état intermédiaire qui aura permis d’intégrer les drones dans la palette de moyens à disposition. Deux ans plus tard, le domaine électromagnétique est redevenu un espace de confrontation. La création de la SRGE découle de cette nécessité d’y opérer tant pour y collecter du renseignement que pour y générer des effets dans le champ électromagnétique. 
 

Au sein du 8e RPIMa, cette SRGE rassemble actuellement une trentaine de personnels répartis dans quatre patrouilles. Aux patrouilles de renseignement s’ajoutent une patrouille logistique et sanitaire ainsi qu’une patrouille de commandement et de logistique. Chacune dispose de deux Fardier embarquant un chef de groupe ou son adjoint, un pilote et un radio-tireur. Mobiliser des P4 progressivement retirées du service permet provisoirement d’ajouter un quatrième combattant. 

 
Petit-a-petit-renseignement-et-guerre-el
 
Renseigner et communiquer autrement
La capacité de renseignement de cette SRGE ne repose aujourd’hui que sur les « yeux » de ses membres. Pour « voir » loin, par tout temps et de jour comme de nuit, la section dispose de moyens optiques tels que des lunettes d’observation Swarovski, des jumelles multifonctions JIM MR, JIM LR et JIR-TTA-NG et des drones Parrot Anafi USA et Black Hornet 3. D’autres arrivent prochainement, dont des appareils photos dotés de téléobjectifs longue distance pour lesquels une demande a été émise. 
 

Idem pour des drones à pilotage immersif (FPV) en cours d’atterrissage dans la section. Plusieurs parachutistes ont été formés à cette fin. Un moniteur FPV est par ailleurs sorti du CFIM* de la 11e brigade parachutiste pour conduire des formations en régiment. L’effort s’accompagne de l’assemblage, par quelques touche-à-tout de la première heure, de drones FPV à partir de pièces acquises dans le commerce, un jalon en attendant d’autres systèmes qu’il faudra in fine envisager d’armer.

Proche des lignes adverses mais loin sur l’avant du GTIA, la SRGE est particulièrement exposée au brouillage et aux « oreilles » de l’adversaire. Elle doit donc revoir sa manière de communiquer. Ici aussi, le modèle évolue. L’heure est à l’hybridation des communications. La section du 8e RPIMa dispose pour cela de deux nouveaux outils. D’un côté, le système Hydre. Embarqué sur véhicule, il réunit les flux radio, satellitaire et 4G/5G au sein d’un terminal unique. Hydre permet dès lors de se connecter aux infrastructures civiles existantes pour gagner en résilience et en élongation. À l’opérateur de choisir la meilleure option selon le contexte et la menace. Chiffré mais volumineux, Hydre est davantage fléché vers la patrouille de commandement pour lui permettre, entre autres, de renvoyer les dossiers d’objectif vers le PC tactique. 
 

De l’autre, les Géo Trouvetou du 8e RPIMa ont conçu d’eux-mêmes un dispositif leur permettant de communiquer en passant sous les radars. Appuyé financièrement par le bureau opération-instruction du régiment, il mise sur le protocole Meshtastic. À la fois projet communautaire et ensemble d’outils, Meshtastic repose sur la notion de réseau maillé (mesh) non filaire. Un réseau dans lequel chaque antenne devient un relais pour partager des communications bas débit de type LoRa avec une portée théoriquement infinie. Il suffit d’ajouter un relais pour étendre le maillage. Le tout a été acheté sur étagère puis intégré dans un boîtier ad-hoc. Et si le module dépend de fréquences civiles et n’est dès lors pas protégé, son débit de quelques kilo-octets permet à l’utilisateur de se fondre dans la masse des flux environnants, une caractéristique particulièrement intéressante en environnement urbain. 

 
Petit-a-petit-renseignement-et-guerre-el Un boîtier d’un réseau de communication maillé reposant sur la technologie LoRa Petit-a-petit-renseignement-et-guerre-el Antenne OneWeb et connexion 4G/5G pour gagner en résilience sur les communications
 
 
En attendant la guerre électronique
Restent plusieurs chantiers à matérialiser.
 
Celui de la mobilité, par exemple. Aérotransportable et aérolargable, le Fardier fourni aux parachutistes est un véhicule « de très grande qualité et qui franchit très bien ». Utile pour transiter d’un point à l’autre, le Fardier atteint néanmoins ses limites lors d’une approche finale demandant une meilleure discrétion. Au plus la SRGE se rapproche de l’ennemi, au plus il devient en effet impérieux de réduire les signatures sonore, visuelle et thermique. L’emport est également limité à deux personnels et un peu d’équipement, quand chaque groupe tend à rassembler trois, voire quatre combattants. Pour pallier au plus pressé, les mécanos du 8e RPIMa ont simplement renforcé la plateforme arrière pour permettre à un troisième homme de s’y tenir. Et en ont profité pour ramener sur l’arrière un emplacement antennaire jusqu’alors situé dans l’angle de visée de la MAG 58 installée en superstructure.
 

Derrière ces adaptations « maison », la SRGE lorgnent sur d’autres plateformes susceptibles de répondre aux impératifs d’emport. Ce sont les Grizzly et Pégase issus du programme VTCFS.  Le premier est depuis un moment en dotation aux 1er régiment de hussards parachutistes et 35e régiment d’artillerie parachutiste. Quant au second, les premiers exemplaires sont attendus l’an prochain par un 8e RPIMa qui dispose déjà de plusieurs primo-formateurs. Doté d’une plus grande capacité d’emport, le Pégase pourrait ainsi être orienté en priorité vers la patrouille de commandement et de logistique. L’adopter, c’est se donner la capacité d’emmener, par exemple, un groupe électrogène pour recharger les batteries et gagner en autonomie, davantage de vivres et de munitions, voire, pourquoi pas, ces motos électriques calibrés pour réaliser une approche finale en toute discrétion.

Mais c’est bien dans la domaine de la guerre électronique que l’essentiel reste à construire. Plusieurs équipements sont à l’étude. Derrière le radar de surveillance MURIN hérité de l’artillerie, la SRGE attend un système de géolocalisation de certains types d’ondes électromagnétiques développé par Spherea. Demain, le champ devrait s’étendre à d’autres actions. La déception, par exemple, déjà mise en oeuvre par la SRGE en misant sur les effets dans les champs immatériels (ECIm). Sa proactivité l’avait également amenée à travailler sur de premiers matériels dédiés, dont ces fausses mines antichars fabriquées par impression 3D et destinées à tromper l’ennemi sur la volonté de bloquer un axe. Demain, il s’agira d’étendre ce socle aux actions dans le spectre électromagnétique.
 

En attendant les équipements, la suite de l’effort consistera à se structurer et à écrire une doctrine d’emploi tout en poursuivant un cycle de préparation opérationnel des plus dense. Évaluée au CEITO* en janvier 2025 avec la compagnie d’appui, elle était ensuite déployée en renfort de la 3e compagnie au CETIA* en mai 2025 puis au CENTAC* pour appuyer la transformation sur Serval de la 1ère compagnie, avant de basculer en septembre sur un exercice régimentaire. L’arrivée, courant 2026, de nouveaux équipements et la conduite des formations associées lui permettront d’enfin élargir le champ à la guerre électronique. Le cap est donc fixé pour un outil pertinent au point d’intéresser un allié belge dont l’élément le plus proche relève actuellement du peloton scout.

 

*Centre d’entraînement de l’infanterie au tir opérationnel installé à La Cavalerie, Centre d’entraînement au tir interarmes, Centre d’entraînement au combat de Mailly-le-Camp

Ya Rab Yeshua.

Posté(e)

C'est dans la logique des conflits modernes, je note la possibilité des motos électriques, très bonne initiative.

Il faudrait aussi doter les Cie de fusils à pompe, très efficaces et légers, c'est un peu le couteau suisse du combat, pouvant fracturer une porte, un drone, un chien etc... et surtout ce ne sont pas lourds !

Je ne peux confirmer ni démentir que c'est une signature. 😶

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