Il n'y a que 2 "cafouillages clairs" dans ce fait divers: celui des politiques qui ont apparemment vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué et, si j'en crois ce qui a été rapporté, une inopportune panne des systèmes informatiques de sécurité à Marignane, cette dernière laissant à penser que, pendant un certain temps, tout citoyen étranger ou non pouvait à l'extrême rentrer sur le territoire national sans être inquiété.
Le reste est beaucoup moins clair, et des précisions seraient bienvenues.
En cas de procédure d'extradition forcée, les personnes sont accompagnées pendant le trajet par des agents de sécurité, lesquels les remettent aux autorités locales à destination, ce qui n'a pas été le cas.
Il y a ici plus volontiers une expulsion, voire même un retour volontaire si l'on en croit l'avocat de ces personnes qui tente de nous faire prendre les vessies pour des lanternes.
En l'espèce, les personnes sont donc libres de leurs mouvements et considérées comme ne présentant pas de danger lors du transport puisqu'elles y consentent.
Il appartient au pays requis (et s'il l'a été) d'organiser le voyage à ses frais et de lui-même requérir un transporteur puisque, bien sûr, aucun ne le fait de son plein gré.
Ce transporteur, malgré souvent ses conditions générales disant le contraire, ne peut s'opposer à la réquisition, mais le pouvoir de police est transféré dès les portes fermées au commandant de bord, qui est souverain à apprécier les conditions de sécurité à bord et fondé à ce titre à expulser qui il veut: quelque part un paradoxe.
Une fois que les turcs ont choisi un nouveau vol, le manque d'empressement avec lequel ils en ont avisé les autorités françaises peut résulter de différents phénomènes:
-la dangerosité modérée de l'opération
-une organisation plus ou moins efficace
-le fait qu'elle ne subit pas les procédures d'extradition (et ce d'autant que, à plus ample informé, les personnes en question doivent être entendues par nos services mais ne sont pour l'heure ni coupables ni présumés d'un motif officiel d'extradition).
-le fait que, même si c'était le cas, les conventions internationales sont très floues suivant les pays mis en cause, les chefs d'accusation...
Enfin, le non dit que l'on peut rapprocher de certains pays du Golfe:
la Turquie, membre de l'OTAN et candidate à l'Europe a gardé pendant au moins un certain temps une frontière délibérément poreuse avec la Syrie et a clairement toléré sinon encouragé certains mouvements pour des raisons politiques (kurdes, ses propres prisonniers du terrorisme, ses craintes d'attentats sur son propre territoire...) ou religieuses (identité sunnite, gages donnés à un électorat qui n'est pas laïque...) et peut donc, c'est peut-être le sens des propos un peu sibyllins du président Hollande, être soupçonnée d'une certaine complaisance ou duplicité à l'origine de cette affaire.