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La Resco franco-américaine en action


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Pour la seconde fois de son histoire, la BA 120 de Cazaux a été en ce mois de novembre le siège de l’exercice franco-américain «Salamandre», un exercice entièrement dédié à la mission Resco ou C-SAR (combat, search and rescue) : la recherche et l’exfiltration d’aviateurs perdus isolés (ou de ressortissants) en territoire ennemi.

 

Une mission dangereuse, délicate et discrète, généralement conduite de nuit dans la profondeur, en silence radio, afin d’être plus furtive.

Une action qui nécessite beaucoup d’entraînement, compte tenu des procédures et des contraintes de temps, mais aussi du nombre d’acteurs mobilisés, «slow movers» comme «fast movers», pour une manœuvre strictement réduite à une seule option : ça passe ou ça casse.

Et sur ce terrain là, autant pour les Américains que pour les Français, le nom de Somalie résonne amèrement… Il reste que la Resco demande une aptitude particulière qui fait que, au sein de l’Otan, elle demeure une capacité rare, où seules deux nations sont en pointe : les Etats-Unis et la France. Car elle exige aussi des moyens d’escorte et d’appui aussi complémentaires que conséquents pour réussir.

 

Durant les trois semaines de «Salamandre 2016», 300 personnes et 14 aéronefs ont été engagés, dont trois hélicoptères Airbus H225M Caracal (ex-Eurocopter EC725) de l’Escadron d’hélicoptères 1/67 «Pyrénées» de Cazaux et trois Sikorsky HH-60G Pave Hawk appartenant au 56th Rescue Squadron des United States Air Forces in Europe stationné à RAF Lakenheath. Les six machines étant soutenues par deux ravitailleurs Lockheed Martin MC-130J Commando II du 67th SOS, déployés sur la BA 123 d’Orléans et normalement basés à RAF Mildenhall, en Angleterre.

 

La participation US concernait au total 120 militaires renforcés par 20 personnes de l’armée de terre française et du personnel déployé du Polygone de guerre électronique (PGE) pour assurer le brouillage en vol des communications radio, afin de compliquer les phases d’entraînement et d’exécution.

Pour donner plus de réalité au scénario choisi — inverser le rapport de force en un lieu et à un instant donné par l’action de la puissance aérienne pour l’extraction d’une personne isolée —, deux Rafale et deux Mirage 2000C assuraient la couverture aérienne de chaque dispositif Resco. Le tout sous la direction d’un E-3F AWACS (de ses moyens Sigint) et ses informations de reconnaissance fournies par un drone Harfang.

 

EH 1/67 et 56th RQS ont une particularité unique : «ce sont les seuls en Europe à être dotés d’hélicoptères capables d’être ravitaillés en vol et nous nous entraînons souvent ensemble, afin de parfaire cette technique commune», précise le lieutenant-colonel Sébastien Alvarez, patron de l’EH 1/67, organisateur de l’exercice. Pour ce vétéran des voilures tournantes, qui a passé plusieurs années dans l’US Air Force sur HH-60G Pave Hawk, la connaissance précise de la mission Resco est exploitée des côtés US comme français.

 

Réalisé à partir de Cazaux en compagnie de son homologue US, le major Mark Uberuaga, «chef ops» du 56th RQS, l’exercice visait à mutualiser des moyens d’action Resco, à procéder à l’harmonisation de la préparation des missions et à leur exécution au pied de la lettre. Chose d’autant plus aisée que les procédures Otan ont, depuis longtemps, démontré leur valeur et que Caracal et Pave Hawk se complètent bien. «Certes, il manque encore au Caracal des moyens de liaisons Satcom, la L16 et un armement plus conséquent : roquettes, mitrailleuses lourdes, voire canons de 20 mm ; mais ces équipements sont déjà prévus. Les Pave Hawk, eux, disposent déjà de tout cela», précise le lieutenant-colonel Alvarez.

 

Hélicoptères de générations différentes (le Pave Hawk est entré en service en 1982, le Caracal en 2005), les deux machines ont aussi des capacités d’emport peu comparables (29 passagers pour le Caracal, 8 pour le Pave Hawk, dont la soute est généralement encombrée par deux nourrices de carburant indispensables pour la mission Resco), mais ils font pour l’essentiel la même mission, chacun étant doté d’une longue perche de ravitaillement télescopique du côté droit. Un appendice qui procure une allonge et une durée exceptionnelle aux missions Resco.

 

Visant la meilleure interopérabilité possible entre aviateurs Américains et Français, Salamandre 2016 a vu le déploiement sur la BA 120 de commandos des CPA 10 et 30, mais aussi de «PJ» (para-jumpers) du 57th RQS embarqués à bord des Caracal et des Pave Hawk. Ceci afin de continuer à comparer les méthodes de travail et d’entretenir leur capacité opérationnelle dans le cadre d’un scénario apte à les faire évoluer tous ensemble dans des conditions tactiques réalistes, mauvais temps compris ! Des deux côtés, les commandos Resco sont formés au combat aussi bien qu’à l’évacuation sanitaire et «Salamandre 2016» leur a permis de s’entraîner tant aux urgences médicales qu’au tir. Occasion pour les observateurs de constater qu’au sein des commandos de l’Air, le nouveau fusil d’assaut allemand HK 416 à canon court a définitivement remplacé le vieux Famas.

 

Soldé par 265 heures de vol réparties entre Caracal et Pave Hawk, censés réaliser un vol chaque jour/nuit par équipage, «Salamandre 2016» a démontré avec brio que les équipages interarmées de Caracal savaient manier leur machine pour la poser dans les endroits les plus improbables…

Ya Rab Yeshua.

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