L’Europe de la Défense s’équipe hors d’Europe et surtout aux Etats-Unis

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https://lignesdedefense.ouest-france.fr/leurope-de-la-defense-sequipe-hors-deurope-et-surtout-aux-etats-unis/

Photo Armée de Terre/SGT Bastien M.

L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en 2022 a entraîné une augmentation des dépenses de défense européennes, les pays membres de l’UE cherchant à réduire leurs déficits capacitaires.

Où les pays membres de l’Union européenne achètent-ils les armements dont ils équipent leurs forces armées?

 

On se souviendra que, selon un rapport de l’IRIS de septembre 2023, « les acquisitions en dehors de l’UE représentent 78 % des engagements des pays de l’Union pour 2022-2023, les États-Unis représentant à eux seuls 63 % de cette part. Parmi les pays de l’UE, l’Allemagne est le principal fournisseur, avec environ 50 % des ventes. »

Pour sa part, le SIPRI affirme que les importations d’armes des États européens ont augmenté de 94 % en 2019-2023 par rapport à 2014-2018 (voir ses données publiées en mars 2024).

Et que les États-Unis ont fourni à eux seuls 55 % des importations d’armes des États européens en 2019-2023, ce qui représente une augmentation substantielle par rapport aux 35 % de 2014-2018. Cette tendance à la hausse des importations était déjà visible l’année précédente selon les données du SIPRI.

Selon l’IISS, des importations moins importantes
L’IISS (Institut international d’études stratégiques) vient de dresser, lui, un tableau plus positif des fournisseurs de défense européens et de la base industrielle de défense. En effet, l’IISS estime que les achats européens d’armement sont nettement plus élevés que ce qu’affirme l’IRIS, atteignant 180 milliards d’euros.

Des chiffres détaillés sont annoncés pour le prochain sommet de l’ISS qui se tiendra à Prague du 8 au 10 novembre. Mais certaines données ont déjà été dévoilées. Sur un total de 180 milliards d’achats, l’IISS estime:
– qu’au moins 94 milliards de dollars, soit 52 %, ont été dépensés pour des systèmes européens,
– 61 milliards de dollars (soit 34 %) pour des systèmes américains (aéronautiques en particulier, avec de coûteux achats),
– 25 milliards de dollars (soit 14 %) pour des systèmes du Brésil, d’Israël et de Corée du Sud (on pense pour ce dernier pays aux achats massifs de la Pologne). 

78% d’achats hors Europe d’un côté, 48% de l’autre… L’excuse de la marge d’erreur ne tient plus.

Pourquoi une telle différence?

Parce que l’IISS a pris en compte les achats intérieurs des Etats membres, ce qui a automatiquement et considérablement réduit la part des achats extérieurs. Le montant des achats totalement pris en compte dans les modes de calcul respectif est, lui, passé de 100 milliards (IRIS) à 180 milliards (IISS). Et la part des achats d’équipements militaires US passant de 34% (IISS) à 55% (SIPRI) à 63% (IRIS)