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En février 2006, la Direction générale de l’armement [DGA] désigna Dassault Aviation pour diriger le projet de démonstrateur de drone de combat [UCAV] nEUROn, lequel devait associer les industriels de cinq autres pays européens, à savoir Saab [Suède], EADS-CASA [Espagne], Alenia [Italie], RUAG [Suisse] et HAI [Grèce]. La charge de travail devait être répartie selon les compétences des différents acteurs… et non selon une logique de « retour géographique ».

Six ans plus tard, le nEUROn décolla pour la première fois d’Istres. Puis il enchaîna les vols d’essais [plus de 170 en dix ans], au cours desquels ses performances, notamment en matière de furtivité, dépassèrent les attentes. D’ailleurs, un UCAV issu de ces travaux sera développé pour accompagner le Rafale porté au standard F5.

Depuis, le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, a rarement perdu une occasion pour vanter les mérites de ce modèle de coopération, en soulignant qu’il avait permis de faire voler un démonstrateur UCAV très performant, dans des délais relativement rapides et, surtout, à des coûts maîtrisés [moins de 500 millions d’euros, ndlr].

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, ce 9 avril, M. Trappier a de nouveau évoqué la coopération autour du nEUROn pour mieux décocher ses flèches sur celle mise en place pour le Système de combat aérien du futur [SCAF], un projet conduit conjointement par la France, l’Allemagne et l’Espagne.

Pour rappel, le SCAF vise à développer un « système de système » devant reposer sur un chasseur-bombardier de nouvelle génération [NGF – New Generation Fighter], associé à des drones et à des effecteurs connectés au sein d’un « cloud de combat ».

Ce projet est organisé selon sept piliers. Celui du NGF a été confié à Dassault Aviation, avec les filiales allemande et espagnole d’Airbus pour sous-traitants. La maîtrise d’œuvre pour les effecteurs connectés et les drones est assurée par Airbus, avec MBDA comme principal partenaire.

Actuellement, et après avoir cherché, pendant longtemps, un accord sur le partage des tâches et la propriété actuelle, ce projet est à la phase 1B, celle-ci devant ouvrir la voie à un démonstrateur devant être développé durant la phase 2. Celle-ci doit encore faire l’objet de discussions entre les trois pays concernés… Ce qui est encore loin d’être gagné.

Quoi qu’il en soit, après avoir de nouveau évoqué le nEUROn, M. Trappier n’a pas ménagé ses critiques à l’égard du modèle de coopération mis en place pour le SCAF, et plus précisément le NGF… Quitte à suggérer que ce projet n’ira pas jusqu’au bout.

Sur le NGF, avec Airbus Allemagne et Airbus Espagne, « il faut encore plus convaincre, puisqu’on est un contre deux, pour arriver aux décisions. Alors ça prend juste un peu plus de temps. On est dedans. Il n’y a pas de volonté de Dassault Aviation de ne pas être dedans. Mais c’est très difficile. On n’est pas capable de répartir le travail en fonction de ce que nous pensons. Il faut composer, négocier en permanence », a commencé par dire M. Trappier, en guise d’amuse-bouche.

« J’espère qu’on arrivera à un accord pour passer à la phase suivante. Sur le nEUROn, un contrat avait été passé jusqu’au premier vol. Là, on est par tranche de cake. : on a une phase 1A, 1B puis maintenant on va devoir négocier une phase 2, etc. C’est complexe, c’est long. Mais si les États le souhaitent, on s’adapte. Mais je ne suis pas sûr que ce soit un modèle d’efficacité », a ensuite asséné le PDG de Dassault Aviation.

En outre, il a critiqué la mise en place des « piliers capacitaires », alors que Dassault Aviation, malgré les compétences démontrées avec le nEUROn, a dû s’effacer devant Airbus pour celui relatif aux drones.

« Je suis pour que le système de combat aérien soit piloté par un maître d’œuvre global, qui le penserait autour d’un avion […] plutôt que l’on fasse ce découpage permanent. Le problème est aux interfaces. La gestion des interfaces, si vous n’avez pas un leader au-dessus, ça ne marche pas », a fait valoir M. Trappier.

D’autant plus que ce « découpage » n’a pas réduit les difficultés liées au partage des tâches, lesquelles sont « permanentes ». Pour la phase 2, qui, cette fois-ci, « portera sur la fabrication », ça « va encore prendre du temps. Je rappelle que l’on parle que d’un démonstrateur. […] Le but serait de le mettre en vol le plus rapidement possible. Je serais tout à fait favorable à une accélération, je le dis depuis le début. Sur le nEUROn, on a été relativement rapide et on était six et pas trois. Donc, c’est bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut bien revoir, et ce n’est pas à moi de le faire, c’est aux États, la manière pour mieux gérer ce programme ambitieux », a-t-il soutenu.

Autre aspect souligné par M. Trappier : la nécessité pour le NGF d’être en mesure de mener des missions en relation avec la dissuasion nucléaire. Pour cela, il devra impérativement être « Itar Free », c’est-à-dire qu’il ne pourra pas être assujetti à la réglementation américaine sur le trafic d’armes au niveau international.

« De toutes les manières, dans le SCAF, si j’ai bien compris ce que les pouvoirs publics me demandent, c’est de garder la capacité de développer un avion pour la dissuasion nucléaire française. En ce sens, l’avion doit être capable de mener ses missions sans aucune contrainte d’un pays étranger, quel qu’il soit. Donc, j’ai ça en tête. Si jamais ceci n’était pas possible, je le dirais, je l’écrirais, et donc, normalement, le programme s’arrêtera », a en effet prévenu le PDG de Dassault Aviation.

Quant à la possibilité d’accueillir éventuellement d’autres partenaires au sein du SCAF, comme par exemple la Belgique, qui a récemment obtenu le statut d’observateur, M. Trappier s’est montré circonspect. « On fera le NGF. Avec qui? Ce n’est pas à moi à répondre, c’est à l’État, c’est au politique de dire s’il faut le faire avec nos alliés traditionnels ou pas », a-t-il dit, avant d’insister sur la capacité de la France à développer, seule, des avions de combat.

« Je sais que beaucoup de pays, en Europe comme en dehors d’Europe, sont très à l’affût de savoir si on va garder nos compétences de manière autonome, voire indépendante. C’est ça qui fait, entre guillemets, la force de la France au travers des âges », a-t-il souligné. Cela « plaît à d’autres pays » mais cela « plaît moins à ceux qui étaient totalement alignés sur les Américains », a fait observer M. Trappier.

« Ce qui est sûr, a-t-il enchaîné, c’est que […] grâce à la dissuasion nucléaire, on ne peut pas ne pas préserver nos capacités technologiques. Après, on me dit : ‘ce n’est pas grave, on aura une dépendance mutuelle’. Très bien. La dépendance mutuelle, elle ne relève pas de moi, elle relève de ceux qui la définiront ». Cependant, a-t-il encore prévenu, « une fois que l’on a franchi le pas, on ne revient pas en arrière » et il « faut bien peser ce qu’on abandonne à nos alliés » car « ce qui peut être normal dans […] une volonté d’intégration européenne veut aussi dire que l’on dépendra de l’autre ».

Cela étant, a continué le PDG de Dassault Aviation, « le président souhaite fortement cette coopération » autour du SCAF, en se basant sur « l’idée que, à trois, on aura plus de moyens et que ça permettra d’embarquer sur une Europe un petit peu plus unie. Donc, je pense que dans l’idée, dans la volonté, l’État y est engagé. Après, le problème c’est quand on descend dans les couches profondes de la réalité des contrats. C’est plus compliqué parce que vous devez faire face aux réticences, etc. Alors que, je le redis une nouvelle fois, à trois, c’est compliqué. Et comme on est de grands démocrates, eh bien à trois, deux l’emporte sur le un. » Comme le disait Bismarck, « dans un système à trois puissances, il faut être l’une des deux» »…

Dans ces conditions, l’avenir de cette coopération autour du SCAF paraît bien hypothétique… À la question de savoir si Dassault Aviation a la capacité de réaliser le NGF seul, M. Trappier a été catégorique. « Prenez ma réponse avec des pincettes, je ne veux pas du tout avoir l’air arrogant. Mais de qui j’attends des compétences, à par moi, pour faire un avion de combat ? Donc je suis prêt à coopérer et à partager. Je ne suis pas contre. Mais les compétences, c’est moi qui les ai », a-t-il rappelé.

Finalement, ce n’est qu’affaire de volonté. « Ceux qui disent, en France, que l’on ne pas faire pour des raisons budgétaires doivent oublier que, au début des années 1960, faire la dissuasion nucléaire aurait été totalement hors de portée du budget. Or, ça été réalisé et ça a été bien fait. Je pense, quand même, que la volonté politique et la volonté de faire doivent l’emporter sur les stricts considérants budgétaires », a en effet estimé M. Trappier.

D’autant plus, a-t-il averti, « si demain on fait le NGF, tel qu’il est aujourd’hui pensé, à trois, je vous garantis que la Rafale ne vous paraîtra pas cher ».

https://www.opex360.com/2025/04/09/le-pdg-de-dassault-aviation-tire-a-boulets-rouges-sur-la-cooperation-mise-en-place-pour-lavion-de-combat-du-futur/

Ya Rab Yeshua.

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