BTX Posté(e) 15 mai Signaler Posté(e) 15 mai https://lignesdedefense.ouest-france.fr/emmanuel-macron-veut-il-saffranchir-du-traite-de-non-proliferation-nucleaire/ Emmanuel Macron à Luxeuil-Saint-Sauveur, le 18 mars 2025. (Photo by Ludovic MARIN / POOL / AFP) Mardi soir, sur TF1, le président Emmanuel Macron a franchi un pas supplémentaire vers l’élargissement de la dissuasion nucléaire française à l’Europe. Il s’est en effet déclaré prêt à discuter avec d’autres pays du continent du déploiement d’avions français équipés de missiles air-sol moyenne portée améliorés (ASMP-A). « J’en définirai le cadre de manière très officielle dans les semaines et les mois qui viennent », a précisé le Président. Le sujet avait été posé sur la table début mars lors d’une allocution du président français. Il avait indiqué vouloir « ouvrir le débat stratégique » sur la protection de l’Europe par le parapluie nucléaire français. Il répondait ainsi à Friedrich Merz, alors futur chancelier allemand, qui avait jugé nécessaire que l’Europe se prépare « au pire scénario » d’une OTAN dépourvue de la garantie de sécurité américaine. Emmanuel Macron s’était donné, quelques jours plus tard, jusqu’à « la fin du semestre » pour voir « s’il y a des coopérations nouvelles qui peuvent voir le jour », au sein de l’Union européenne, sur ce dossier. Depuis ces déclarations, le président français a aussi échangé avec plusieurs pays membres de l’Union européenne, dont les dirigeants polonais et scandinaves, traditionnellement réservés sur la question nucléaire mais qui se montrent désormais ouverts à un tel scénario. Un tel déploiement ne serait ni inédit ni unique puisque les Américains déploient déjà des armes nucléaires (des bombes de type B-61) dans un certain nombre de pays européens ( Pays-Bas, Turquie, Allemagne, Belgique et probablement Royaume-Uni). On estime qu’une centaine de bombes B-61 sont actuellement déployées en Europe par les forces US (sur un arsenal US de 3700 têtes). Les pays européens membres de l’Otan sont jusqu’ici sous le parapluie nucléaire américain mais l’éventualité d’une inflexion de la posture US ne peut plus être ignorée, surtout si Washington joue la carte du chantage pour forcer les pays membres à dépenser 5% de leur PIB pour la défense et si l’administration Trump met à exécution ses menaces de retrait militaire d’Europe. Mardi soir, Emmanuel Macron a posé trois conditions à hypothèse d’un déploiement de moyens nucléaires français hors du territoire métropolitain. D’abord « la France ne paiera pas pour la sécurité des autres ». Ensuite, ce déploiement potentiel « ne viendra pas en soustraction de ce dont (la France) a besoin ». Enfin « la décision finale reviendra toujours au président de la République, chef des armées ». Le TNP dans le collimateur Les critiques sur un éventuel déploiement en Europe d’avions français avec des armes nucléaires n’ont pas manqué. Elles sont d’abord venues de Russie. Le porte-parole du Kremlin a affirmé, ce mercredi, que cet éventuel déploiement n’apportera pas « de sécurité, de prévisibilité et de stabilité » au continent européen. « D’importants efforts doivent encore être déployés par la Russie, les Etats-Unis et les pays européens dotés de l’arme nucléaire pour former une architecture de sécurité stratégique en Europe », a poursuivi Dmitri Peskov, estimant que « tout le système de sécurité et de stabilité stratégique » était actuellement dans « un état déplorable ». Pour Jean-Marie Collin, le directeur de l’ICAN FRANCE (la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires), les propos présidentiels de mardi soir confirment sa volonté d’augmenter l’arsenal nucléaire de la France. « Une augmentation annoncée déjà à mots couverts lors de son intervention sur la base de Luxeuil, indiquant la création de deux escadrons nucléaires en 2032. Cela signifie que la « stricte suffisance » de 300 armes n’est plus suffisante. » Pour le directeur de l’ICAN France, tout financement par les Européens de la « dimension européenne » de la dissuasion française signifie de fait que l’indépendance n’existera plus, supplantée par un lien contractuel: « Il y aura un lien d’obligation à réaliser cette protection ; et l’absence de réponse du président à la question du journaliste Darius Rochebin sur « si cela implique de prendre des risques pour le territoire national afin de protéger Varsovie ou Vilnius », démontre bien cette future dépendance ». Enfin, « la volonté présidentielle vient totalement remettre en question la ratification par la France (en 1992) du Traité de non-prolifération nucléaire de 1968 puisque le processus qui pourrait s’engager s’inscrira à l’encontre de l’Esprit et même de la Lettre du TNP. Le risque est bien la mort cérébrale de ce traité qui assure la sécurité internationale ». La prochaine conférence d’examen du Traité est prévue pour avril et mai 2026. Or, la 3e session de préparation qui vient de se tenir du 28 avril au 9 mai, s’est déroulée dans un contexte inédit depuis la Guerre froide, « entre escalade des menaces et des rhétoriques nucléaires, augmentation des arsenaux nucléaires (pour la Chine et le Royaume-Uni), promotion par la France du « partage » de son arsenal nucléaire vers des États européens », selon l’ICAN. Ce qui augmente le risque déjà élevé de recours aux armes nucléaires. Citer Ya Rab Yeshua.
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