Bonjour, je viens de lire avec décalage mais intérêt les diverses interventions, qui selon moi contiennent tous des éléments intéressants, voire de véracité indéniable, si je m'en tiens à diverses observations directes (mon expérience et mes réflexions) et indirectes (des jeunes de mon entourage, via mon fils).
L'armée ne peut que peiner à recruter pour de nombreuses raisons, cumulatives mais dont certaines peuvent à elles-seules suffire. Déjà, l'Armée est une institution sortie des radars, presque invisible, contrairement à l'époque de la conscription où l'on voyait des militaires partout, dans les villes, dans les trains, dans sa famille. Même s'il n'y avait pas une ruée sur les engagements, il y en avait largement assez, même trop par rapport à l'offre, dans un temps où les gens de métier étaient minoritaires, et très rarement MDR (régiments pros très rares, il fallait surtout de l'encadrement). Ensuite, les "valeurs" prônées actuellement dans la société sont totalement à l'opposé des aspirations de nombreux jeunes. L'effort souvent gratuit n'est pas spécialement prisé, et je peux en parler pour avoir passé la dernière partie de ma vie professionnelle face à des ados, auxquels finalement on cède ( parents à genoux devant leur merveille, notes gonflées, diplômes bradés sous la pression...) . Hormis ceux qui souhaitent faire une carrière, ou se sentent vraiment appelés par des régiments de pointe, on ne peut pas parler de "vivier". De plus, le niveau global de résistance physique a fortement chuté. Ce n'est pas un simple constat personnel, une impression, mais une étude à grande échelle dans la durée et l'espace, dont fait d'ailleurs état Michel Desmurgets dans le maintenant célèbre La fabrique du crétin digital (où il lie ce phénomène, entre autres, à la surconsommation d'écrans).
Ensuite il y a les finalités de l'armée, qui ne sont plus aussi claires que la Défense nationale, avec des engagements de la France, inconnus ou encore discutés.
Reste la condition militaire : beaucoup d'exigences, de contraintes, et en fin de compte des métiers relativement précaires ( beaucoup de contrats courts avec reconversion aléatoire, et ce d'autant plus qu'un métier est spécifiquement militaire), soldes pas mirobolantes. Ceux qui ont des équivalents dans le civil s'en sortent sans doute bien mieux, tant dans la carrière qui est un peu plus avantageuse pour ne pas subir trop la concurrence du civil ( professions médicales, commissaires des armées, gendarmes...) sur les métiers correspondants. Sortir d'une arme que l'on disait de l'"avant" jadis ( je crois qu'on dit de "mêlée" maintenant) n'est pas une carte de visite exceptionnelle, comme j'en ai d'ailleurs fait l'expérience.
Il existe des solutions évidentes pur remédier à tout ça, mais coûteuses, et cela déborderait sans doute du présent sujet.