Decurio

Déjà, j'entends parler de tractions et de pompes mais jamais de la cervelle, dans les questions des candidats. C'est pourtant important pour évoluer, dans l'armée comme dans la vie ( et même pour rester dans l'armée, vu la fulgurance des temps d’engagement actuels, ou pour l'après... ) et plus difficile à améliorer que de vulgaires tractions qui deviennent un jeu d'enfant en quelques semaines, comme la course à pied. Ceci dit, ce gabarit me rappelle à très peu de choses près le mien au même âge, sauf les yeux excellents ( mais à mon avis ça doit être possible de repasser au moins à 3, on fait des prodiges maintenant) . Eh bien j'étais apte TAP, et même par la suite aux tests chuteur opérationnel. Ca ne s'est pas fait pour cause suppression du poste ( les budgets, hein...), mais je suis parti sous-off infanterie. On a l'impression en lisant les candidats maintenant que l'armée n'entraîne plus les militaires et qu'on cherche à les avoir tout prêts à l’incorporation. Sinon, il faut mon avis obtenir plusieurs avis , il est évident qu'il faut boucher les trous et pousser les gens dans les filières déficitaires, ça n'est pas propre à l'armée. Il n'y a jamais de vérité absolue, seulement par rapport à une situation donnée.

Fais cette démarche, relance au besoin, tant pis pour le temps passé et la paperasse. Le plan B si je comprends bien est de devenir sapeur pompier "civil". Peut-être pas une mauvaise idée d'avoir une deuxième corde à son arc. Si je ne m'abuse, un des problèmes est que les concours sont départementaux (sauf pour les officiers) et une fois reçu, on se retrouve parfois sur une liste d'attente assez longue.

On nous bassine avec la mobilité, la validation des compétences. On nous fait des grandes phrases, ça existe un peu, mais dans les faits, on est loin du compte, un peu partout dans les institutions. Ca vaut au sein de l'armée, pour évoluer, mais aussi après, quand on voit les reconversions difficiles.

"Selon que vous serez puissant ou misérable...". Je suis entièrement d'accord. J'ai eu jadis un soldat de mon groupe. Un peu forte tête les premiers temps, mais très rapidement, soldat exemplaire, ne se plaignant jamais, aidant les autres, tireur d'élite de surcroît, un champion du FRF1. Un soldat de métier en herbe, il a eu le déclic, ce monde et ce mode s'est mis à lui plaire. Tout le monde d'accord, moi le premier pour le proposer caporal et favoriser un engagement s'il le souhaitait. Eh bien non, nous avons appris qu' il avait été condamné et que c'était impossible. Les effacements de casier judiciaire existent de toute manière, pourquoi n'y a-t-il pas des procédures accélérées quand il y a un vrai projet, qui plus est encadré, sans risque, comme celui-là ? On ferait sans doute moins la fine bouche si les balles sifflaient, et ceux qui lui refusaient l'accès à un modeste grade seraient peut-être les premiers à manigancer pour eux-mêmes des exemptions,des planques, des passe-droits...

Il faut demander un effacement du TAJ auprès du procureur de la République, en exposant bien son cas. C'est possible (même sans avocat, je l'ai vu) même si rien n'est jamais gagné d'avance. Le TAJ est quelque chose de très mal fait, c'est même très limite comme fichier dans une démocratie, et c'est un ancien policier qui le dit. Il y a en outre plein d'erreurs quand il est renseigné, des ambiguïtés, les témoins sont parfois mis dans les "mis en cause", les gens sans casier se retrouvent fichés pour des broutilles. Franchement, fumer un joint... Quand j'étais à la brigade des stups, de permanence, ça défilait toute la journée ou toute la nuit, on nous les présentait (la police en tenue faisait son "chiffre" facilement en faisant les couloirs de métro, les sorties de concerts) , et quand ils n'étaient ni connus, ni recherchés, on foutait dehors tous ces terribles délinquants - des petits jeunes en goguette la plupart du temps- avec même pas un coup de pied où je pense. Faut croire que les temps ont bien changé...Comme si on n'avait pas assez de vrais problèmes liés à la drogue.

En effet, mais alors quelles sont ses motivations pour se joindre à ces politiciens dont beacoup défendent avant tout une gamelle. Il y a sûrement une raison. Cui bono ?

Ne pas oublier que les généraux, nommés et promus par le pouvoir, font de la politique au service de ceux qui signent les décrets.

Expérience vraiment (très) ancienne, mais quand je me suis retrouvé en fin de contrat de manière abrupte, on me reprenait à la BSPP comme caporal (certaines qualifs militaires étant communes). C'était donc un plan B pour moi, que finalement je n'ai pas eu besoin de suivre. A mon avis, le recrutement même maintenant a une bonne marge de manoeuvre.

Un de mes rares potes du 1er RI dont j'ai eu des nouvelles s'est bizarrement (selon moi car il était biffin) retrouvé au 13 après la dissolution du 9e RCP où il avait été muté entre-temps. Peut-être parce qu'il était chuteur opérationnel, la cavalerie n'a pas été regardante.

Incroyable mais vrai, je ne suis jamais allé à Dieuze, qui est à deux pas.

Je suis repassé à Sarrebourg récemment bien des années après, la ville est vraiment devenue sinistre, malgré un centre ville piéton, et pourtant je suis passé en pleine semaine. Il faut dire que la zone commerciale, comme partout, a grossi a l'extérieur, mais plein de commerces ont l'air d'avoir disparu. Je ne me souviens pas exactement de tout mais plein de bistrots ont fermé, plus de ciné, de station service. Plein de bâtiments militaires sont détruits ou désaffectés , puisque des régiments ont été dissous, dont un de transmissions, il n'y a plus que le 1er RI. Très surpris d'ailleurs de voir un soldat du poste de garde avec un bijou dans l'oreille, une sorte de ''percing'' comme on dit en bon français. Je ne sais pas pour le climat, il paraîtrait que les périodes de froid ont diminué en raison du réchauffement dans doute, et que c'est moins intense, mais un des souvenirs que j'ai c'est de la neige et de la glace tout l'hiver, des congères sur la place d'armes après passage des chasse-neiges, des exercices et des marches dans des bivouacs dans des froids sibériens, même à des périodes relativement avancées dans l'année.

Certes, mais sans aller jusqu'à ingénieur, un diplôme permet au moins administrativement de s'inscrire à des formations, ou en fac, de préparer des concours publics. Ca ne les donne pas, loin de là, mais au moins ça permet de se lancer ou relancer. Je suppose que c'est aussi ce que Pierre a en tête dans son message, il ne voit sans doute pas tout le monde ingénieur.

Ca rejoint un autre sujet récent sur l'intérêt de la gendarmerie par rapport à la "verte", du moins sous le rapport du niveau de vie.

Jeune sergent je l'ai été, et malgré une solde ridicule quand je la compare avec le recul ( le ratio par rapport au SMIC doit être à peu près le même aujourd'hui, je dirais 1,2 de mémoire, en regardant le taux du smic mensuel de l'époque et le souvenir de ma solde. A peu près, car les indemnités de terrain variaient tous les mois), j'avais l'impression d'avoir de l'argent, d'autant que je n'y étais pas habitué. D'ailleurs, j'avais fort heureusement l'équivalent de quelques mois de subsistance au smic dans la galère qui a suivi avec petits boulots ou pas de boulot. Mais j'étais célibataire, logé gratos dans un bâtiment sous-off (surtout des sergents jeunes, quelques chefs et rares adjudants de mémoire) et sans dépenses : je devais avoir quelques vêtements civils, peu de frais annexes, souvent sur le terrain avec des rations, le reste au mess. Une rare perm par-ci par-là car ma famille était à plus de 1100 kms ferroviaires ( et en plus 75% de réduction). La situation était tout autre pour les sous-off plus anciens, un peu plus payés mais à peine ( voir la lenteur de l'évolution de la grille). Ils payaient leur logement, même avec des conditions plus favorables, la femme ne travaillait pas toujours, car ils venaient souvent de loin et on ne trouve pas du boulot comme ça surtout dans les petites villes. Je sais que certains étaient inquiets, je ne me rendais pas bien compte à l'époque.

Ben voilà, exactement, une main devant, une main derrière. Ce fut mon cas d'ailleurs jadis. J'avais le minimum pour redécoller. Dans le cas présent, en plus, ça ne décale pas beaucoup l'éventuel engagement, il sera encore jeune. Il me revient que le fils d'un collègue rêve d'être Fusco, et au centre de recrutement on l'a quasiment débouté, on lui a dit d'avoir son bac et même bac + 2, pur pouvoir faire maistrance. Sage conseil. Il a donc passé son bac , même en traînant les pieds, et doit être en deuxième année de BTS. Il aura 20 ans si je compte bien en 2025, ça va encore...

C'est exact, j'avoue avoir été moi-même comme ça, avant d'être militaire, et pendant puisque je n'ai pas vu arriver le coup des fins de contrat. On vit dans son univers, on a ses propres projets, son système de valeurs, qui ne correspondent pas forcément à ceux que le hasard, ou encore la machine sociale nous réservent. Même après, j'ai souvent idéalisé à tort des emplois, des gens, ou alors eu le nez dans le guidon sans voir autour. C'est justement parce que j'ai commis pas mal d'erreurs de parcours que je me permets de donner de menus conseils. En plus je m'intéresse de nouveau de très près aux orientations, mais plus pour moi. Je radote peut-être, mais loin de moi l'idée de détourner quelqu'un de telle ou telle voie, j'insiste surtout sur le fait qu'il faut avoir plusieurs bonnes cartes dans son jeu, une bouée de sauvetage, un parachute. N'ayant rien à gagner ni à perdre, j'espère que cela porte ses fruits autour de moi.

Un diplôme, même sans grande valeur intrinsèque, comme le bac, mais qui permet de reprendre des études est un minimum. Faire une carrière dans l'armée n'est pas assuré, loin de là, voir les articles ici-même. Pas la peine de faire quatre ou cinq ans, pour retourner dans le civil faire la plonge dans les restaus ou ranger des rayons de supermarché. Pour les tests physiques, pas trop d'inquiétude, les tests les plus fins sont réservés à certaines spécialités. Une vue légèrement faible peut passer, même dans les paras, du moment qu'on peut à l'occasion vivre sans les lunettes. C'est surtout la constitution générale, la capacité à endurer (ce qui justement va faire progresser) qui compte.

Assez bien vu. Ceci dit j'ai souvenir de sous-offs en famille, ça ne semblait pas bien gras comme niveau de vie. Il s'en sortaient parce que logements réservés moins chers, peu de dépenses pour le mari souvent dehors avec rations et indemnités de terrain, et en treillis ( et à l'époque, on sortait encore en tenue de travail, on allait directement faire les courses ou au bistro).

L'Est est quand même globalement, comment dire... dépaysant quand on vient du sud. Passant de Toulouse à Sarrebourg, et après avoir vécu dans le sud-ouest, je peux confirmer. Bitche - terrain de jeux pour un oui ou un non quand on est à Sarrebourg- est un centre de loisirs particulièrement bien choisi par l'armée : paysages, température, qualité des logements, animation... Colmar, très joli, je n'y étais pas allé depuis l'enfance je m'y suis arrêté il y a quelques semaines, sans oublier de manger une choucroute chez Hansi.

Si je peux avancer une hypothèse, la question de l'âge n'est pas une question de capacités sportives et de tractions. L'entraînement est tel qu'en quelques semaines, on augmente les tractions , les pompes, et tout le reste. La cigarette, on peut arrêter, et du reste on maigrit bien avec un entraînement digne de ce nom. Et l'endurance ne se perd pas à vingt-cinq ans, elle a plutôt tendance à être meilleure. A mon sens, les recruteurs s'inquiètent plutôt de voir quelqu'un qui sera peut-être vraiment plus âgé que son encadrement, surtout s'il reste simple soldat quelques années.

Ca je ne sais pas, maintenant qu'on est bien enfermés, et je n'ai aucun pouvoir, puisque même les bulletins de vote n'en ont pas eu jadis. L'idéal, mais la France seule n'aurait sans doute pas les moyens de taper sur la table, serait de reconsidérer certains dogmes (axés autour du sacro-saint Marché) qui nous ont dépouillés de notre souveraineté, ont créé concurrence interne et non coopération, qu'elles soit dans le domaine militaire ou de la solidarité entre européens. En attendant, nous n'avons plus notre monnaie (symbole de souveraineté depuis les temps les plus reculés), notre armée est dépendante, entre son fournisseur allemand, les ordres venant de l'OTAN, et les restrictions budgétaires mises d'ailleurs au menu en bien des domaines.

Certes, on sortirait du débat si l'on dissertait à l'infini sur le pour et le contre, mais comprendre ce contexte permet quand-même de comprendre ce qui se produit pour les personnels de l'armée, et donc le sort de l'armée. Car les exigences de l'UE ont fait adopter la LOLF, déclinée en RGPP, avec une obligation de limiter les dépenses de personnel ( tout personnel public, dont font partie les militaires), même si des économies ont été réalisées sur le fonctionnement . C'est le principe de la "fongibilité asymétrique". Ceci ne donne pas beaucoup d'espoir de revalorisation des métiers, que ce soit à l'entrée, pendant, et à la sortie. Que des jeunes puissent s'asseoir sur des conditions de traitement, de vie, par passion pour certaines armes ou régiments un peu hors du commun, ça me semble possible, mais à la marge. Pour recruter assez massivement en revanche de la main d'oeuvre qui fera les corvées dans les camps, sentinelle, sans vraie compensation, cela relève de l’illusion. Cela s'observe d'ailleurs que dans l'armée parmi les agents publics au sens très large.

Pur les réformes structurelles, ça me semble de bon sens. Le dernier paragraphe détonne un peu, ironie je pense... Biens vus s'ils courbent l'échine. Avoir été militaire peut provoquer l'effet inverse, quand on voit à le mode de vie et les valeurs qu'on a pratiquées, et qu'on voit l'exact contraire dans la vie civile. Ca peut même donner un esprit très, très critique.Las valeurs militaires dans la grande distribution, comment dire 😕... La réserve pour tout le monde, pourquoi pas, l'idée du citoyen sous les armes est proprement l'idée républicaine, née à la Révolution (inspirée des républiques antiques) . Mais alors le budget . Le modèle social se casse la figure aussi parce que, précisément, il n'est plus un modèle. L'UE veut un fonctionnement entièrement marchand, fonctionnant selon des normes supra-nationales, ce qui s'oppose totalement au système social, choix totalement national, issu en grande partie des principes du CNR en 1946. .

Oui, mais à une condition, c'est soit de les former militairement et intellectuellement pour faire une vraie carrière, soit pour la reconversion (avec des droits acquis par le service après une certaine durée, des priorités dans certains emplois, certains concours...) rentrer dans l'armée exclu du monde civil et y retourner tout aussi exclu et même plus car plus âgé, ça ne peut fonctionner.

Je suis assez d'accord avec ça, pour l'avoir vécu à la fois personnellement dans un parcours assez tortueux, et sous diverses formes par personnes interposées, famille et proches, relations, élèves etc. Les diplômes ne sont pas toujours la panacée, mais ils constituent des tickets d'entrée, qui manquent parfois cruellement. Il suffit de lire ne serait-ce que ce forum. C'est souvent assez injuste pour des gens ayant acquis de très bons niveaux dans leur domaine, ou de la culture personnelle. Des équivalences universitaires par validation des acquis de l'expérience existent pour pallier cela, mais c'est encore limité et souvent un autre parcours du combattant. On pourra toujours citer des contre-exemples, mais globalement, le tendance est effectivement bien là. L'armée de terre n'offrant aucune garantie à assez court terme, il vaut mieux partir avec des biscuits, ou acquérir une formation solide et convertible dans le civil, quitte à ne pas en avoir besoin si tout se passe bien et qu'on dure.