Il y a plusieurs problèmes distincts, j'en vois une partie par les yeux de mon fils et de certains de certains de ses camarades : l'armée a du mal à recruter, en active comme en réserve, elle y va un peu moins fort sur le physique, hormis peut-être dans certaines troupes. Je suis étonné de voir des marches de fin de formation, "fourragère" de 25 ou 30 kms, quand on en faisait le double ou le triple, appelés comme engagés. C'était aussi une époque où l'on ne prenait pas de gants avec les gens, les petits bobos n'intéressaient personne, ça gueulait fort. Les parcours du combattant amputés de certains obstacles jugés trop difficiles ou dangereux, et certains modes de passage interdits ( par exemple le passage en soleil à l'échelle de corde, ou l'éjection de la table irlandaise directe, sans passer par la phase assise) .
Il y a sans doute le principe de précaution aussi, ne pas faire peur aux gens, risquer des démissions, ne pas risquer non plus des accidents qui engageraient à payer des invalidités. Ensuite, le niveau moyen des jeunes, (je dis bien "moyen" car il y a toujours des jeunes très sportifs, et même meilleurs) est moins bon aujourd'hui, il y a de nombreuses études sérieuses là-dessus : sédentarité, écrans, nourriture, surpoids, et pour avoir côtoyé de nombreux ados, ça ne me semble pas faux du tout . Nous, dans les années 70-80, loisirs plus limités, nous passions globalement du temps, les mercredis, week-ends, soirées parfois dans les clubs de sport, sur les terrains, de même que nous lisions plus. Je vois mon fils, qui est au même âge plus grand , plus costaud que moi, va dans les salles de sport, fait plus de tractions, il court beaucoup moins bien, même ses camarades engagés, qui pour la plupart n’arrivent pas ou difficilement à 2800 m au test de Cooper. Je me rappelle que je faisais en moyenne 3200 m, parfois nettement plus, et loin d'être le meilleur, le chef adjoint de ma section, nettement plus âgé que moi, faisait 3600m.
Enfin certaines formations sont courtes, du genre trois semaines pour la réserve, donc l'armée voudrait quand même des gens un peu en forme avant de commencer vraiment. Si les formations duraient aussi longtemps que jadis les classes, deux mois, et toute cette durée sans ménagement comme nous sommes plusieurs ici à l'avoir constaté, ça changerait beaucoup la donne : les légers surpoids disparaîtraient, et un souffle minimal apparaîtrait chez des jeunes qui peinent à monter les escaliers, de manière à ensuite progresser, et pouvoir courir et marcher sans perdre la moitié de la section en route.