BTX Posté(e) 31 décembre 2024 Signaler Partager Posté(e) 31 décembre 2024 Que des militaires achètent leurs propres équipements personnels afin de remplacer ceux qui leur ont été fournis n’est pas un phénomène nouveau. Et cette pratique a toujours été plus ou moins mal vue par le commandement. Ainsi, chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] entre 2008 et 2011, le général Elrik Irastorza voulait y mettre un terme car il n’était « pas question d’avoir une armée à la Bourbaki » [du général Charles Bourbaki, dont les troupes étaient notoirement mal équipées durant la guerre de 1870, ndlr]. Mais la raison principale de cette réprobation était surtout liée aux problèmes de sécurité, les matériels acquis sur le marché civil n’ayant pas été préalablement testés pour vérifier leurs propriétés intrinsèques. Cependant, malgré le règlement, ce phénomène s’est ensuite amplifié au moment des opérations Serval et Barkhane. À l’époque, le quotidien Le Monde avait évalué à 2 500 euros la somme investie « hors circuit » par un soldat pour « s’équiper convenablement ». Cela étant, avec l’effort sur l’équipement individuel du soldat consenti par le ministère des Armées, un rapport parlementaire, publié en 2020, avait avancé que cette pratique était sur le déclin. « La qualité de l’équipement personnel ayant tendance à s’améliorer depuis une vingtaine d’années, la part de l’équipement personnel dans les matériels des soldats à tendance à décroître », avait-il constaté. Toutefois, les rapporteurs avaient déterminé, certes de façon empirique, qu’un soldat dépensait en moyenne 400 euros par an pour se procurer son propre matériel, que ce soit par confort personnel ou par souci de trouver un équipement mieux adapté à sa morphologie. Qu’en est-il actuellement ? Député des Deux-Sèvres [EPR], Bastien Marchive a posé la question, par écrit, au ministère des Armées. « Il n’apparaît pas normal qu’un équipement professionnel, nécessaire à l’exercice de missions militaires, soit laissé à la charge des soldats, amputant ainsi leur solde » alors qu’une « telle pratique pose des questions de sécurité, rien ne garantissant que les équipements acquis sur le marché civil présentent une qualité suffisante au regard des exigences réglementaires », a-t-il fait valoir. Et le parlementaire de demander si des mesures étaient envisagées « afin de mettre fin à cette pratique et d’assurer la fourniture d’un équipement adéquat aux militaires français ». Dans sa réponse, publiée au début de ce mois, le ministère des Armées a admis qu’il n’avait pas une idée précise de l’ampleur actuelle de ce phénomène, lequel reste « difficile à évaluer » Toutefois, a-t-il rappelé, « depuis les Lois de programmation militaire 2019-25 et 2024-30, les équipements individuels du combattant ont fait l’objet d’une attention particulière afin de garantir que chaque militaire dispose d’un équipement adapté et de bonne qualité ». Et l’accent a été mis sur les matériels les plus susceptibles de faire l’objet d’achats « hors circuit », comme les lunettes de combat polyvalentes, les bouchons anti-bruit, les musettes, les gants de combat compatibles avec les écrans tactiles, les vestes thermiques ou bien encore les chaussures de combat et la coutellerie. « L’existence de ces achats personnels ne traduit pas un manque d’équipements qui viendrait remettre en cause l’accomplissement de leurs missions par les militaires », a estimé le ministère des Armées. Reste que « le commandement demeure […] attentif à ce que ces pratiques, dont l’ampleur reste limitée, n’aient pas d’incidence sur la sécurité des personnels », a-t-il conclu. À vrai dire, cette pratique ne risque pas de s’éteindre de sitôt. Alors chef d’état-major des armées [CEMA], en 2018, le général François Lecointre en avait donné la raison. « Pour avoir longtemps servi dans des régiments d’infanterie, je sais que, de tout temps, les soldats ont acheté du matériel à titre personnel et je fais confiance à tous les marchands de couteaux ou de bérets commando pour venir vendre, dans les foyers des unités militaires, des nouveautés auxquelles l’intendance ou le commissariat n’aura pas pensé, si bien que les soldats dépenseront ainsi une partie de leur solde », avait-il dit, lors d’une audition parlementaire. Et d’ajouter : « C’est une constante dans la vie des militaires, et nous devons veiller à limiter cela au maximum ». https://www.opex360.com/2024/12/30/les-militaires-francais-continuent-ils-dacheter-des-equipements-individuels-sur-leurs-deniers-personnels/ Citer Ya Rab Yeshua. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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