Ouvrir le parapluie nucléaire français aux alliés du Vieux continent pour mieux fédérer les Européens ?

[BTX]

Lors de son allocution télévisée du 5 mars, Emmanuel Macron a promis un « débat stratégique » sur la protection des alliés européens par la dissuasion nucléaire de la France,  précisant toutefois que la décision d’appuyer sur le bouton resterait « entre les mains » du président français.

« Répondant à l’appel historique du futur chancelier allemand (Friedrich Merz), j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », a ainsi déclaré le chef de l’Etat français. Toutefois, « quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées », a-t-il indiqué, en réponse à des critiques de certains acteurs politiques français d’opposition.

Un peu ironiquement, la déclaration du président Macron est intervenue le 5 mars, « Journée internationale de sensibilisation au désarmement et à la non-prolifération » qui correspond à la date d’entrée en vigueur du Traité de non prolifération nucléaire (en 1970).

Pour l’ICAN qui s’est fendu dès mercredi soir d’un communiqué, le président français « vient d’apporter un coup sévère à l’architecture global de non prolifération nucléaire ».

L’ICAN, Prix Nobel de la Paix en 2017, « cette protection va être refusée par des Etats de l’Union européenne – l’Autriche, l’Irlande, Malte, Chypre – qui ont interdit tout action militaire en lien avec des armes nucléaires, car ils sont membres ou signataires du Traité d’interdiction des armes nucléaires. D’autres États européens vont devoir faire un choix : promouvoir la prolifération nucléaire ou l’éviter!

L’ICAN estime aussi qu’en » proposant à des Etats en Europe un rôle (politique, financier, potentiellement technique) dans la dissuasion nucléaire, la France engage un processus de décrédibilisation du Traité de non-prolifération nucléaire, ce qui entraînera une plus grande insécurité mondiale et un risque réel d’une prolifération nucléaire. L’inverse de ce qui est recherché ».

Enfin, « cette promotion aura pour conséquence également de normaliser les armes nucléaires, et de rendre impossible toute critique envers la Russie, la Biélorussie qui déploie des armes nucléaires russes, et la Chine. »

« L’histoire nous montre que la dissuasion nucléaire est faillible, repose sur la chance et induit une acceptation de visée des populations civiles. Ce n’est rien d‘autre que l’équivalent des lignes Maginot et Siegfried, cela ne protège pas ».

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