Asie. Alors que la tension couvait depuis des semaines, les hostilités entre Phnom Penh et Bangkok reprennent. Le ministère thaïlandais de la Santé a fait état d’au moins 11 morts.
L'EXPRESS
Par Audrey Parmentier avec AFP
Publié le 24/07/2025 à 10:32, mis à jour à 12:13
Frappe aérienne, riposte à l’artillerie… L’Asie du Sud-Est s’embrase. Des affrontements frontaliers d’une rare intensité ont opposé, ce jeudi 24 juillet, la Thaïlande et le Cambodge. Des avions thaïlandais ont visé des positions militaires cambodgiennes, tandis que Bangkok annonce un bilan de 11 morts, dont un enfant de huit ans. "Nous ferons de notre mieux pour protéger notre souveraineté", a déclaré le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai. De son côté, le gouvernement cambodgien a dénoncé une "agression militaire" et demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les deux royaumes se disputent depuis des décennies le tracé de leur frontière commune, hérité de l’Indochine française. Mais un tel niveau de violence n’avait pas été atteint depuis près de quinze ans. Le dernier épisode d’ampleur remonte aux combats autour du temple de Preah Vihear, entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils. Depuis la fin mai 2025, les tensions se sont ravivées à la suite de la mort d’un soldat cambodgien lors d’un échange de tirs dans une zone disputée surnommée le "Triangle d’émeraude". Provocations, escarmouches et représailles ont rythmé les semaines suivantes, perturbant la vie économique locale et forçant de nombreux habitants à fuir.
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Jeudi matin, une nouvelle confrontation a éclaté à proximité de temples anciens situés à la frontière entre la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle d’Oddar Meanchey, côté cambodgien. Les deux armées s’accusent mutuellement d’avoir tiré les premières. Selon Bangkok, l’incident a débuté vers 08h20 (03h20 heure française) lorsqu’un drone aurait survolé la zone contestée et que six soldats cambodgiens se seraient approchés d’une clôture barbelée. Une salve aurait alors été tirée à quelque 200 mètres d’une base thaïlandaise. La porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata, accuse pour sa part la Thaïlande d’avoir "violé l’intégrité territoriale du Cambodge en lançant une attaque armée sur les forces cambodgiennes".
Relations diplomatiques au plus bas niveau
Une frappe d’artillerie cambodgienne a touché une maison dans le district de Kap Choeng, à Surin, tuant un civil et blessant trois personnes, dont un enfant de cinq ans, selon le Bureau du Premier ministre thaïlandais. Bangkok affirme également que des roquettes ont été tirées depuis le Cambodge et que six avions F-16 ont été déployés pour frapper "deux cibles militaires au sol". Le Cambodge n'a pas communiqué de bilan à la suite de ces frappes.
Sur le plan diplomatique, le ton s’est encore durci. Jeudi, Phnom Penh a annoncé avoir rétrogradé ses relations avec la Thaïlande au "plus bas niveau". La veille, Bangkok avait rappelé son ambassadeur et expulsé le diplomate cambodgien en poste, après qu’un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine antipersonnel à la frontière.
Cet incident faisait suite à une explosion survenue le 16 juillet dans la zone de Chong Bok, où trois soldats thaïlandais avaient été grièvement blessés. Bangkok accuse Phnom Penh d’avoir récemment posé de nouvelles mines, ce que le Cambodge dément, évoquant la persistance d’engins explosifs hérités des "guerres du passé". "L’accusation est grave au vu du passé du Cambodge, où entre 4 et 6 millions de mines avaient été placées sur le territoire durant les décennies de conflit", rappelle Courrier International.
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La crise a déjà des répercussions concrètes : le Cambodge a suspendu certaines importations de produits thaïlandais, tandis que la Thaïlande restreint les passages frontaliers. Elle a aussi provoqué une onde de choc politique à Bangkok : la Première ministre Paetongtarn Shinawatra a été suspendue de ses fonctions après la fuite, côté cambodgien, d’un appel téléphonique controversé avec l’ex-dirigeant Hun Sen. Soupçonnée de manquement à l’éthique, elle attend la décision de la Cour constitutionnelle, qui pourrait la destituer.
Ce jeudi matin, Pékin s’est dit "profondément préoccupé" par cette flambée de violence et a appelé les deux pays à régler leur différend par la voie diplomatique. Fidèle à son rôle d’arbitre régional, la Chine exhorte ses partenaires à éviter une escalade aux conséquences régionales imprévisibles. Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), a lui appelé les deux pays à la "retenue", disant espérer qu'ils ouvrent des négociations.
Bonjour,
Larteguy etait ravi par ces royaumes bourrés d’éléphants avec leurs intrigues, leurs subtilités, avec le manque du sens du gouvernement en faveur du nepotisme; malgré ça la présence française etait arrivé a leur donner une acceptable administartion.
Passé ça restent les querelle sur la proprieté des temples anciens.